dimanche 1 mars 2020

LES VIOLETTES DE SAINT-ANDRÉ / Les écrits restent...

Violettes Wikimedia Commons Auteur Cronimus

«... les fossés se remplissaient de coucous et les dernières primevères s’épanouissaient, mêlées à l’herbe des prairies…. Des bordures de violettes embaumaient l’air, tandis que, plus orgueilleux, des narcisses marqués d’incarnat, des jonquilles jaunes se dressaient sur leurs tiges creuses. Les tulipes, semblables à de petites flammes , égayaient un parterre.» J.H. ROSNY Jeune, La Leçon de la Vie. (Biblioth. d’éducat.)
 
Théophile Gautier 1856 wikimedia commons Author Nadar

« [...] Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux près les perce-neige
Et les violettes aux bois...»
Premiers signes du Printemps. Théophile Gautier
Colette 1932 BnF Domaine public

«... Et les violettes elles-mêmes, écloses par magie dans l’herbe, cette nuit, les reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes ; ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Non, non, tu te trompes, l’an dernier je les ai vues moins obscures, d’un mauve azuré, ne te souviens-tu pas ? […] Plus mauves… non, plus bleues […] à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes [...]  regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance… Plus mauves… non, plus bleues […] Une enfant prisonnière le jour, dans une école, et qui échangeait des jouets, des images, contre les premiers bouquets de violettes des bois, noués d’un fil de coton rouge, rapportés par les petites bergères des fermes environnantes… Violettes à courte tige, violettes blanches et violettes bleues, et violettes d’un blanc-bleu veiné de nacre mauve, - violettes de coucou anémiques et larges, qui haussent sur de longues tiges leurs pâles corolles inodores… Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses parfumées…Ô violettes de mon enfance !... »
LES VRILLES DE LA VIGNE (1908). Le dernier feu. Colette.
 
Lacaune_musée_enfant_sauvage Wikimedia Commons Auteur Fagairolles 34

«... je t’ai envoyé hier, avec « La mésange », ce magnifique texte de Colette qui évoque si bien les modestes violettes. A ce propos, nous étions allés un jour, maman et moi, avec la 504, au pays de Pierrou, le père de Toutou Hérail, et grand-père de José, et ces violettes parsemaient les petits fossés bordant la route. Les maisons abandonnées prêtaient à l’imagination des tableaux rustiques enfouis dans le passé, et j’entendais Pierrou me dire : « Nous étions voisins : il habitait à peine à deux heures de chez moi. » Il entendait bien sûr « deux heures à pied », soit environ 8 kilomètres. J’avais aussi trouvé ces petites violettes si odorantes dans le grand parc délabré mais si évocateur du château de Saint-André-de-Sangonis, où elles avaient choisi un coin bien à elles que nous fréquentions rarement...»
CORRESPONDANCE 2003. François Dedieu. 

Vue_des_Monts_de_Lacaune_du_Pic_du_Montalet Wikimedia Commons Author Céline Rabaud

2587 pages copiées-collées sans compter les lettres papier. Prendrai-je seulement le temps de tout reprendre ? En attendant ce qui est pris date de mars 2003. Bien sûr, c'est grappillé dans plusieurs courriels, papa n'était pas du genre à se mêler avec de grands auteurs reconnus. Au contraire, pour lui comme pour moi, c'était puiser et partager puisque nous avions un volet littérature dans nos affinités culturelles. Me concernant, c'est vraiment par politesse et pour ne pas passer pour ce que je ne suis pas que je le cite en dernier. Il n'empêche, cela me permet de traduire comme dans un scenario crescendo, la force trop parlante d'un sentiment aussi profond qu'impérissable.    


vendredi 28 février 2020

"Et le pauvre Gaston BONHEUR, personne n'en parle ?" / Fleury en Languedoc

Dernièrement un honorable correspondant nous a passé une fiche touristique sur "Belvianes-Cavirac" (sic). Ah les rochers à vautours, la forêt, les rapides de l'Aude dans les gorges ! Ah les possibilités pour les sportifs : l'escalade, le vélo, la rando, le rafting et autres sports d'eaux vives ! Ouf le patrimoine pour se remettre, la présence romaine, le Moyen-Age, la force motrice, l'ancienne voie ferrée... La vidéo est incitatrice... Pourtant, sans vouloir passer pour le grincheux de service, ils auraient pu nommer plus correctement la commune "Belvianes-et-Cavirac". Et, si le rafting est plus porteur que la littérature... de ne pas citer Gaston Bonheur, ça ne passe pas ! 

Les photos n'étant pas autorisées pardonnez-moi de tricher en transformant en dessin... Avec le chapeau, il me rappelle aussi Fernandel, raison supplémentaire de contourner la loi !
Pour preuve, la réaction de Max 😢: 
"Et le pauvre Gaston BONHEUR, personne n'en parle ?"

Si justement parlons de lui.

Né Gaston Tesseyre en 1913 à Belvianes-et-Cavirac... Est-ce que la photo de son père, mort pour la France dès le début de la Grande Guerre est toujours dans l'école ? C'est vrai qu'il n'y a pas que l'église, les gorges, les vautours, la forêt... mais restons positifs et cela l'est déjà d'être amené à réagir. 
Et si Gaston manque, la fontaine, elle, a été filmée : 
"La première charité d'un village, c'est sa fontaine." Gaston Bonheur. 
Belvianes-et-Cavirac,_l'Aude wikimedia commons Author Lucas Destrem

Pupille de la nation, poète, romancier, scénariste, encore un qui est monté à Paris. Directeur de Paris-Match de 1960 à 1975, du temps j'espère où ils ne trichaient pas comme ils l'ont fait à propos du MH17, l'avion abattu au-dessus de l'Ukraine (1), il n'a jamais coupé avec Barbaira, le pays de sa mère puis Floure (2) où il a acquis le château et des vignes.

 A Jacques Chancel qui vient le voir pour Radioscopie en 1976, il raconte : 

 "... il y a une petite vallée qui s'ouvre au pied de la montagne, qui me permet de prendre ensuite le versant sud alors là suivant le vent, s'il souffle comme aujourd'hui de l'Ouest et qu'il soit froid, je connais des combes à l'abri du Cers... on retrouve ces petits bonheurs que les paysans appelaient des cagnards, vous savez, qui font des petits pays en soi,  parce qu'il y a la falaise derrière, parce que tout d'un coup, on se sent comme un lézard sur la roche chaude, et puis là il y a cette végétation qui n'a pas d'hiver ; tout est toujours du même vert, et c'est un petit morceau d'éternité parfois quand il fait vraiment très bon..."


Autres citations glanées ça et là : 

" Notre vie est sur un fond de musique et qui change comme on change les disques du juke-box. "

 " Je vais dans les vignes et y suis très bien car c’est maintenant le seul endroit où l’on parle occitan." 

 (2) sur une autre vidéo une courge de journaliste parigote vient le voir "dans sa propriété de Saint-Flour près de Carcassonne" ! Était-ce pour 30 millions d'amis ?