dimanche 5 avril 2015

UNE CONSTITUTION LEGALISANT LES SIEGES EJECTABLES ! (Mayotte & France)




Merci à tous ceux qui se manifestent et ce, dans le monde entier. Ce n'est pas sans émotion que je pense à mon lecteur quand son pays lointain s'inscrit sur ma page. La magie de blogger est celle du Net nous est d'autant plus précieuse qu'elle permet la progression des valeurs démocratiques. 
Sur, facebook (Fleuryd'Aude en Languedoc & Mayotte en Danger), un support au spectre moins large, ceux qui se sentent visés par certaines vérités aiment pour ne plus aimer, manière de signifier qu'ils ont "moinssé" ! Même s'ils sont très minoritaires, même s'ils défendent des privilèges de caste, je leur laisse bien volontiers cette liberté de blâmer ! A eux aussi je dis merci d'entretenir notre ressentiment parce que leur position, leur posture n'ont rien de solidaire et de fraternel ! 
Précisons, néanmoins, qu'au-delà de leur vacuité vaniteuse, les attaques visent avant tout le système qui laisse glisser vers de mauvais penchants. Les hommes sont véreux, vénaux, corruptibles. L’appât du gain lamine les idéaux en moins de deux ! La tentation pour un plus, un avantage, une promotion, un mieux matériel et plus encore la vanité du paraître, l’attrait du pouvoir, la satisfaction de dominer les autres sont des leviers forts or la fin justifie les moyens. Les proverbes et dictons ne s’y trompent pas !
Il suffirait donc, sans promouvoir un intégrisme républicain de prévoir une gouvernance plus vertueuse interdisant les excès, limitant les abus tout en contrôlant les dépenses publiques. Ce devrait être un impératif pour nos gouvernants (politiques, appareil d‘Etat, lobbyistes) et toute impéritie de leur part devrait les rendre éjectables ! Nous vivons une époque indécente, marquée par le maintien de trop de médiocres, qui ont perdu le sens de l‘honneur, des valeurs et de l‘intérêt général. On ne démissionne pas aujourd‘hui quand on a failli, au contraire, on parade, on provoque, on profite ! Quand les prélèvements d‘impôts sont aussi forts et que l’argent est jeté par les fenêtres sinon détourné, est-ce tolérable ?
Ces dernières semaines ont été marquées par les élections départementales et notre vigilance doit aiguillonner l’instance. La mandature est de 6 ans et tous les jours nos chers élus auraient à répondre de leurs actes si nous étions capables de l’exiger. Malheureusement pour la démocratie, c’est à peine si à la fin, ils auront à aborder la question « Dis, qu’as-tu fait de ton mandat ? » tant les luttes d’influence, les réseaux en place, portés, promus par les flatteurs et profiteurs de tous poils parasitent l’attente citoyenne ! Le vrai programme ne consiste qu’à se trouver sous le robinet, à la place des autres !
Or, même depuis ma tanière, à Mayotte, j’ai suivi le cours plancher du bulletin de vote : 50 euros pour le quidam racoleur. J’ai entendu qu’on achetait toujours les votes (ou la neutralité) des jeunes : tchac-tchac, voulés, alcool offerts (pique-niques). J’ai vu aussi que cela n’empêchait pas d’invoquer la religion à tout moment, d’abord pour réussir puis pour fêter l’élection. Enfin, j’ai lu (en tapant « indemnité conseiller départemental », merci le Net !) parce que l’hypocrisie française occulte et escamote ce rapport au fric et que les médias n'en parlent pas souvent, que, pour un département de moins de 250000 habitants (1) :

* Un conseiller départemental touche 1520,59 euros bruts / mois.

* Chaque vice-président 2128,83 € bruts/mois.

* Le président 5512 € bruts/mois.

Passons sur les véhicules de fonction et autres petits avantages afférents, si le nombre de vice-présidents doit culminer au maximum légal, la légalité permet aussi de consoler les élus de base inscrits dans la commission permanente avec les 152 euros supplémentaires... Au diable l’avarice ! Partageons ! Aux frais du citoyen !
Rien que de plus normal, d’officiel... Soit ! Mais sous contrôle, avec obligation de résultats ! Que le pouvoir du peuple ne soit plus jugulé !
Pour tous les « élec-ci-cons » que nous sommes, nous, électeurs-citoyens-contribuables qui nous ignorons presque et qui, comme monsieur Jourdain pour sa prose, devrions nous persuader que la parole et la volonté du peuple figure en tête de la Constitution ! n'acceptons plus alors d'être pris pour des si cons que ça !

(1) dommage pour eux que l'évaluation à  300 voire à 400.000 habitants à Mayotte ne soit qu'officieuse !



   

samedi 4 avril 2015

LOUIS PERGAUD toujours là ! (souvenir 14-18)

Entre Marchéville-en-Woëvre et Saulx toujours en Woëvre, à trente cinq mètres à droite du pont sur le fossé Saint-Pierre, le sous-lieutenant Pergaud entraîne ses hommes à l’attaque de la Côte 233. Il faut les voir !.. Trempés par l’eau des marais où ils ont dû patauger jusqu’aux genoux, ils dégoulinent aussi de l’eau du ciel qui ne cesse de tomber ! Regardez-les bien, c’est la dernière fois : beaucoup n’en reviendront pas !

Ernest Florian-Parmentier
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/louis-pergaud-republique-sujet_5992_1.htm
écrira même, sur la foi du sergent Desprez, blessé lors de cet assaut : « ... Les débris de celle (la section) de Pergaud rentrèrent seuls ; notre brave confrère avait disparu... ». C’était le 6 avril 1915, un mardi, par une nuit sombre et pluvieuse, après 2 heures du matin. Blessé, récupéré par les Allemands, il disparut dans le bombardement par l'artillerie française de l'hôpital où il avait été évacué. Son corps ne fut jamais retrouvé.



 Regarde-les même à travers tes larmes... Elles valent mieux que ces postures intéressées de politiques vénaux et opportunistes, prompts à embrayer sur l’émotion commanditée pour le bon peuple, mise en branle par des journaleux aux ordres ! Ah, ils n’étaient pas en retard, le 11 novembre 2013, lorsqu’ils ont lancé de concert la commémoration du centenaire ! Était-ce un contre-feu, de ceux qu’ils savent allumer, dans une stratégie de manipulation globale, dans le but d’étouffer un temps un nouveau scandale ou une vieille affaire qui couve ? Aucune intention, vraiment, dans cette exaltation du rassemblement national ? N’était-ce point pour anticiper les mauvais chiffres du chômage et, faute de le sauver, d’apporter un répit au soldat Hollande ? Ne soyons pas naïfs : même la commémoration de la Grande Guerre est susceptible d’être instrumentalisée. Dans le cas contraire (ne suivant pas les grand messes du 20 h, je veux bien me tromper), de la part des instances nationales, cela expliquerait un devoir de mémoire sporadique, bégayant, pour ne pas dire amorphe tout au long de 2014. Sans oublier de balayer aussi devant nos portes, notons cependant la ferveur qui accompagne nombre d’initiatives ponctuelles, à titre individuel, sur de nombreux forums (1), au niveau communal parfois (2).
Revenons vite à Pergaud : sa vie, ses épreuves,  restent d’une modernité étonnante, avec, en toile de fond, en 1915 comme aujourd’hui, les humains sur la corde raide !

Loin des miasmes, si un être sain a tout à gagner déjà à respirer fort la campagne, les friches et les forêts de la Comté, on peut se demander aussi si les tableaux de la nature, les portraits animaliers, si précis et réussis, ne révèlent pas chez l’écrivain une défiance envers le genre humain. Cette réflexion nous ramène à une autre vision du « bon peuple », des « braves gens » comme les chanta Brassens... sauf que les jours de Louis Pergaud ne peuvent que témoigner de vraies valeurs, celles reconnues par une conscience collective s’opposant à ce que la populace et le populisme transpirent de méchant et malfaisant.

C’est un peu court, en effet, quand l’anathème se justifie seulement en trois mots : « anticléricalisme », « non-conformisme », « antimilitarisme » !

A propos de l’anticléricalisme, nous nous devons de revenir sur l’état d’esprit des années 1900 et plus particulièrement autour de 1905, qui amena la République à s’émanciper de la tutelle religieuse. En gardant en tête le poids de l’Église jusque dans la seconde moitié du siècle passé, remontons au père de Louis. Instituteur de la nouvelle école laïque, en butte aux villageois qui ne tolèrent pas qu’on suive une autre route qu’eux, Elie Pergaud doit quitter le pays natal. Jusqu’à sa mort, en 1900, il aura a subir aussi une haute administration dans ce qu’elle a de malsain lorsque, convaincue de son infaillibilité, elle obéit aveuglément à la Loi tout en opposant une inertie au changement, dans une posture toujours plus conservatrice, sinon réactionnaire, que progressiste. Quant à Louis Pergaud, quelles qu’eussent été ses circonstances atténuantes, il démontrera la malhonnêteté qu’il y a à accuser un individu du conformisme sociétal. Ainsi, avec Le Sermon Difficile, une des nouvelles parues dans le recueil posthume Les Rustiques (1921) (3), l’auteur, qui ne voulait ni aller à la messe, ni enseigner le dogme catholique, livre, loin du cliché « laïcard » et « bouffeur de curé », le portrait attachant d’un prêtre rural, même s’il s’en démarque et ne met pas de majuscule à « son dieu ».

Quant au « non-conformisme », c’est vrai que Pergaud était parti à Paris avec Delphine, ce qui attisera alors un qu’en-dira-t-on plus permissif pour le maître culbutant la servante que pour l'homme quittant sa femme. Non-conformiste, Pergaud le fut, à peine sorti de l’adolescence, lorsqu’il contesta l’autoritarisme de monsieur Tronchon, le directeur de l’École Normale. Ce n’était pas raisonnable de contester l’abus de pouvoir dans une société régie par le rapport de forces... On le lui fit bien voir...

Enfin, concernant l’antimilitarisme, tout en laissant à chacun le soin de démêler entre patriotisme et nationalisme, sans perdre de vue que ce sont toujours les pauvres bougres qui y laissent la peau pour des embusqués préservés et surtout des industriels qui s’enrichissent, pour Pergaud, contentons-nous de rappeler une date, celle du 8 avril 1915 qui vit un citoyen pourtant foncièrement contre la guerre, se sacrifier, patriote. 

Je n’ai pas encore lu son Carnet de Guerre (4), seulement sa correspondance, les Lettres à Delphine (4) qui continua à lui écrire jusqu’en 18... Pergaud témoigne, avec pudeur, sensibilité, avec hauteur aussi et ses moments de rancœur restent aussi rares que mesurés.



Ah, j’oubliais, vers 1900, les rumeurs le disaient aussi « socialiste » ! Il en était, assurément, par conviction et idéal, sans l’afficher. Dans nos années 2000, au contraire, ceux qui s’affichent, par opportunisme et réalpolitique, ne le sont plus... et ce n’est pas une réputation qui leur est faite !

(1) Pages 14-18 forum http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/louis-pergaud-republique-sujet_5992_1.htm
(2) Du Vignoble à la Mer, magazine municipal http://fr.calameo.com/read/00186165894353cad09cb
(3) ouvrage disponible en intégralité sur http://www.ebooksgratuits.com/pdf/pergaud_rustiques.pdf
(4) Carnet de Guerre, Louis Pergaud / www.litteratureaudio.com/...audio.../pergaud-louis-lettres-de-guerre.html

photos autorisées 1 & 2 commons wikimedia. 3, 4 & 5 personnelles le monument à Landresse (Doubs) et vue du clocher comtois avec, au premier plan, l'école où il enseigna en 1906 et 1907.