vendredi 29 décembre 2023

SUR LA ROUTE DE MADISON (1)

Dans les créations qui obligent à l'introspection. A-t-on ? Aurait-on ? Serait-on passé à côté d'un amour comparable ? Une passion de cet ordre est-elle venue un jour perturber ce qu'une vie ordinaire a de routinier ? Dans un autre ordre d'idée se pose une réflexion sur le vivre ensemble : le ressentiment sur une insécurité réelle sinon plus documentée qu'avant verrait-il, de nos jours, une femme parler puis partir dans la voiture d'un inconnu ? Dans un deuxième temps, se pose la sempiternelle question sur la morale et le naturel abhorré tant l'humain veut s'extraire du déterminisme, de l'instinct animal au sein de ce qui est pourtant le besoin de procréer... Et pour finir, en conclusion, si de ressentir un certain bonheur tant que nous pouvons accompagner, sans trop de mal pour nos proches et nous, la fuite des jours, permettait d'avancer positivement dans la vie ? 

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« Tu sais, je l'ai vu le film que tu évoquais, un brin cassant, avec la photo du couple Streep-Eastwood, comme si c'était une tare de ne pas le connaître. Au début, je te dis franchement, cette Amérique profonde m'a agacé, comme toujours, avant que l'histoire d'amour ne me retienne, parce que partagée, parce qu'occidentale, parce que je ne sais rien de ce sentiment dans les autres cultures, traditionnelles, en Asie, en Afrique... ou encore chez les Inuit, les Indiens dont ceux d'Amazonie... J'ai aussi pensé, non sans regrets vu ce qui se passe en ce moment, à Docteur Jivago (1965) ; 

Trailer Doctor_Zhivago (film de 1965),Yuri_Zhivago (Omar Sharif 1932-2015) and_Lara (Julie Christie 1940) Author Trailer screenshot (Freddie Young) 


Sur la Route de Madison (1995) est à mettre au même niveau, au plus haut du genre. Désolé pour mon inculture mais, spontanément, hormis Out of Africa (1985), encore avec Meryl Streep, assurément une actrice hors pair, et, dans une moindre mesure, Les Oiseaux se Cachent pour Mourir (1983) vu que le thème principal est le célibat des prêtres et que sur la forme, une série de huit heures ne peut que multiplier les personnages se succédant dans le temps, diluant de leur nombre dans un effet antinomique la passion amoureuse qui se doit d'être intense et dense... Quant au titre en français, il n'est qu'une interprétation plus que relative de l'anglais « The Thorn Birds » qui se réfèrerait plutôt au lien épine-oiseau, pourquoi pas à la pie grièche qui empale ses proies sur des épines ? (mais ce n'est encore qu'une autre interprétation de ma part). 

« Sur la Route de Madison », une histoire d'amour, d'attirance trop forte faussement innocente : une femme qui se propose d'accompagner un inconnu dans sa voiture révèle le désir qu'elle ressent, c'est aussi vrai fin 2023 que dans les années 60 sauf qu'aujourd'hui s'ajoute la dimension insécuritaire ; l'homme, reporter photographe, pas plus naïf, tout solitaire endurci qu'il se croit être, sait d'emblée qu'une probabilité de séduction est offerte. Et si, par convention, leur connivence affirme qu'il n'y a aucun mal à cela, elle laisse comprendre aussi que la possibilité de se laisser aller à se faire du bien est ouverte... 
Et nous, en tant que témoins, en tant que voyeurs, à regarder poindre cette passion, notre constat n'est pas celui d'un accusateur, nous ne sommes pas en situation de les accabler. Ceux qui réprouvent et condamnent sont libres de changer de canal, et au cinéma, entrer voir le film dans une salle de cinéma en connaissance de cause, exprime déjà une empathie à l'égard de ce type de liaison amoureuse. 
Qu'est-ce que la vie ? un long fleuve tranquille ? régulier ? ou au débit coupé par la sécheresse, débordé par une ou des crues imprévisibles ? On peut ou non les envier... ce n'est qu'une question de psychologie, de mentalité, de façon de considérer la vie : le train-train, la routine, la tranquillité, est-ce appréciable ? (à suivre)

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