mercredi 17 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO (fin) / Clovis Roques

Dans le livre du canton de Coursan (Opération Vilatges al pais / Francis Poudou et les habitants / fédération audoise Léo Lagrange / 2005), Clovis Roques fait partie, pour y être né, des écrivains et poètes de Salles-d’Aude. 
Sur les pages dédiées au village figure « Nom de Familha », un poème paru dans le numéro 134 de La Cigala Narbonesa (1929), (Roques est majoral depuis 1928).  

Francis Poudou, auteur et collecteur auprès des locaux, a voulu joindre une critique littéraire fondée due à Joan Forièr (Diccionari de la Literartura occitana audenca). 
Extraits :

« … Clovis Rocas compliguèt un trabalh remirable… » à Clermont.

Il y est relevé aussi qu’en tant que poète, « … la lenga sofrissia un bricon d’un barrejadis dialectal degut a sas originas narbonesas, son passatge à Foish e Tolosa, puèi son establiment dins l’Erau… ».
 Roques a puisé à ces sources diverses. Cette remarque, loin d’être négative quand elle affirme que le Majoral mélange les variantes dérivées d’une langue mère, doit nous faire réaliser que l’occitan que certains voudraient réunifier pour retrouver la langue des troubadours (XIème siècle) et peut-être la langue romane d’avant l’an 1000, loin d’être uniforme, est constitué d’ une mosaïque de parlers d’une même famille mais présentant des différences (expressions locales, dictons, vocabulaire…). A Lespignan, à sept kilomètres seulement de Fleury, le carnaval se fête autrement et ils disent « lou ca » et « la balajo » alors que chez nous « lou gous » et « l’engranièro » désignent respectivement le chien et le balai... Le fleuve Aude, longtemps barrière y est sûrement pour quelque chose !


Je me garderai bien d’approfondir avec l’idée que la langue unique n’aurait pas avorté sans la conquête française ! L’Occitanie fait l’objet d’ une revendication culturelle et si des facettes autonomistes ou nationalistes se font jour, la responsabilité en incombe au jacobinisme exacerbé et méprisant de Paris, digne héritière des barons du Nord en croisade… 


Holà ! ne nous égarons pas ! 
Laissez-moi seulement  retrouver la langue des anciens et avant tout de mes aïeux, parce qu’elles font mon identité. Laissez-moi le plaisir d’entendre  ces parlers proches de l’Hérault, de l’Ariège, du Tarn et même d’une Gascogne ou d’un Cantal plus éloignés mais qui restent de notre cousinage au même titre que le catalan, soit dit en passant… Même la chanson de l'EDF de Caussade, par les Chevaliers du Fiel trouve grâce à mes oreilles si on l'entend par là !
Avant tout ne pas rester enfermé dans un pré carré mais cultiver son terroir en tant que tremplin vers les autres… S’il doit y avoir une dimension « occitane », qu’elle soit celle-là ! 

Fin du conte de Noël ariégeois... les traductions s'en font encore attendre... 



mardi 16 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO III / Clovis Roques, un conte en occitan (suite)

Un article du Midi-Libre datant de 2022 jours, am aco sios pla avansat… mais ils ont de ces idées sur internet ! Donc a visto de nas voilà un peu moins de six ans, le journal fait écho à la ville de Clermont-l’Hérault qui honore Clovis Roques (1876-1958), ancien habitant de la  rue des Calquières où il s'installa en 1919.


Clovis Roques, né le 4 septembre 1876 à Salles d’Aude, étudia les beaux-arts à Toulouse. Lieutenant dans le génie en 1914 – 1918, il participa aussi à la Campagne de France (1939 – 1940). Il est à l’origine de la création de la Forêt des Félibres en hommage aux hommes de lettres du Sud morts pour la France durant la Grande Guerre.

En 1919, il se fixe à Clermont-l’Hérault où il est peintre-vitrier. On lui doit les fresques malheureusement disparues de l’ancien Théâtre Municipal (il reste de belles peintures murales chez les particuliers).


Majoral des Félibres, il pratiquait et écrivait en languedocien avec beaucoup de naturel. Il nous a laissé « Lo que cercaba lo bonur », « Nadal d’Ariéjo » ainsi qu’une ode à Mistral. Très actif, il créa l’Escola Peyrottas en 1928, ce qui permit de réunir les Félibres à l’occasion des fêtes de la Sainte Estelle en 1935 et 1952. On lui doit aussi la création du Syndicat d’Initiatives.


Reconnaissante (1), sa petite ville a posé une stèle avec, sculpté, son portrait dans le bronze.


« E se jautet de ce que brilha. Aimet Clermount é sa familha. »

« Il se moquait de ce qui brille. Il aimait Clermont et sa famille.



(1) Est-il passé par l’Ariège avant la guerre ?

(2) il semblerait que ce ne soit plus le cas : rien à propos de Clovis Roques sur le site de la mairie ou encore sur wikipedia