mercredi 18 décembre 2019

NADAL, NADALET, NADAU... NOËL OCCITAN (1ère partie) / Pyrénées, Piémont, Espagne, France...

Nadal, Nadalet... Hier nous parlions du Nadalet, littéralement le petit Noël. "Sounar Nadalet" c'est annoncer Noël huit jours avant en sonnant les cloches chaque jour, à la nuit.  Enfants, cela ajoutait à la magie, nous avancions la tête sous la hotte de la cheminée pour entendre carillonner.
Nadal, Nadau... pour dire "Noël". Pour tout dire, il se fait appeler Joan de Nadau. Pas plus messager que roi mage, il est porteur d'une âme occitane et de l'écouter déclamer d'abord en français des paroles ensuite chantées en béarnais a eu le don d'apaiser des inquiétudes pourtant prenantes au point de penser que pour la deuxième année consécutive, le climat social et institutionnel délétère allait prendre le pas sur les fêtes de fin d'année et avant tout celle de Noël, synonyme de retrouvailles en famille, d'amour infini, parenthèse de mysticité transcendée entre le solstice et un sauveur pour la Terre toujours présent, ou qui doit revenir... 


Jan_de_Nadau Wikimedia Commons Auteur Flo641
Joan de Nadau a anticipé sa retraite professionnelle (il était prof de maths...) pour être la parole, par l'entremise de ses chansons, de ceux qui, sans revendication séparatiste aucune, tendent seulement à exprimer que le sentiment sudiste persiste à couver sous la cendre, que l'identité culturelle demeure, primordiale, que la vie des anciens n'avait rien d'arriéré, enfin, que la survivance d'une langue n'a rien de sécessionniste.
D'ailleurs, la première chanson qui m'a accroché est une vieille chanson française venue du fond de la mémoire et que chaque accent, chacune des sensibilités diverses qui, n'en déplaise au rouleau compresseur jacobin, font la richesse de notre pays, ont pu d'autant plus faire leur que l'Histoire des gens retient les malheurs, les difficultés plutôt que les progrès.
Joan de Nadau s'est donc approprié cette chanson. Il la présente comme ayant plus de deux cents ans, rapportée par "les conscrits de Napoléon ou d'avant quand ils avaient la chance de revenir au pays une fois qu'ils avaient fait l'armée". C'est une chanson de cet amour tranquille pour celle faite pour partager les jours et donner des enfants, durable, relativement, parce que vivre vieux ce n'était pas de ce temps. Elle s'oppose à la pulsion amoureuse pour une autre, forte, vertigineuse mais sans lendemain. "... Tu penseras aux Italiennes qui sont bien plus belles que moi..."... 

 https://www.youtube.com/watch?v=5bP7SbF9yp4 ("Mon Dieu que j'en suis à mon aise"


Vallées occitanes du Piémont Wikimedia Commons Author Jfblanc

lundi 16 décembre 2019

NADALET, petit NOËL / je veux un ciel d'étoiles...


Je veux, je veux un ciel d'étoiles, 
Cristaux glacés de l'Univers qui parpélèje (1),
Un Cers (2) fou qui tord les arbres 
Et mugit dans la souche en haut,
Mestrèjant (3) du toit la tuile ronde. 

Je veux, je veux un feu dans l'âtre,
Un bouquet, un essaim d'étincelles
Que l'hiver astreint à crépiter
En soufflant en bas sur la souche, 
La braise et la cendre, gardiennes du foyer. 


Je veux, je veux calmer la flamme, 
Ne plus attiser le brandon
Au bout de la "biso" (4) qui danse. 
"Les petits ! ça fait pisser au lit", dit mamé, (5)
Brave, douce et qui nous gronde à peine. 

Sinon je voudrais tant y croire
Quand la cheminée m'écartèle
Entre le refuge et la nuit froide de décembre,
M'accrocherais-je de tout mon être
A la chaleur du feu qui couve. 

Diapo François Dedieu 1979
Je veux, je voudrais tant y croire
Au Nadalet, au carillon en haut du clocher, 
Qui promet un fils d'amour pour la Terre
Et un grand-père en bure rouge
Qui va nous combler de cadeaux. 



Mais les fumées cachent les étoiles
Comme les plastiques gâchent la mer,
En dévoilant, des hommes, les erreurs.
Et les voiles de la nuit tombent
Sur les noirceurs que les maîtres fomentent. 



Pourtant je veux, je veux y croire, 
Il n'est pas encore mort mon sapin
Et rien ne doit abroger Noël, 
Car je la veux la nuit d'étoiles, 
Etincelles glacées dans le ciel qui scintille, 

Comme quand j'y croyais, il y a soixante ans, 
Envoûté par les escarbilles brillantes
Appelées par le Cers qui tempête là-haut 
Mais porte le Nadalet des cloches, 
Le Noël des petits, l'espérance pour tous. 

Carabène.    

(1) parpéléjer : battre des paupières convulsivement. 
(2) Le Cers, petit cousin du Mistral, se renforçant le long de l'Aude d'autant plus qu'il approche de la côte. Souffle en gros d'Agde à La Franqui et pourtant injustement ignoré des chantres de la météo nationale qui encroûtent le monde avec seulement la tramontane à la bouche ! 
(3) mestréjer : racine "maître" comme dans "maîtriser"... ou encore, dominer, gouverner...   
(4) la viso, prononcée "biso" (d'où mon rapprochement avec un vent d'hiver), est un sarment... Plus il est long et plus le jeu est agréable, mais au risque de mettre le feu à la cuisine !   
(5) mamé, papé... mami, papi... grand-mère, grand-père.