Les petits ruisseaux font les grandes rivières...
Pont sur l'Aude Alet-les-Bains Wikimedia Commons Auteur Graziephile |
A partir de l’Étroit d’Alet, laissant au levant les derniers
escarpements remarqués des Corbières (802-804 m.), la vallée s’ouvre désormais
avec le bassin de Limoux. L’Aude y reçoit à droite le Saint-Polycarpe, les ruisseaux de Marceille, de Bouziers, à
gauche, les ruisseaux de la Corneilla, des Lagagnous ou des Gours au nom plus
long que le cours, le Cougain (« g » à la fin sur Geoportail et
Wikipedia).
Le Cougain ? Oui, la rivière qui passe à La-Digne-d’Amont puis à
La-Digne-d’Aval comme de bien entendu ! D’une chose à l’autre et parce que
la tradition orale du village qu’il vaut mieux écrire un jour, passe par ces
anecdotes qui reviennent lors des repas de famille. Justement, celle de Paul,
surnommé Pitche, que les Pérignanais (habitants de Fleury-d’Aude) d’un âge
certain ont bien connu, même qu’aux beaux jours, on allait au spectacle sous sa
fenêtre, quand ils s’agantaient, avec sa femme, suite à leurs beuveries !
« … Paul M.[1] aimait raconter qu’une fois, à moto avec
Germain H., son père adoptif, comme passager, ils sont vite partis de la
Digne-d’Amont. A la Digne-d’Aval, guère plus d’un kilomètre plus loin, Germain
perd la casquette. « Tant pis, intervient Paul, nous n’avons pas le
temps ! ». La moto ronfle, les virages défilent, Germain perd le
cache-nez. « Tant pis, nous sommes pressés ! », telle fut la
version défendue par Paul Molveau, soutenant, mort et fort, ne pas s’être
arrêté… »
Pages de vie à Fleury-d’Aude II /
Caboujolette / 2008 / François Dedieu (1922-2017)
Affluent encore de la rive gauche de l’Aude dans ce bassin de Limoux, le
Sou que la rigolade, vue la mine déconfite de Germain perdant casquette et
cache-nez, allait nous faire oublier.
Le Sou ? homonyme de l’affluent de l’Orbieu, Sou de Laroque ou de
Vignevieille arrosant Termes ? Le Sou, comme l’Alsou, dit encore le Sou,
rivière emblématique (avec la Bretonne et le Ruisseau des Mattes) du Val de
Dagne, entre le Plateau de Lacamp, les hauteurs ultimes, vers le nord, des
Corbières occidentales, encore affluent de l’Orbieu à Lagrasse ? Le Sou du
Val de Daigne du Razès, en doublon donc du Val de Diane, du Val de Dagne précédemment
cité, pays de naissance de Joseph Delteil (1894-1978) fils d’un bûcheron
charbonnier et d’une mère « buissonnière ». Delteil[2] parlera d’une deuxième naissance à Pieusse
où ce Sou du Val de Daigne veut bien rallier l’Aude… Décidément tout n’est que
coïncidences !
Pieusse Aude maison de Joseph Delteil Wikimedia Commons Author Pinpin |
[1]
« Fils de Tué », une autre
expression liée à la Grande Guerre, avec « Les gueules
Cassées » et « Les moins de 20
ans » par exemple.
[2]
Son père achète, à Pieusse, une parcelle de vigne, en 1898. « … C’est là,
dira Delteil, son « village natal », au cœur du terroir de la
Blanquette de Limoux, « où le paysage s’élargit, où
l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français. » Il y
demeure jusqu’à son certificat d’étude (1907)… » Source Wikipedia.