mercredi 3 juin 2020

PARTIR (3) ALCANTARA ! La ligne pour l'Amérique du Sud.

Gare transatlantique Cherbourg 2012 wikimedia commons Author Mr Oucho

Gare maritime Cherbourg, salle des pas perdus  wikimedia commons Author Haguard DuNord (talk)

Gare Maritime Cherbourg wikimedia commons Author de Couville

La Gare Transatlantique de Cherbourg : des proportions impressionnantes ! A l'origine, une halle des trains de 240 mètres, à l'intérieur une salle des pas perdus aussi impressionnante sur laquelle s'ouvraient les bureaux des compagnies, les boutiques, le service des douanes, le grand salon. Tout le long du quai de France, sur près de 500 mètres, la galerie d'embarquement permettait de monter à bord grâce aux grosses passerelles mobiles, sur rail, couvertes aussi.

En juin 1944, onze ans après l'inauguration, les Allemands font sauter une partie de la gare dont le campanile qui ne sera pas reconstruit.

Inaugurée à nouveau le 22 mai 1952, la gare Transatlantique retrouve sa superbe, nombre de passagers et de célébrités. Jusqu'en 1960, le Queen Mary et le Queen Elisabeth font escale tous les quinze jours ainsi que des paquebots de taille plus modeste mais toujours de ligne comme le Royal Mail Liner Alcantara, en opposition aux navires de croisière. 

ALCANTARA liner at sea 1928 wikimedia commons Author Kenneth Shoesmith... Quand il avait ses deux cheminées...




"Le lundi 1er juin 1953.
Bien chers Parents...
/... et à 5 heures du soir nous avons levé l'ancre. Le bateau était tiré par deux remorqueurs "Abeille". Bientôt on a entendu le ronronnement des machines et le magnifique port maritime de Cherbourg s'est éloigné avec le Cotentin. On distinguait les champs et les prés verts comme des petits carrés..."

Pas moyen d'avoir les noms et photos de ces remorqueurs. 

CHEMIN FAISANT / Jacques Lacarrière

"Chemin faisant", encore un de ces livres qui font en vous leur petit bonhomme de chemin et vous marquent pour longtemps.

" Rien ne me paraît plus nécessaire aujourd'hui que de découvrir ou redécouvrir nos paysages et nos villages en prenant le temps de le faire. Savoir retrouver les saisons, les aubes et les crépuscules, l'amitié des animaux et même des insectes, le regard d'un inconnu qui vous reconnaît sur le seuil de son rêve. La marche seule permet cela. Cheminer, musarder, s'arrêter où l'on veut, écouter, attendre, observer. Alors, chaque jour est différent du précédent, comme l'est chaque visage, chaque chemin.

" Ce livre n'est pas un guide pédestre de la France, mais une invitation au vrai voyage, le journal d'un errant heureux, des Vosges jusqu'aux Corbières, au cœur d'un temps retrouvé. Car marcher, c'est aussi rencontrer d'autres personnes et réapprendre une autre façon de vivre. C'est découvrir notre histoire sur le grand portulan des chemins. Je ne souhaite rien d'autre, par ce livre, que de redonner le goût des herbes et des sentiers, le besoin de musarder dans l'imprévu, pour retrouver nos racines perdues dans le grand message des horizons. "
Jacques Lacarrière. 

Il y a des livres qui vous font signe : ceux qui, vendus au poids, affranchis de la condamnation au pilon, celui de Vincenot sur le rail évoqué hier, d'autres, qui échouent dans des magasins d'occasion, abandonnés pour diverses raisons. Ceux-là pour moi sont comme ces petits chiens des refuges qui viennent spontanément à vous. Celui-ci s'appelle "Chemin Faisant", le genre de nom à me faire craquer. Je l'ai adopté. Un vrai petit bonheur qui, depuis les Vosges, m'a entraîné vers le Midi et son protecteur. L'auteur, sensible au feu chaleureux des Sud, relève parmi ses sensations celle qui fait passer des terres du Nord à l'Occitanie. Du petit lait pour moi, même sur une île au lait de coco... Quel dépaysement ! Et ce grand saut dans la plaine à partir du Causse du Larzac ! Les villages sous les eaux du Salagou... les hippies, les chasseurs, le Minervois, les viticulteurs contre le vin d'Algérie... Et oui, les années 70... 

Mais celui qui finit en sa compagnie avec les bleus de la mer, du ciel, les falaises de Leucate à la blancheur grecque (Lacarrière était particulièrement attaché à cet éclat hellène sur toute la Méditerranée), ne peut que ressentir un vent d'éternité aussi intemporel qu'universel... être porté par un sentiment de destinée commune à travers l'Histoire. Ceux qui marchent vers la nature et les autres, pas seulement pour Compostelle, comme nos aïeux le faisaient par force il y a encore un siècle, le ressentent mieux encore sous la plante des pieds.