samedi 20 mars 2021

L’abbé Joseph GIRY, Nissan-lez-Ensérune (2) / nos voisins nissanots !

 
Spéléologue : à 13 ans déjà, il explore des grottes. Plus tard il est membre du spéléo-club de la Montagne Noire et de l’Espinouse ainsi que du Spéléo Club de France. 
 
La Devèze Courniou Grotte_de_roquebleue wikimedia commons Author matthias loiseau

* En 1929, à Courniou, dans la grotte de La Devèze, il découvre les plus belles galeries ainsi qu’une magnifique salle couverte de concrétions. En 2002, une plaque lui rendant hommage a été inaugurée dans la grotte. 

Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) Source du Jaur wikimedia commons Author GilPe

* L’abbé a participé aussi à l’exploration des sources du Jaur à Saint-Pons-de-Thomières (réseau de galeries et de plans d’eau).

* A la Vacquerie (grotte de Maurous) il trouve des vases et des jarres de l’âge du bronze.


Archéologue :  

Lodève_Musée_Stèles_discoïdales_d'Usclas_du_Bosc wikimedia commons Author Henri Moreau

 

* fouilleur et inventeur de la nécropole d’Usclas-du-Bosc (54 stèles tombales discoïdales «données au musée de Lodève... la municipalité dirait plutôt «confiées» par souci de conservation. Des moulages de quelques unes figurent dans le cimetière d’Usclas.

* découvreur de la nécropole Saint-Julien (Pézenas) (210 tombes étrusques). 

La plaine de l'Aude depuis la "colline de Vivios" / Au fond La Clape et le village de Fleury.

* acquéreur de la vigne de Vivios à Lespignan pour les bases de la villa romaine qui s’y trouvent «un ensemble important et intéressant qui pourrait être un port» (sur le rebord de la plaine de l’Aude) (il répertoria 62 autres villas romaines) . 

Chapelle_de_Centeilles Siran wikimedia commons Author ArnoLagrange

* acquéreur de la chapelle à murs peints de Centeilles transformée en bergerie (Siran)(donnée en 1961 à l’association diocésaine). 

Abbaye Sainte-Marie de Fontcaude wikimedia commons Author Fagairolles 34

* acquéreur en 1958 de l’abbaye de Fontcaude auprès des onze propriétaires, ensuite restaurée et dotée d’orgues puis donnée aux «Amis de Fontcaude».

* empêche la destruction de la chapelle wisigothique Saint-Vincent-de-Savignac (Cazouls-les-Béziers) et en sauve plus d’une vingtaine.

* participe à la prospection de Fontlaurès, autre colline forte préromaine au nord de Narbonne.

* crée un musée archéologique, un musée d’art sacré, lègue aux villes de Nissan et Béziers. 

Nissan Chapelle_Saint-Christol wikimedia commons Author Tylwyth Eldar

* sauve et restaure la chapelle Saint-Cristol, aussi appréciée que sa situation dominant la zone humide de La Matte, autre épanchoir du trop-plein des crues de l’Aude (si vous avez lu jusque là, je peux vous dire qu’on y trouve des jonquilles du côté de la Muscade... Côté Nissan de cette zone humide, «Cantogragnotos», en entend-on seulement aujourd’hui... encore un nom de lieu qui chante... c’est le cas de le dire...).

Dans son discours de réception à l’Académie des Sciences et Lettres, éloge à l’abbé Giry, son prédécesseur au fauteuil 15, Jean Billiémaz a cru bon de noter «... Il eut comme tout homme d’action ses détracteurs, ses médisants, et ses jaloux. Il s’en étonnait parfois. Cela le peinait beaucoup mais sa miséricorde l’emportait...» C’était faire bien trop d’honneur à ces grincheux qui ne nous firent point l’honneur d’apprécier leurs noms, de ceux, certainement,de la caste des esprits bornés, petits de traiter un homme de culture formidable, d’archéologue amateur.

Ce billet n’aurait pas été possible sans le concours d’immigrés nissanots à Fleury... c’est vrai qu’aujourd’hui je n’ai plus l’âge de leur reprocher de venir marier nos filles... Plus sérieusement, c’est aussi amicalement que spontanément qu’ils m’ont transmis le n° 53 (2002) des Amis de Nissan, si actifs depuis 1945 malgré une faiblesse pour informatiser des données si attendues au-delà de leur territoire.

* les photos de l'abbé empruntées pour l'article proviennent aussi de ce numéro 53. 


 

jeudi 18 mars 2021

"NISSA d'AUSSERUNA", NISSAN-lez-ENSERUNE (1)... nos voisins Nissanots

Nissa d'Ausseruno, pour nos voisins Nissanots, quel joli nom de village mais même Nissan-lez-Ensérune, en français, ça en jette ! Le territoire communal en touche dix autres par, hors Poilhes, Montady et Colombiers, un quintipoint (Capestang, Montels, Cuxac-d'Aude, Coursan, Nissan) et, au sud-est, un quadripoint (Lespignan, Fleury, Salles, Nissan) ! 

Nissan lez Ensérune / Moulin / wikimedia commons / Author Toutaitanous / N'est-ce pas le moulin de Maître Cornille ? Parce qu'on dit que certaines meules broyaient aussi du calcaire pour obtenir de la chaux ensuite... il n'y avait pas qu'un produit aussi noble que le blé à moudre...
 
 

Entre Orb et Aude, un village "niché dans un terroir de collines tertiaires" (les rédacteurs de Wikipedia font parfois preuve d'un joli lyrisme). Au nord, avec le site remarquable d'Ensérune, elles affichent entre 5 et 22 millions d'années (miocène) ; au sud, c'est entre 23 et 34 millions d'années (oligocène) qu'une argile rouge s'est formée pour les potiers et tuiliers, encore au XIXe (1). Il y avait bien une bergerie en montant au four à chaux, par le raccourci pour Salles-d'Aude, mais je vous parle d'un temps... existe-t-elle encore alors que de nos jours, à la place des moutons qui ne les mangent plus, ce sont des troupeaux de pins qui ont envahi les collines ? 

La colline d'Ensérune. Elle n'a de romain que son appellation d'oppidum ; venus avant, les Celtes disaient "dunon"... et on ne peut que se poser la question pour les influences antérieures, hellènes, ibères, ligures... La conquête romaine clôt donc la controverse de façon insatisfaisante en mettant fin à la civilisation des "oppidums-oppida", un siècle avant notre ère environ (2). Tout comme celles de Pech Maho (Sigean), Montlaurès (Narbonne), La Moulinasse (Salles-d'Aude), cette position défensive offrait aux Elysiques une protection relative contre des assaillants. 

En haut, dominant la plaine et l’Étang de Capestang, des silos en nombre, pour des réserves ou de l'eau, creusés dans la pierre tendre ; des tessons de poteries, des vases, des armes, des pièces de monnaies ; les vestiges d'une cité gréco-ibérique rappelant celles de la côte catalane. Parmi les archéologues l'abbé Louis Sigal (1877 Narbonne - 1945 Cuxac-d'Aude) qui a notamment contribué aux recherches dans sa ville natale, a noté "l'emprise politique, économique, intellectuelle des pays ibériques" sur l'acropole languedocienne de Nissan. 

Sur cent-cinquante ans, le site est marqué par la quête aussi passionnée qu'altruiste de trois abbés, Alexandre Giniès, curé de Montady, qui fouille entre 1843 et 1860, Louis Sigal déjà cité et plus proche de nous, Joseph Giry (Nissan 1905 - Béziers 2002).

Grand comme un seconde ligne au rugby, l'abbé Giry, inlassable archéologue, spéléologue, écrivain, n'arrêtait pas de sillonner la région au volant de sa 2 chevaux. Son enthousiasme le poussait même à faire le guide pour une visite inoubliable du site (relevé par Le Routard) ! On le connait plus pour sa protection totalement désintéressée du patrimoine qu'en tant que chanoine de la cathédrale Saint Nazaire. C'est lui qui acheta puis donna à l’État  les ruines de la villa romaine Vivios à Lespignan, lui encore, qui acquit auprès de onze propriétaires différents, les ruines de l'abbaye romane de Fontcaude pour la restaurer, la doter de grandes orgues avant de passer le relais aux "Amis de Fontcaude". L'église Saint-Saturnin  lui doit aussi beaucoup pour les œuvres d'art et encore de grandes orgues aussi historiques que remarquables. 

Nissan-lez-Enserune église St-Saturnin wikimedia commons Author Fagairolles 34

Lui succédant au fauteuil 15 de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Jean Billiémaz pointa dans l'éloge à l'abbé Giry : 

"...vers la connaissance de l’Homme, l’Homme dans la vie d’hier et d’aujourd’hui, l’Homme dans sa vie familiale, sociale, dans la cité, l’Homme dans les objets, les ruines datant des différentes civilisations et cultures, que le Languedoc a vu défiler..." 

 (Jean Billiémaz, discours de réception à la succession de l'abbé Giry / fauteuil 15 / 27 mars 2006).

(1) la mairie récupère les tuiles hors d'usage pour la réfection des chemins communaux...  

(2) Extrait de l'article " Des pistes pour la partie enterrée du dernier affluent." avril 2019 : "... Devons-nous toujours rester conditionnés par un cheminement culturel contraint et limité aux racines romaines et grecques ? Il n’y avait donc personne avant les Hellènes et les Latins ? Pour quelles mauvaises raisons l’évocation des Elisyques, ce peuple des oppida dit "petit" (doxa partiale oblige) dont l‘existence a pourtant perduré du Premier Âge du Fer à la conquête romaine (4), ne reste-t-elle que confidentielle ? Ils étaient pourtant à Sigean (Pech Maho), à Peyriac-de-Mer (Le Moulin), à l’oppidum de Montlaurès (Narbonne, ville importante, riche et brillante bien avant la conquête des légions !), à celui d'Ensérune (Nissan) et au site de la Moulinasse, pas plus loin que Salles-d’Aude !..."