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mercredi 14 mai 2025

La MONTAGNE NOIRE. André DAVID (1)

La Montagne_Noire sur la carte du Massif Central  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Technob 105

Accrochée au Massif Central1 pour en être la pointe extrême du rebord oriental (longtemps appelé Cévennes), soulevé par les Alpes et ici par les Pyrénées, elle fait de l’Aude le second département sur deux systèmes montagneux2. Cette approche valait-elle de figurer dans le ressenti subjectif de ce quadrant Sud-Sud-Ouest de mon ancrage ? Jusque là, pas particulièrement. Il y a fallu encore un hasard, une coïncidence, une opportunité, que dire encore, un accident heureux dans l’exploration de l’intimité intellectuelle de mon père… une prospection qui hélas ne peut se conduire que post mortem, avec une dérangeante sensation de légiste sinon de découvreur de trésors autour d’une momie... 




C’est une large armoire plutôt pas sculptée comme le buffet d’Arthur Rimbaud, bien qu’elle ait aussi de lourdes portes à glaces ; mon père ne me les a jamais ouvertes. Néanmoins, les années filant, s’il m’est arrivé de l’ouvrir en passant, cette fois j’ai tourné la clé avec une impatience de découvreur… une caverne d’Ali Baba, deux, voire trois rangs de livres parfois avec celui caché par ceux devant ! 500 peut-être 600 ouvrages dont une collection d’une grosse centaine d’exemplaires, soigneusement recouverts de ce papier bleu d’une bibliothèque de classe primaire, aux étiquettes méticuleusement collées, bien droites tant sur le plat de devant que sur le dos, un soin des plus pratiques permettant de savoir le titre sans avoir à sortir l’objet de l’alignement. 


et toujours impeccable 84 ans plus tard... 


N° 102 André David, LA MONTAGNE NOIRE… 1941, la date, ne correspond pas à 1924, année d’édition.

André DAVID passe les grandes vacances de 1913 à courir la Montagne Noire, à noter sur un calepin, à dessiner, à prendre des photos. L’hiver qui suit, il complète sa quête dans les archives et bibliothèques. Profitant des trois semaines à Pâques, il finalise un travail remarquable même pour les parties seulement résumées.

Hélas, en regard des plus de deux millions de morts et disparus français, André, né en 1893, est tué le 8 mars 1915 dans sa vingt-deuxième année, sur le front des Vosges. Je ne pouvais ne pas ouvrir cet énième tiroir qu’il serait indécent de trouver digressif… Accompagnant chacun de nous, c’est tout un bataillon apparemment disparate qui va nous accompagner et enfler au fil des âges jusqu’à partir avec nous, possiblement transmis ou sombrant pour un temps sinon à jamais… Me concernant, c’est l’histoire de mes grands-pères et même d’un arrière-grand-oncle en bas de l'Hartmannswillerkopf. Une transmission amorcée par le géniteur avec, pour le descendant, la clause morale, la responsabilité d’apporter sa pierre sinon, a minima, de passer le relais… L’armoire, on dirait, du noyer « Très vieux… » tel le chêne du buffet à Rimbaud, et « qui a pris cet air si bon des vieilles gens… », enfin, cet air si bon et complice de papa, pas vieux du tout pour avoir gardé un allant vital constant que seul un traquenard du destin sut mettre à bas, à quatre-vingt-quinze ans passés. (à suivre) 

1 Défini en tant que « Groupe de hautes terres » par le géographe Paul Vidal de la Blache (1845-1918), natif de Pézenas et qui le nomma « Massif Central ».

2 Le premier étant le Haut-Rhin, à cheval sur les Vosges et le Jura.