dimanche 7 octobre 2018

Dobřív, VOYAGE EN "TCHÉCO" / BohÊme, ambiance Europe Centrale...

BOHÊME... pour l'accent circonflexe, je pense au chapeau du gentilhomme, celui du mousquetaire au panache blanc, au salut chapeau bas, rapière haute, du temps de la terrible guerre de Trente Ans (1618 - 1648) qui dévasta l'Europe Centrale et l'Allemagne qui mit plus de deux siècles à s'en remettre.

Ce n'est qu'un petit moyen mnémotechnique pour ne pas mélanger et confondre avec la BOHÈME d'Aznavour...

extrait de Fyzicka mapa, Kartografie Praha 1972 / 
Brdy vojenská základna Wikimedia Commons Author Karelj

Dobřív, un village dans un pays de forêts, adossé aux Brdy, ces monts à plus de 800 mètres d'altitude, aptes à arrêter les trains de nuages atlantiques venus de la Manche. Un massif emblématique non pas parce qu'une ligne de croupes plus élevées sépare le bassin de la Berounka de celui de la Vltava... - Entre parenthèses, quelle horreur de dire "Moldau", d'employer le terme germanique comme ces idiots de Français l'ont longtemps imposé, malgré trois guerres perdues initialement contre l'Allemagne, pour ce poème symphonique "VLTAVA" du Tchèque  Bedřich Smetana, le deuxième des six sous le titre "Ma Vlast", ma patrie, qui dit tout d'une époque impatiente d'émancipation pour la Bohême-Moravie -, non, une montagne mystérieuse, interdite car militaire. Ce devait être un sacré coin à cèpes... en rêve sinon à risquer d'être pris pour un espion : la zone hébergeait des rampes de missiles tournées vers l'Ouest (1981 - 1985) (1). Avec la chute du rideau de fer en 1989 et ensuite les possibilités offertes par l'Internet, la zone se laissait même voir... sauf que la déception alla avec les fantasmes qui se délitent, avec bien trop d'aménagements humains laissés par les bidasses en furie de manœuvres, la négation des légendes originelles, un viol outrageant la grande forêt mythique  !   

https://www.youtube.com/watch?v=WkMtvbeEhWA





Pour rester dans la géographie, les Brdy forment un château d'eau, les forêts qui demeurent distillent la neige et l'eau des précipitations. En dépit des canicules de l'été 2018, à Dobřív, même si la dérivation ne faisait plus frapper les marteaux-pilons de la forge historique (16ème siècle), la retenue appelait à la baignade  et la Klabava issue du Padrisky rybnik (étang Padrisky) persistait à offrir son joli flot sur ses cailloux... 




 Dobřív, comme Holoubkov, le village de mes grands-parents, Hurky, Teskov et tant d'autres se situent dans un val, au bord d'une rivière, d'un étang ou d'une traditionnelle mare aux canards. Le tilleul, le bouleau y sont des arbres familiers. Autour, des champs, de blé, de pommes de terre. Entre eux des petites routes bordées de pommiers, de pruniers, de cerisiers offerts à tous ceux qui veulent bien s'arrêter. Sur les hauteurs, la forêt de sapins et d'épicéas. 

En haut de Dobřív, un copain de papé Jan avait ses ruches à l'orée des bois. Il en récupérait un miel brun brillant de ses éclats d'or même prisonnier dans de gros bocaux de verre larges comme des bonbonnes. Et dire qu'à présent la mondialisation heureuse nous offre un ersatz trompeur de miel issu de manipulations chimiques ! 






En bas du village des maisons anciennes protégées au titre du patrimoine et, depuis la vieille auberge (Stara Hospoda) des rires forts et gras d'hommes venus chercher une fraîcheur plus gouleyante mais plus addictive aussi. 
 
(1) "... Recently, central Brdy is still an area that has been virtually forgotten by civilisation due to its status of a restricted military zone. The situation has changed today, and selected outlying parts are now open for bikers and hikers at weekends and public holidays..."

lundi 1 octobre 2018

ÉCHO DE VENDANGES : Coquet, cheval d'Ariège / Fleury d'Aude en Languedoc.

Préalable : à Isa, ma cousine. Sois gentille si tu repiques une ou des photos, de mentionner la source "François Dedieu". Tu peux aussi "JF Dedieu" même si ma modestie en pâtit... je compte sur toi.

Encore une chronique de papa (Pages de vie à Fleury II, "Caboujolette", chapitre "Les Vendanges", pages 277 - 278). 


Retour de vendanges. 1934. 

"... Coquet. Le petit et vaillant cheval noir répondait au nom de « Coquet ». C'était un Mérens, petit cheval d'Ariège (le GDEL écrit même « race fçse de poneys (!) ») vaillant comme pas un. Un jour, racontait mon père, il avait fait quatre gros voyages de comportes (sans doute seize ou dix-huit chaque fois) de la Pointe de Vignard (notre vigne la plus éloignée, à quatre kilomètres du village), ce qui lui totalisait 32 kilomètres dont seize à pleine charge, avec les côtes de Liesse et de Fleury. Il a tenu le coup, mais en arrivant le soir, trop fatigué, il s'est couché au lieu de manger. Papé Jean racontait cela avec une admiration non dissimulée. J'ai connu ce cheval à l'écurie jusqu'en 1935 à peu près. 
Nous l'avons sur des photos de vendanges. 

Cheval Merens commons wikimedia Author PANDA 81

 Race française… originaire des montagnes ariégeoises. Le mérens a une robe noire. Puissant dans son encolure, il se distingue par un chanfrein droit, un dos long, une croupe ronde et des membres solides. Rustique et résistant, il est encore apprécié pour certains travaux agricoles et convient au tourisme équestre en montagne. (GDEL passim)
Puis il avait fait son temps : il fallut bien le changer. L'oncle Pierre et son neveu (mon père) allèrent à Narbonne choisir un cheval chez le maquignon. 

Le mérens fait preuve "... d'un tempérament robuste, une santé à toute épreuve, une ardeur infatigable. C'est le bénéfice d'une existence indépendante, plus sauvage que domestique. On n'apprécie bien les chevaux de l'Ariège qu'après en avoir usé; mais alors on est étonné de la dépense d'énergie dont ils sont capables, de la dureté qu'ils montrent au travail le plus fatigant et le plus durable..."
 Jules Trousset, Grande Encyclopédie Illustrée d'économie domestique (cité par Wikipedia).

La Larousse Agricole de 1952 ne mentionne même pas le mérens. Il faut dire que depuis 1946, l'armée ne l'élève plus comme cheval d'artillerie en montagne et qu'après les transports, c'est la mécanisation de l'agriculture qui va le faire pratiquement disparaître. Un temps il est engraissé, alourdi comme animal de boucherie. Il ne sera sauvé que de justesse, en particulier, grâce au mouvement de retour à la terre des années 70, ensuite en tant que cheval de loisir d'où sa qualification de poney, ce qui, bien sûr a irrité et pu sembler déshonorant pour mon père.    

Combe de Caboujolette / Carrière de monsieur Sanchon. 1934. Depuis, avec les pins la végétation typique à la garrigue, la nature a repris ses droits, les petites vignes ont disparu.