Pourquoi n’ont-ils pas dit « réforme des rythmes de l’enfant » ? Certainement parce que cela aurait mis en lumière un fond idéologique pouvant être perçu comme irrecevable, un bonapartisme déjà puant. Pourquoi se retenir de le dire ainsi quand une réforme portant sur l’école ne dit rien des enseignants comme des enseignements tout en effaçant complètement les parents. N’est-ce pas la négation de la citoyenneté et des germes de totalitarisme à l’horizon ? Et peut-on s’empêcher de mettre en perspective l’encadrement de la jeunesse tel qu’il fut pratiqué par des régimes tristement connus ?
Dans l’intitulé même de la réforme l’emploi de l’adjectif « scolaires » est abusif puisque tout concerne le péri ou l’extra-scolaire. Et quand les adeptes de la réforme argumentent, ce ne sont vraiment que des lapalissades et des arguties démagogiques qu’ils avancent.
Faute d’avoir sous la main l’évaluation de la réforme gardée sous le coude jusqu’aux élections (n’est-ce pas déjà l’aveu d’un échec ?), attardons nous d'abord sur l’évaluation faite par la ville de Nantes dès le printemps 2014, puis celle des inspecteurs généraux (2015), et la mention de l’avis des professeurs des écoles aussi court que net et arrêté.
NANTES la ville d’Ayrault vous convainc-t-elle ?
114 pages (1) dont la conclusion sur l’évaluation de la réforme à Nantes, une ville acquise aux chambardements gouvernementaux... du blabla, du vent ! 114 pages pour ça :
«... * Les expériences engagées montrent une bonne dynamique d’acteurs et doivent être prolongées.
* Ce n’est pas tant l’organisation horaire en elle-même qui apporte une plus-value que la dynamique de projet partagé. La réforme fait plus sens pour les personnes impliquées dans de tels projets.
* L’organisation est très lourde à gérer.
* La plupart des problématiques évoquées ci-dessus (coordination, information, locaux, etc) ne sont pas propres aux écoles expérimentales, mais ces dernières ont pu proposer des réponses intéressantes pour les résoudre.
* D’autres écoles ont construit des projets tout aussi intéressants mais qui ne suivent pas le schéma « expérimental » (ex : Ledru Rollin, Garennes).
* Le temps expérimental n’est pas une réponse en lui-même à la question du rythme. Il doit être intégré dans une réflexion plus large sur le rythme pour ne pas succomber à une forme « d’activisme » comme ce fut le cas dans certaines écoles. (????? NDLR)
* Dans la mesure où le schéma expérimental permet de toucher la plupart des enfants sur un temps d’activité précis, il constitue un levier particulièrement intéressant à mobiliser dans le cas des écoles en éducation prioritaire...»(????? NDLR)
En 2015, rapport de l’Inspection Générale à la ministre « Efficacité pédagogique de la réforme des rythmes scolaires »
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/41/0/2015-042_efficacite_pedagogique_de_la_reforme_des_rythmes_scolaires_494410.pdf
« ... * ... la cinquième matinée est appréciée pour les possibilités qu’elle offre sur le plan pédagogique. Des interrogations se posent néanmoins sur l’alourdissement des semaines des enfants et parfois aussi sur l’accroissement de la complexité de leurs journées.
* Concernant l’école maternelle, la réorganisation des après-midi, plus courtes qu’auparavant, a réduit les temps d’apprentissages après la pause méridienne. Cette réduction affaiblit le bénéfice de la matinée supplémentaire. Pour les petites sections, le bilan semble un peu plus positif, sous réserve de la réelle fréquentation scolaire de cette cinquième matinée.
* À l’école élémentaire, la réorganisation des enseignements semble avoir surtout bénéficié au français et aux mathématiques, qui étaient déjà favorisés dans les répartitions horaires et qui se repositionnent majoritairement sur les cinq matinées. Les sciences, les arts et surtout l’éducation physique et sportive apparaissent, un peu plus encore qu’auparavant, en danger. (évaluation en interne des impacts dont les parents n'avaient pas à être informés, semble-t-il).
* Les taux d’absence enfin inquiètent, surtout en maternelle, surtout le samedi, et peut-être
– mais cela doit être vérifié –- en éducation prioritaire... »
Rien de bien convainquant et deux points assez incompréhensibles puisque, entre les Projets Educatifs Territoriaux, étrangement "acronymés" "PEDT" parce que justement il ne vont pas péter loin, et le travail scolaire, les inspecteurs notent (entre parenthèses, rien d’original) :
«... – assurer l’aide au travail personnel, pour tous les enfants, durant le temps scolaire ;
– offrir à de petits groupes d'élèves, après le temps de classe, des activités pédagogiques complémentaires ; ...»
Quant à nous faire prendre des vessies pour des lanternes en affirmant que 60 heures d’aide personnalisée (AP de 2008) au bénéfice des élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages valent moins que les 36 heures d’activités pédagogiques complémentaires (APC) instituées en 2013, c’est vraiment nous prendre pour des imbéciles... ce qui correspond bien au mépris « démocratique » que des membres d’une corporation d’experts dits "fonctionnaires" porte au peuple.
Un point de sincérité néanmoins de leur part :
«... On ne peut réfuter cette fatigue, tant elle est souvent rapportée. Et quand bien même il semblerait hasardeux de l’attribuer directement à la nouvelle organisation du temps scolaire, il est un fait que le constat de cette fatigue est vécu sur le terrain comme un signe d’échec – provisoire, on peut l’espérer – de l’ambition de mieux penser le temps global de l’enfant... »
12 mai 2016.
98 % des 800 professeurs des écoles parisiens sondés par le SNUipp-FSU-Paris, fer de lance de la contestation des nouveaux rythmes, estiment que les « objectifs ne sont pas atteints ». « Les élèves sont plus fatigués, moins disponibles pour les apprentissages. Leur comportement s’est dégradé »
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2016/05/12/reforme-des-rythmes-scolaires-a-quand-l-evaluation-promise-par-le-gouvernement_4918332_1473685.html#JCtvaHrk4io4GShH.99
prévu dans les Macronades à venir :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/04/28042017Article636289619490038685.aspx
«... Dès l'été 2017, un décret devrait donner aux communes la possibilité d'appliquer ou non la réforme des rythmes scolaires. Elles pourront décider de revenir à la semaine de 4 jours ou non. Elles pourront aussi maintenir ou supprimer les activités périscolaires. E Macron tire un trait sur une des réformes les plus importantes et les plus contestées du quinquennat. Les aides aux communes pour financer le périscolaire seront maintenues jusqu'en 2019. Après elles seront réservées aux communes pauvres pour les aider à payer le périscolaire... »
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