lundi 4 février 2019

LO PODAIRE 2 / le terrible mois de février 1956

… A pas demembrat lo reproverbi que dis :

Se podes long
Beùras un an
Se podes cort
Beuràs totjorn.

E el poda cort, poda ras. Lèu, vendran las isermentaires que, amassant e torsisen las vizes copadas, ne faran de gabèls.
Nstra ama, mos caris fraires, a bezonh de sentir se pauzar subre ela lofièlaguzat de lapodadoira. La podadoira es l’esprba, es lo malur. A ! l’esprba, com la maldisèm ! nos figuran que Nstre-Senhe nos aima pas, nos delaisa. Comprenèm pasbrico l’bra salutaria de la dolor e nos revoltam contra dius. Paures malurozes que sèm ! Crezèts que la vinha, se podià parlar, se planhirià pas del vinhairon que la tortura ? E pr’aco, sabètz plan qu’aurià trt, d’abrd que, s’éra pas dodada, la vinha levarià res que d’aigras.

Abbat Josep Salvat, felibre majoural « L’ama crestiana e la Vinha (sermoun) Bezièrs, 1927). 


Equipe de poudaires d'un domaine de la plaine de l'Aude.

Février 1956.
C’était 63 ans en arrière. Après des mois de décembre et janvier plutôt aimables, en une nuit, celle du 31 janvier au 1er février, un froid glacial s’abattait sur le pays. Bloquée par un anticyclone fermant l'Atlantique Nord, l'humidité océanique a laissé le champ libre à un flux glacial venu de Sibérie ! 
Les basses pressions dues à la relative tiédeur de la Méditerranée, notamment du Golfe du Lion aspirent fortement l'express sibérien : le Mistral (160 km) et le Cers  se déchaînent. Parallèlement c'est une dépression qui se creuse sur la Méditerranée amenant de la neige de l'Italie aux Pyrénées, de cette neige lourde qui tombe avec le Grec, depuis la mer, et qui casse les branches et crève les toits. 
 La sève qui, suite aux mois précédents trop cléments, montait vers les extrémités, a gelé et fait éclater des millions d'oliviers et par endroits des vignes sans parler des pins de la garrigue qui déjà, en temps normal ne supportent pas les neiges du Grec... 
Sur le Canal du Midi, les péniches sont bloquées... Après avoir formé des convois pour casser la glace à tour de rôle, les mariniers stoppent et doivent encore libérer les coques de l'emprise des glaces. Ils ne pourront repartir que début mars.   
Les vagues de froid (deux sinon trois) se succèderont, en effet, du 31 janvier au 29 février 1956.

Le poudaire, parce que le fait de tailler les pieds qualifie comme s'agissant du vendemiaire, un travail spécifique apporté à la vigne. Cela a même donné l'expression "vestit coumo un poudaire" pour dire qu'il est très habillé pour résister aux assauts du Cers d'hiver si pénétrant. Le poudaire a subi ce mois de février 1956. La mémoire a retenu qu'en janvier il taillait en bras de chemise avant que l'express de Moscou ne vienne tout chambouler...   

jeudi 31 janvier 2019

COLONIALISME = DICTATURE DU LIBÉRAL = MACRONISME…

Prédation de Léopold II roi des Belges et possesseur du Congo sur un récolteur de caoutchouc congolais. Wikimedia Commons Auteur Edward Linley Sambourne  (1844–1910) 

Suite au mea culpa de Michel Collon, le Belge blanc repentant du « tous colonialistes »…
Cela émane au départ de bons Noirs plutôt installés en Europe et qui voudraient faire endosser la responsabilité d’un esclavage et de l’exploitation coloniale par tous les vilains méchants Blancs, tous coupables. Et si l’analyse d’un Blanc reconnait l’implication de l’Europe et de sa projection aux Amériques, cette analyse est systématiquement instrumentalisée. Ainsi la mise en ligne d’un extrait de la conférence de Michel Collon  est interprété tendancieusement dès son sous-titre : 

« Voici pourquoi les Européens méprisent les autres – de Michel Collon », ce jugement sans appel étant bien sûr à partager sans modération…

 https://www.youtube.com/watch?v=n2Irvcrh0io

Père_blanc_Afrique_équatoriale Wikimedia Commons Author Missionnaires d'Afrique

Tout semble acceptable dans le propos de Michel Collon sauf un non-dit regrettable créant un malaise certain. Même si le colonialisme représente une honte qu’il faut assumer au niveau de la Nation à l’image des errements planétaires qui doivent l’être par l’Humanité toute entière, ce n’est pas pour autant que tout un peuple doit payer pour les fautes de quelques uns. Il est pour le moins maladroit sinon injuste et peut-être malhonnête d’accuser collectivement si le crime n’a pas profité à tous…

Pourtant on ne peut être que d’accord avec Michel Collon dans son analyse du système : 
« … la misère est provoquée par nos multinationales / les dictateurs mis en place le sont par ces multinationales pour défendre leurs intérêts… »

Ou lorsqu’il décrit la réalité de la démocratie :
« … Démocratie d’esclavagistes, qui ne fonctionne pas / fausse démocratie basée sur le pillage des ressources fondamentales. Si c’est pour remplacer un dictateur qui nous résiste pour un dictateur qui est à genoux, quel est l’avantage pour les populations ?.. ».

Et encore pour dire qu’une certaine gauche fait fausse route :
«…Des gens y compris ceux de gauche, progressistes qui trouvent toujours de bonnes raisons pour les guerres de la France. Pour eux fallait libérer la Libye et apporter la démocratie. Voyez le résultat. Avec Sarkozy, y avait BHL et aussi des intellectuels de gauche […] C’est pas à vous de décider qui doit diriger tel ou tel pays… »

Le reste, malgré la justesse des faits reprochés n’est pas recevable :
«…Nous Européens on est des colonialistes depuis 5 siècles / on a colonisé l’Am Latine, on a exterminé les Indiens on a ramené 16 tonnes d’or et d’argent pour le décollage du précapitalisme 16ème siècle […] Ils ont enlevé le casque colonial mais dessous la tête n’a pas changé / Les Usa ont remplacé Lumumba élu par le dictateur Mobutu / les Usa, la France ont remplacé Allende par Pinochet…  » 

« Nous » ? « On » ? « Ils » ? Pourquoi ne pas préciser qu’il s’agit par le passé des nantis et aujourd’hui de leurs héritiers de la haute bourgeoisie plus que jamais prédatrice de nos jours ? Les Usa ? La France ? Dans quelle mesure le peuple manipulé doit-il rendre des comptes quand Sarkozy provoque le chaos en Libye ? Les citoyens sont-ils derrière Hollande va-t-en-guerre qui veut bombarder la Syrie ? Quand Macron aiguillonne l’opposition vénézuélienne tout en réprimant chez lui les Gilets Jaunes, la voix de la France se limite-telle à celle d’un président hâbleur, menteur, provocant et agressif ?    

Bien sûr le peuple ne doit pas être ménagé  puisqu’il constitue la soldatesque obéissante, celle qui, par exemple, serait-ce à l’insu de son plein gré complice de la colonisation, a rayé de la carte la moitié de la population algérienne (env. 4 millions en 1830, env. 2 millions en 1871).   
Bien sûr la base doit répondre d’une inertie jugée par l’Histoire quand une majorité de pétainistes a laissé faire, suivi ou précédé le maréchal dans la collaboration avec les nazis.
Bien sûr, comme l’a dit Albert Einstein (« Comment je vois le monde » 1934) « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mas par ceux qui les regardent sans rien faire. »

Bien sûr une fraction de la majorité qui subit le pouvoir en arrive, contre nature, à soutenir ce pouvoir (un peu le syndrome de Stockholm qui voit l’otage manifester de l’empathie et presque son soutien envers le ravisseur). Certains sont corruptibles et se laissent acheter en échange de miettes. Dans l’actualité, comme exemples, cette « foule haineuse » de foulards rouges, cette liste se prévalant des Gilets Jaunes pour les européennes, ces éternels égarés si impliqués derrière une Marine Le Pen (si nulle face à Macron lors de son débat, soit dit entre nous) qui fait partie bien sûr de cette bourgeoisie dominante (dynastie, fraude fiscale) et qui lorsqu’elle peut porter la parole du peuple, à l’UE notamment, le trahit sans vergogne en votant pour le secret des affaires… Le soutien effectif du libéralisme aux Le Pen n’a pour but essentiel que de faire taire les progressistes !  

Finalement, avec Michel Collon, la cause est desservie par une argumentation bancale :
« …Le monde est en guerre celle du Nord contre le Sud pour le contrôle des matières premières, comment la richesse va être distribuée. Huit personnes ont autant de richesses que 3,5 milliards d’habitants. Le système provoque un écart de richesses énorme. 1,5 milliard de gens n’ont pas à manger. Les multinationales fonctionnent selon la logique capitaliste du profit maximal, de la concurrence donc de l’anarchie du développement économique. Elles ne peuvent pas devenir raisonnables… »

Quand il synthétise la situation mondiale, les forces en présence, la puissance prédatrice de cette haute bourgeoisie mondialisée menée comme jadis l’aristocratie, par des dynasties familiales que ne dit-il pas que nous sommes en présence d’une guerre de classes ?! Tous les gens modestes, les populations du Nord auraient-elles un sort plus enviable que les laissés pour compte du Sud, les 99 % de la population mondiale sont menés à la trique par une oligarchie économique dans le cadre d’une exploitation de l’homme par l’homme qui n’est pas sans rapport avec la colonisation.   

 Et franchement, en tant que descendant d’Ariégeois partis pour la plaine languedocienne (1880) parce que la montagne ne pouvait pas les nourrir, je me demande dans quelle mesure le colonialisme et a fortiori l’esclavage nous ont profité ! Alors si les haines entre petits Blancs et petits Noirs, entre progressistes et réactionnaires sans raisons, fomentées et entretenues par l’oligarchie au pouvoir cessaient, peut-être pourrions nous bousculer un système si cynique et obscène et tendre vers l’idéal de liberté, égalité, fraternité encore si lointain même quand le pouvoir oligarchique laisse entendre que nous le vivons, les hypocrites !  

Autorisation Flickr.