lundi 11 mai 2020

LE TEMPS DES CERISES...

Devant le café Billès, en attendant la nuit, la bande de maraudeurs laisse le chef aussi autoproclamé qu'élu par acclamation, faire signe de loin aux cerisiers qui se résignent (un salut aux saltimbanques, Guillaume Apollinaire)... celui de Cossé (José), de Titole, de Ferré ou Léonce sinon du propriétaire antérieur... Un panier de cerises aussi, de Trausse ou Laure, lors d'une visite à l'ami Yves dans le Minervois... Des années après, toujours la magie des burlats rubis, chez Jean-Louis à Ampuis, avec, depuis les terrasses et murets, le Rhône en bas... Plus tard encore ce tableau à Cucugnan qui rappelait trop les cerises de toujours et que je n'aurais pas dû laisser au peintre amateur venu se faire quelques sous... 
Après les fleurs, le cerisier reste le pionnier de nos fruitiers, encore du printemps ! 



Les cerises, une chanson d'amour liée à la promesse des fruits après les fleurs... A seize ans, découvrir "Le temps des cerises" par Nana Mouskouri (1967), alors qu'à la moindre bluette, on se croit réceptif au feu intérieur qui pourrait prendre :

https://www.youtube.com/watch?v=SxokBNWWkA8

"... Les belles auront la folie en tête et les amoureux du soleil au cœur...
... l'on s'en va deux cueillir en rêvant des pendants d'oreilles... pendants de corail qu'on cueille en rêvant..." 

Voilà ce qu'elle dit la chanson  au début parce qu'après, pour troubler et pas que la midinette, elle se doit d'être pathétique. L'amour heureux, tout le monde le sait, n'a pas d'histoire. Mais s'il "est bien court le temps des cerises..." et "Si vous avez peur des chagrins d'amour, évitez les belles...", comme s'il était possible de décider de ne pas aimer. Sans quoi à vous "les peines cruelles... souffrir un jour... au cœur une plaie ouverte..." pour "le souvenir que je garde au cœur". Pour un engagement que la jeunesse magnifie ? pour une amourette ?   

Et un jour parce que le prof d'Histoire plus porté sur le Paris du baron Haussmann et le préfet Poubelle que sur la résistance des Communards, n'a pas approfondi, la lutte pour plus de justice dans la société nous interpelle, la chanson de Jean-Baptiste Clément et Antoine Renard (paroles de 1866 pour le premier, musique de 1868 pour le second) se fait porteuse d'échos autrement âpres. 

Regret des jours heureux, d'autant plus heureux qu'ils sont rares pour ceux qui triment, avec du soleil, des petits oiseaux. "... Mais il est bien court le temps des cerises..." 
Amoralité de la part des exploiteurs en conséquence d'un libéralisme arbitraire, épreuve de force débouchant sur la "semaine sanglante" : "... Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang...". 

Cerises de l'année avant que les étourneaux et peut-être les corneilles ne les confisquent... les chasseurs d'Afrique ? insectivores pourtant de réputation... les merles c'est sûr, les moineaux aussi... Mais le paysan (du dimanche) a déclaré que rien ne comptait plus que leur compagnie surtout s'il est sur l'échelle et qu'ils viennent marauder sans peur et sans vergogne... La branche du haut leur est réservée, il a dit... bien joli que moi je puisse les goûter... Et puis avec la pluie continue que nous avons depuis hier même les oiseaux n'auront plus grand chose...
 
 


mercredi 6 mai 2020

LA BELLE AUDE / L'argentique d'Henri & Claude Fagedet

Carnaval, les élections, la mi-carême et le carême, la sauvageonne, Pâques et pâquette, l'Henri des faubourgs avec les premières hirondelles, le 1er avril, l'âge d'or fêté avec la blanquette de Limoux et toujours des articles de journaux, des lettres, des photos, des cassettes encore audibles, des cours en trente exemplaires sur la subordonnée ou le devoir surveillé de latin... à distribuer demain aux potaches du lycée-caserne Victor Hugo ! 

Encore la carte amoureuse d'Ernestine à Jean, loin d'imaginer qu'ils seraient un jour mamé et papé et aujourd'hui un ouvrage dédié "à la gloire du pays audois"... imprimé à Angers certes (juin 1953), mais remarquable par ses huit dizaines de photos et autant d'extraits d'auteurs dont la veine et la transcendance enrayent le chauvinisme primaire de quelques pédants ou ignares. 

Pommetée de douze pièces d'or, notre croix occitane parraine fort discrètement ce recueil remarquable. Toujours en couverture, une jeune femme drôlement coiffée. 

        
Il est mentionné au verso que la photo ainsi que la composition de la page sont de "Henry Fagedet, studio Henry, à Narbonne. Lettre de W. Landelle"   

Henry Fagedet ! Un nom connu de tout le Narbonnais ! Le studio Henry justement (on trouve aussi "Henri") ! Pour ce qui est du renom, l'ordi avantage son fils, Claude (1928-2017), trois fois médaillé d'argent au concours du meilleur ouvrier de France (le "Poulidor de Narbonne" Wikipedia). 
Photographe de presse et d'expositions, il participe à des clubs amateurs et intervient comme historien auprès de l'Académie du Temps Libre.
Parmi ses ouvrages outre Gruissan, Fontfroide, "L'Histoire de Narbonne racontée à mes filles" (2004). Parmi ses expositions et conférences, en plus de Narbonne en 1930 ou 1940, le Guatemala, les minorités du sud-ouest de la Chine et "l'Aude, un fleuve fantasque" (2010) ! 

Ce n'est qu'en troisième de couverture que la mystérieuse jeune femme de couverture se dévoile : 


réf. http://www.cabotages.fr/les-chalets-de-gruissan/  

Un autre Narbonnais à l'honneur, le docteur Paul Duplessis de Pouzilhac : 
https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1997x031x003_4/HSMx1997x031x003_4x0277.pdf