De gauche à droite, mes grands-parents Ernestine et Jean Dedieu, Céline et Noé Andrieu (grand-oncle) Photo François Dedieu. |
Papa raconte que la bonne humeur est de mise, on rit beaucoup, on chante aussi dans les vignes. Les mains sur les reins, les vendangeurs se redressent pour honorer et applaudir un morceau plébiscité du répertoire familial, comme au dessert d’un menu de fête. On n'est pas à la pièce !
L’oncle Noé se fait prier avant d’entonner
« Michaëla », l’histoire d’Antonio le pêcheur, éperdu d’amour mais pour
qui tout s’écroule en un instant…
Entre pudicité et réserve, les
grands, qui, pour parler entre adultes, permettent de se lever de table,
manière de ménager les chastes oreilles en envoyant les enfants jouer dehors, lèvent
aussi un coin du voile au détour d’un couplet égrillard ou sensuel.
La mémoire retient :
« … Quelques paroles (j’ignore la
suite) de Michaëla (et non Manuela,
premier succès de Julio Iglesias).
« … Quel est donc ce billet
Entre tes seins caché
Michaëla ?
Et, pâle de fureur,
Antonio le pécheur
LUT
ce mot
Qui lui brisa le cœur :
« Michaëla la brune,
Ce soir au clair de lune,
Comme par le passé,
Nous irons nous griser
De baisers… »
(Pages de vie à Fleury-d’Aude / p. 296-297 / Caboujolette
/ 2008 / François Dedieu)
Ce pigeonnant balconnet que nous
ne saurions voir ferait-il venir de coupables pensées aux tartuffes ? Non,
non ! Chez l’oncle Noé, comme de bien entendu, c’est la diction très
personnelle qui doit attirer l’attention lorsqu’il prononce « LUT ce mot »
comme il le ferait pour le luth, l’instrument !
Quant à la chanson, de quand
date-t-elle ? Qui sont son ou ses auteurs ? Par qui a-t-elle été
créée ? Mystère… Il y a bien quelques demandes, quelques bribes sur les
forums mais la piste se perd vite. A long terme, néanmoins, à l’occasion d’une
nouvelle tentative, on peut trouver.
Et s’il n’est pas possible d’entendre
la chanson, et si l’oncle n’a pas eu l’opportunité de nous dire d’où il la
tenait, nous en savons désormais d’autant plus, qu’avec la partition, la
mélodie ne tient plus du secret :
https://www.partitionsdechansons.com/pdf/15911/F.L.-Benech-Leo-Daniderff-Micaella-Mia.html
Micaëlla mia, chanson napolitaine
1910, paroles F.L. Benech / musique Léo
Daniderff,
Bonsoir
Micaëlla jolie,
Comment,
n'es-tu pas endormie ?
-
Pour te voir en secret,
Comme
maman dormait,
Antonio,
ce soir, je suis sortie !
Sur
la mer la nuit est plus belle,
Partons
tous deux dans ma nacelle »
Et
sur le flot berceur,
Antonio
le pêcheur
Dit
bientôt à l'élue de son cœur :
REFRAIN :
«
Micaëlla ma brune,
Ce
soir au clair de lune,
Viens
avec moi comme aux beaux jours passés,
Te
griser
De
baisers !
Tu
m'as juré, ma mie,
De
m'aimer pour la vie,
Moi
je t'adore
Bien
plus encore
Micaëlla
mia !
Mais
en la prenant par la taille
Antonio
tout à coup tressaille
« Quel
est donc ce papier entre tes seins cachés ? »
Compromettant,
ce papier ? Alors c’est qu’elle n'a pas d'idée, Micaëlla !
Allons
ne gâchons pas le sentimental de la chose, le romantisme tournant à l’aigre, au
drame peut-être, parce qu’Antonio, qu’il soit napolitain, calabrais ou corse ou
encore de Castille, languedocien voire catalan... a le sang vif, chaud, exotique et méditerranéen…
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