mercredi 31 octobre 2018

VENDEMIOS… VENDIMIAS, vendimiadores / Les vendangeurs espagnols.



Alors qu'une vague de froid nous surprend après un mois d'octobre jusque là si chaud et que même lou razimage, le grappillage est compromis, revenons vite sur cette période bénie des vendanges et "l'exotisme espagnol" s'y attachant, dans ce Languedoc qui fut jadis le plus grand vignoble au monde ! 

LES ESPAGNOLS. 
Longtemps frontaliers et clandestins s’ils ne décidaient, à terme, de s’installer, forcés et si mal accueillis lors de la Retirada (début 1939), la fuite des Républicains devant les troupes franquistes, ensuite au gré des crises économiques, du chômage, du niveau de vie même si l’Espagne s’est épanouie et modernisée au sein de l’Europe, dans notre Midi viticole, les travailleurs espagnols ont apporté à la population permanente et forment un contingent de vendangeurs longtemps indispensables et toujours présents d’ailleurs à présent que la récolte manuelle garantit un produit final de qualité.  
   



COMMENT VIENNENT-ILS ? 
Ce flux de travailleurs s’est mis en place avec le temps. Dans le Biterrois, des propriétaires ont envoyé un recruteur juste après la frontière, dans l’Empurda. Par la suite c’est officiellement que ce flux de travailleurs s’organise. L’employeur qui connait ses employés leur communique la date des vendanges, l’Office d’Immigration espagnol à Figueras vérifie leur santé et remet un bon de voyage (14 F pour l’Aude en 1961). Au niveau du département d’accueil, les vendangeurs étaient enregistrés pour un mois mais pouvaient prolonger même pour la cueillette d’autres fruits. S’ils changeaient de département, un deuxième contrat était nécessaire.

C’est aussi à Figueras que les trains spéciaux de vendangeurs sont formés. Les travailleurs vont descendre tout au long du parcours, surtout dans les Pyrénées Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard, attendus à la gare par le patron qui les amène à la propriété.

Il existe aussi des impresarii chargés de former des colles, des équipes de vendangeurs, des cuadrillas souvent issues d’un même village. Ils peuvent organiser le transport par car.

Comme pour tout, certains opèrent honnêtement d’autres abusent et appliquent des frais abusifs de dossiers ou sur le transport.     

En 2018, certains forment des groupes qui commencent dans les zones les plus précoces et terminent là où les vendanges sont tardives et les vendangeurs espagnols se font embaucher dans la France entière. 


Nous devons les superbes photos à André Cros, photo-reporter au journal Sud-Ouest agence de Toulouse, jusqu'en 1988. Le journaliste a confié des milliers de photographies dont celles de ces vendangeurs dans les Corbières (si quelqu'un peut préciser à proximité de quel village sont ces moulins qu'on voit sur l'une d'elles) aux Archives Municipales de Toulouse qui les met gracieusement à la portée du grand public... Un grand merci à cet Internet du partage ! 

samedi 20 octobre 2018

VENDEMIOS… VENDIMIAS, vendimiadores / L’Europe des vendanges aux accents de l’Espagne.

Les mots tant occitans qu’ibériques voisinent et se ressemblent. Latins, voisins, cousins, les Européens du Sud ont entretenu et perpétué les échanges, souvent la force de travail contre une rémunération, un différentiel de niveau de vie jouant, aggravé parfois par les crises économiques et les intransigeances politiques. Ainsi notre arc méditerranéen, surtout pour ce qui ressort de l’agriculture, a vu arriver, de Menton à Banyuls, sur un gros siècle d’Histoire, des Italiens et des Espagnols. L’injuste inégalité sociétale et la prise de pouvoir par des régimes autoritaires et fascistes de Mussolini et de Franco, ont poussé les plus exploités, les plus pauvres, à migrer. Parmi ces migrants d’abord saisonniers, certains se sont installés à terme ; un mouvement toujours d’actualité, bien que plus modeste.

A Fleury, on les remarquait surtout pour l’animation aussi entraînante qu’exotique qu’ils apportaient aux vendanges. Le reste de l’année, au contraire, la colonie espagnole restait des plus discrètes, solidaire pour résister aux jalousies, aux pulsions xénophobes confortées par une minorité d’imbéciles malheureusement plus voyants et audibles qu’une majorité ouverte mais silencieuse, elle.
« Espagnol de merde ! », « travailler comme un Espagnol » ! J’avais moins de quinze ans… pas besoin de demander, de me référer à qui, à quoi que ce soit pour être vraiment choqué par ces invectives à l’emporte-pièce et sans fondement ! Comparaison n’est pas raison dit-on mais force est de faire un parallèle entre ces mouvements européens et les migrations actuelles, extérieures à l’Europe, sous-tendues par une religion d’essence aussi hégémonique qu’agressive. Le roi Hassan II ne disait-il pas que contrairement à un Européen un Marocain ne deviendrait jamais français ?
A Béziers la place d’Espagne ne l’est plus que de nom et c’est plus flagrant encore si on évoque l’historique de la colonie espagnole de la ville, celle qui fait la meilleure paella de la feria.  


            
  Luis Iglesias Zoldan, son président, rappelle que tout fut loin d’être rose :
 « Les Espagnols venus pour travailler dans les vignes fin XIXème ont mis 31 ans avant d’avoir le droit d’être soignés dans les hôpitaux publics : au départ la colonie espagnole leur servait de mutuelle…/… les vendangeurs qui arrivaient par wagons dans les années 60 étaient exploités dans des conditions indécentes… » mais que finalement en restant espagnols de cœur, sans renier leur origine, leur sensibilité identitaire, ils sont toujours allés vers un multiculturalisme d’intégration solidaire et fraternel…


 Comment ne pas évoquer encore, complètement antagoniste, la menace de dhimmitude que fait peser l'intégrisme inhérent aux métastases islamiques !