Prédation de Léopold II roi des Belges et possesseur du Congo sur un récolteur de caoutchouc congolais. Wikimedia Commons Auteur Edward Linley Sambourne (1844–1910) |
Suite au mea culpa de
Michel Collon, le Belge blanc repentant du « tous colonialistes »…
Cela émane au départ de
bons Noirs plutôt installés en Europe et qui voudraient faire endosser la
responsabilité d’un esclavage et de l’exploitation coloniale par tous les
vilains méchants Blancs, tous coupables. Et si l’analyse d’un Blanc reconnait
l’implication de l’Europe et de sa projection aux Amériques, cette analyse est
systématiquement instrumentalisée. Ainsi la mise en ligne d’un extrait de la
conférence de Michel Collon est
interprété tendancieusement dès son sous-titre :
« Voici pourquoi les Européens méprisent les
autres – de Michel Collon »,
ce jugement sans appel étant bien sûr à partager sans modération…
https://www.youtube.com/watch?v=n2Irvcrh0io
Père_blanc_Afrique_équatoriale Wikimedia Commons Author Missionnaires d'Afrique |
Tout semble acceptable
dans le propos de Michel Collon sauf un non-dit regrettable créant un malaise
certain. Même si le colonialisme représente une honte qu’il faut assumer au
niveau de la Nation à l’image des errements planétaires qui doivent l’être par
l’Humanité toute entière, ce n’est pas pour autant que tout un peuple doit
payer pour les fautes de quelques uns. Il est pour le moins maladroit sinon
injuste et peut-être malhonnête d’accuser collectivement si le crime n’a pas
profité à tous…
Pourtant on ne peut être
que d’accord avec Michel Collon dans son analyse du système :
« … la misère est provoquée par nos
multinationales / les dictateurs mis en place le sont par ces multinationales
pour défendre leurs intérêts… »
Ou lorsqu’il décrit la
réalité de la démocratie :
« … Démocratie d’esclavagistes, qui ne
fonctionne pas / fausse démocratie basée sur le pillage des ressources
fondamentales. Si c’est pour remplacer un dictateur qui nous résiste pour un
dictateur qui est à genoux, quel est l’avantage pour les populations ?..
».
Et encore pour dire
qu’une certaine gauche fait fausse route :
«…Des gens y compris ceux de gauche, progressistes
qui trouvent toujours de bonnes raisons pour les guerres de la France. Pour eux
fallait libérer la Libye et apporter la démocratie. Voyez le résultat. Avec
Sarkozy, y avait BHL et aussi des intellectuels de gauche […] C’est pas à vous
de décider qui doit diriger tel ou tel pays… »
Le reste, malgré la
justesse des faits reprochés n’est pas recevable :
«…Nous Européens on est des colonialistes depuis 5 siècles / on a colonisé l’Am Latine, on a exterminé les Indiens on a ramené 16 tonnes d’or et d’argent
pour le décollage du précapitalisme 16ème siècle […] Ils ont enlevé le casque colonial mais
dessous la tête n’a pas changé / Les Usa
ont remplacé Lumumba élu par le dictateur Mobutu / les Usa, la France ont remplacé Allende par
Pinochet… »
« Nous » ?
« On » ? « Ils » ? Pourquoi ne pas préciser qu’il
s’agit par le passé des nantis et aujourd’hui de leurs héritiers de la haute
bourgeoisie plus que jamais prédatrice de nos jours ? Les Usa ? La
France ? Dans quelle mesure le peuple manipulé doit-il rendre des comptes
quand Sarkozy provoque le chaos en Libye ? Les citoyens sont-ils derrière
Hollande va-t-en-guerre qui veut bombarder la Syrie ? Quand Macron
aiguillonne l’opposition vénézuélienne tout en réprimant chez lui les Gilets
Jaunes, la voix de la France se limite-telle à celle d’un président hâbleur,
menteur, provocant et agressif ?
Bien sûr le peuple ne
doit pas être ménagé puisqu’il constitue
la soldatesque obéissante, celle qui, par exemple, serait-ce à l’insu de son
plein gré complice de la colonisation, a rayé de la carte la moitié de la
population algérienne (env. 4 millions en 1830, env. 2 millions en 1871).
Bien sûr la base doit
répondre d’une inertie jugée par l’Histoire quand une majorité de pétainistes a
laissé faire, suivi ou précédé le maréchal dans la collaboration avec les nazis.
Bien sûr, comme l’a dit Albert
Einstein (« Comment je vois le monde » 1934) « Le monde ne sera
pas détruit par ceux qui font le mal, mas par ceux qui les regardent sans rien
faire. »
Bien sûr une fraction de
la majorité qui subit le pouvoir en arrive, contre nature, à soutenir ce
pouvoir (un peu le syndrome de Stockholm qui voit l’otage manifester de
l’empathie et presque son soutien envers le ravisseur). Certains sont
corruptibles et se laissent acheter en échange de miettes. Dans l’actualité,
comme exemples, cette « foule haineuse » de foulards rouges, cette
liste se prévalant des Gilets Jaunes pour les européennes, ces éternels égarés si
impliqués derrière une Marine Le Pen (si nulle face à Macron lors de son débat,
soit dit entre nous) qui fait partie bien sûr de cette bourgeoisie dominante
(dynastie, fraude fiscale) et qui lorsqu’elle peut porter la parole du peuple,
à l’UE notamment, le trahit sans vergogne en votant pour le secret des
affaires… Le soutien effectif du libéralisme aux Le Pen n’a pour but essentiel
que de faire taire les progressistes !
Finalement, avec Michel
Collon, la cause est desservie par une argumentation bancale :
« …Le monde est en guerre celle du Nord
contre le Sud pour le contrôle des matières premières, comment la richesse va
être distribuée. Huit personnes ont autant de richesses que 3,5 milliards
d’habitants. Le système provoque un écart de richesses énorme. 1,5 milliard de
gens n’ont pas à manger. Les multinationales fonctionnent selon la logique
capitaliste du profit maximal, de la concurrence donc de l’anarchie du développement
économique. Elles ne peuvent pas devenir raisonnables… »
Quand il synthétise la
situation mondiale, les forces en présence, la puissance prédatrice de cette
haute bourgeoisie mondialisée menée comme jadis l’aristocratie, par des
dynasties familiales que ne dit-il pas que nous sommes en présence d’une guerre
de classes ?! Tous les gens modestes, les populations du Nord
auraient-elles un sort plus enviable que les laissés pour compte du Sud, les 99
% de la population mondiale sont menés à la trique par une oligarchie
économique dans le cadre d’une exploitation de l’homme par l’homme qui n’est
pas sans rapport avec la colonisation.
Et franchement, en tant que descendant
d’Ariégeois partis pour la plaine languedocienne (1880) parce que la montagne
ne pouvait pas les nourrir, je me demande dans quelle mesure le colonialisme et
a fortiori l’esclavage nous ont profité ! Alors si les haines entre petits
Blancs et petits Noirs, entre progressistes et réactionnaires sans raisons,
fomentées et entretenues par l’oligarchie au pouvoir cessaient, peut-être
pourrions nous bousculer un système si cynique et obscène et tendre vers l’idéal
de liberté, égalité, fraternité encore si lointain même quand le pouvoir
oligarchique laisse entendre que nous le vivons, les hypocrites !
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