samedi 23 janvier 2016

LE PORT DE LONGONI / Mayotte, France en Danger !

Les tensions restent vives au port de Longoni où les dockers de la SMART, entreprise historique et les nouveaux gestionnaires de la MCG, Mayotte Channel Gateway, enterrant les derniers accords en date, s’affrontent pour décharger les navires qui veulent bien encore venir... Avec un premier bateau préférant cingler vers Dar-Es-Salam, c’est la population prise en otage qui non seulement risque de devoir se serrer la ceinture, mais plus grave, de devoir bouillir l’eau de la rivière pour survivre. En effet, hier encore, le stock de sels disponibles pour traiter l’eau du robinet permettait de tenir seulement quinze jours. 

C’est cette urgence qui a poussé le préfet à agir. Et là, plus question de rivaliser avec le « Que d’eau, que d’eau !» de Mac-Mahon en déclarant qu' «... IL EST PROMIS À UN BEL AVENIR ! », le port, car le représentant de l’État, qui, par principe, ne tenait pas à se mêler d’affaires apparemment privées, a dû se résoudre à empêcher le blocage du quai par les employés de la SMART alors qu’un deuxième navire attendait en rade.
Avec ces incidents récurrents, les perspectives s’annoncent plus que difficiles concernant ce lien vital pour l’île. Mayotte qui n’a pas su faire de son port un vecteur de prospérité avec la desserte du Canal de Mozambique fait pire encore en s’étranglant dans son cordon ombilical. Mayotte, pauvre embryon de département trop souvent bleu de cyanose ! Mayotte la prématurée dépend dangereusement des réseaux induits par la gouvernance étatique. Les autorités ont beau regretter un manque d’autonomie, de responsabilisation locale, d’esprit d’initiative, la faute en incombe d’abord aux procédures et à la centralisation jacobino-absolutiste de l’État français.
Pardon pour ce jargon mais il est à rapprocher de la lourdeur incompétente de notre appareil administratif qui n’est pas sans rappeler les organes et les apparatchiks d’un système, lui, passé de mode... Chez nous, tout se régente depuis la pointe d’une pyramide avec un président-monarque et des politiques et hauts fonctionnaires associés, rappelant furieusement la noblesse d’Ancien Régime.
Le port de Longoni à Mayotte s’inscrit dans les faits glorieux dont cette oligarchie peut s’enorgueillir : 


 * Le port n’a été creusé et aménagé qu’en 1992. Jusque là, en rade de Mamoudzou, on transbordait les marchandises sur des barges avant de décharger à terre (à cette époque accostaient encore quelques boutres à voile, le commerce avec le voisinage étant plus libre qu’avec la réglementation tatillonne et restrictive d’aujourd’hui). 

** Un seul quai au départ, pas de grues pour décharger, des aires de stockage insuffisantes... Si les ingénieurs ont été efficaces concernant l’accès à une côte défendue par la barrière de corail et un lagon encombré de patates, ils l’ont moins été pour l’aménagement. 

*** Prévu pour 2008, le second quai ne sera livré qu’en 2010.
 
**** L’engorgement de Longoni pénalisant la rentabilité, des compagnies maritimes ont supprimé la desserte directe de Mayotte. Il nous faut désormais payer plus cher pour un transbordement venant de Maurice ou de Majunga ! Ils ont bonne mine, nos organes (IEDOM 2007) lorsqu’ils font la tête au prétexte que Mayotte, pourtant, en période de ramadan... C’est littéralement à se regarder le nombril ! D’une bêtise (au moins on sait pourquoi tout va mal !) Et dire que les Anglais nous ont aussi battus (après Crécy, Azincourt) parce qu’ils étaient autrement audacieux pour initier, multiplier et défendre leur commerce maritime !
Comme dans la fable du renard ne pouvant attraper les raisins, ils ont bonne mine, les institutionnels de montrer du doigt Maurice, pour les retards subis, le port y serait mal exposé, trop encombré... sauf que le volume traité y est cinq fois supérieur à celui de la Réunion, dépassant de plus de 15 fois celui de Mayotte où les frais sont à multiplier par trois !

***** Les grues géantes sont arrivées fin mai 2015 sauf que la MCG gestionnaire du port n’est pas habilitée à la manutention entre les navires et le quai et que la SMART, faute de pouvoir utiliser ce qui ne lui appartient pas voudrait continuer à décharger comme au bon vieux temps... Et pourquoi pas celui des sacs sur le dos des porteurs, sur une planche qui balance ? 


 
Quant à la délégation de service public, sans être devin, je présume que les risques en cas d’échec sont pour le public qui a tout financé et les profits, si tout va bien, pour le privé qui a déjà bénéficié de multiples subventions...
Et à propos de la Réunion, c’est là-bas que la CGA CGM Delmas a choisi de se baser plutôt qu’à Mayotte. C’est toujours la France, dit-on, dans un premier temps mais non sans l’arrière-pensée que là encore, le centralisme autoritaire de la métropole s’accompagne d’un mépris post-colonial consistant à marquer des préférences entre ses territoires, ici les deux départements de l’Océan Indien. Entre Mayotte et la Réunion, pas de solidarité entre la « riche » et la « pauvre », seules la méfiance, la jalousie prévalent et la petite dernière, pour l’Île Bourbon, n’est utile qu’en termes de prospection et d’investissements. Pour les Jeux des Îles pourtant en grande partie financés par la France, par exemple, plutôt que de défendre, Mayotte, on fait mine de ne pas entendre les insultes proférées pour de bien mauvaises raisons... Même pour les relations avec les Comores, en incluant Paris, la marâtre, rien n’est coordonné ! La France se fout des dissensions entre ses « enfants » : telle un géniteur qui a semé aux quatre coins du monde, peu lui importe d’arrêter les bisbilles, de resserrer les liens ! L’essentiel n’est-il pas, en parlant de développement, de nous laisser ronronner avec des « ...IL EST PROMIS À UN BEL AVENIR ! » répétés en écho depuis vingt ans et qu’on nous assénera encore en 2025, quand il s’agira de lister tout ce qui n’a pas été fait pour... 2005 !   

photos autorisées 1. wikipedia 2. bacillerato-virtual.org

mardi 19 janvier 2016

LA RÉACTIVITÉ ÉTATIQUE AUX URGENCES : FEINDRE D'OBSERVER CE QU’ON NE VEUT PAS VOIR ! Mayotte, France en Danger !


Ce matin, le préfet passe chez Kwezi. Il confirme haut et fort qu’on se bouge vraiment le cul en haut lieu : depuis la métropole, ce sont des missions qui vont défiler, en rafales, comme toujours, et ici, c’est un nouvel observatoire mis en place hier, en grande pompe pour voir si l’immigration se voit ! Citoyens de Mayotte, vous allez voir ce que vous allez voir !  Incroyable ce que le talent oratoire, quand bien même il déraillerait, peut agir comme anesthésique sur les veaux et moutons que nous sommes ! Pourquoi se prendraient-ils la tête puisque nous n’aurions pas de cerveau ??? 
     
A l’image d’un Président de la République d’une prétention crasse ("candidat naturel", il va se représenter !) et indécent jusqu’à l’abjection (bellicisme, soumission atlantiste, cafouillage sur la déchéance de nationalité, refus de la primaire, et j’en passe), l’État à Mayotte ose mettre encore en place un énième comité théodule, une énième usine à gaz, cette fois, à propos d'une émigration plus que voyante mais qu’il faudrait apparemment observer ! Mais non, mais non, le digne aréopage sûrement pas en quête de jetons de présence tant ils sont déjà débordés dans leurs administrations respectives, tient à nous rassurer en voulant «... rendre très concret ce nouvel outil pour qu’il ne soit pas une nouvelle machine à pondre des rapports sans lendemain... » Ah bon ? C’est sûr qu’à pondre, pondez donc des œufs... au prix qu’ils coûtent à Mayotte (à 30 centimes l’unité soit le prix métropole multiplié par trois !). Mais je m’égare sur la cherté et un autre observatoire qui ferme les yeux alors que tout augmente sur l’île !!!
Ibrahim Aboubacar, le député hollandien se la joue vraiment : « On vient chercher la réalité des faits et des chiffres ». Inutile d’aller plus loin que Chiconi, un bourg qu’il connaît trop bien pour ne pas savoir que, plusieurs fois par semaine, la navette avec Anjouan arrive, en plein jour. Plus la peine en effet d’aborder la nuit et loin sur une plage isolée. Dans la baie, débarquent en effet des voyageurs, jeunes, vieux, femmes, enceintes, malades, des migrants de plus loin... Rwandais un temps, Syriens aujourd’hui ! Pour la population qui appelle en vain des autorités aux abonnés absents, c’est tout vu ! Ne nous étonnons pas ensuite des « pogroms » spontanés qui mettent les étrangers sur les routes (le dernier d’actualité à Tsimkoura) !
Pour notre cher député, certainement tombé de la dernière pluie (des années antérieures, parce que cette année, on l’attend le kash-kazi, la saison des pluies !), il manque sûrement un consistoire aux vœux pieux et autres moratoires, à l’entendre :  « Ces derniers mois, le phénomène migratoire tend à prendre de l’ampleur sur ce territoire et il est plus qu’urgent que nous puissions ajuster nos politiques publiques et que ces politiques ne prennent pas l’eau face au nombre ». L’adepte de Monsieur de Lapalisse nous prendrait-il encore pour des poires ? Et notre benêt de service de poursuivre dans le dilatoire : « Qui sait dans quelles conditions on les accueille dans le système scolaire ? »  Or, l’éducation, avec la santé sont bien des domaines où les valeurs de solidarité républicaine prennent encore tout leur sens à Mayotte... Fait-on la classe au rabais en présence de 75% d’enfants étrangers même s’il est légitime de craindre un retard cumulé, année après année, pour les nôtres ? Et puisque ce représentant du peuple français veut « les éléments pour améliorer l’efficacité des politiques publiques », alors que c'est la politique publique qui est défaillante face à tous les voyants allumés, qu’il vienne donc lire MAYOTTE EN DANGER pour des idées. Des économies exponentielles sont réalisables en construisant des écoles, mais pas n'importe où ! Surtout pas ici où il naît chaque jour de quoi former une classe et où nos shadoks, feignent de pomper pour les 500 classes déjà manquantes ! Que notre argent serve donc à Anjouan même, terre désormais ratiboisée comptant plus de BMW que d'arbres encore sur pied ! (v. partage précédent).

Passons sur les références de l’Insee, trop orientées pour être sincères, aux ordres des shadoks. Pour le moins, la présentation des chiffres persiste à en escamoter la réalité (toujours la langue bien pendue mais de bois, toujours... condition sine qua non pour administrer ou faire de la politique !). Alors que les fonctionnaires de la statistique comptent 40 % d’étrangers à Mayotte, tout le monde suppute avec juste raison que sur une population estimée par les gens entre 300 et 400.000 habitants (les importations de riz en attestent !), moins de la moitié, désormais, est française... Faut-il attendre que les autorités daignassent reconnaître le fait comme elles ont finalement été obligées de le faire concernant le ressenti sur la délinquance, d'abord moqué parce que populaire et soi-disant discriminatoire !
De quoi en rester baba et sans voix alors que les inconscients gobent et s’illusionnent. La France est bien sur le Titanic de la Hollando Socialo Line... une minute avant l’iceberg !

http://mayotte.orange.fr/news/mayotte/observatoire-de-l-immigration-un-outil-pour-connaitre-la-realite-et-peut-etre-changer-les-politiques,77931.html