vendredi 11 novembre 2016

11 NOVEMBRE 1918 / DANTOINE La guerre



Extrait :
"... Mon père a participé à quatre ans de guerre dite la "grande" ! y compris quelques mois d'occupation en forêt-Noire après l'armistice. Ayant vécu dans les tranchées avec les Poilus, ayant subi Verdun, il a rapporté de cette longue épreuve le culte de la camaraderie, la pitié pour les souffrances et le sacrifice des humbles qui sont toujours en première ligne... le sentiment du caractère dérisoire de toute guerre, l'attrait pour le pacifisme qui était déjà dans sa nature, un antimilitarisme affirmé, un certain scepticisme face à la hiérarchie militaire ! 
Tout ceci ne s'exprimait guère en paroles, car il parlait assez peu, mais dans ses dessins dont les plus expressifs ont constitué "L'album de la guerre de 14" où les héros s'expriment en langue d'oc avec le réalisme et la saveur des gens du terroir. Il a beaucoup crayonné dans les tranchées, entre deux bombardements ou deux attaques, avec des moyens très modestes et ces dessins se sont répartis entre ses compagnons d'infortune. 
Comme beaucoup de ses camarades, il partageait l'illusion que cette guerre, dépassant en horreur les précédentes, serait la dernière. Aussi, en 1939, quand Daladier a annoncé à la radio la nouvelle de la mobilisation générale pour une aventure du même genre, je l'ai vu pleurer..."

Postface "Dantoine vu par sa fille" par Lucie Dantoine. 

LES OIES DE GUINÉE DU 11 NOVEMBRE / Fleury en Languedoc.

Pour la fête du village, le cagnard pourtant bien exposé ne retentissait plus des blagues, moqueries et autres ragots coutumiers.
C'est qu'une baraque foraine se montait devant, une loterie où se gagnaient des oies de Guinée. 

Le tenancier venait de Courniou, dans l'Hérault, non loin de Saint-Pons, au pied des Monts du Somail, sur la route du Tarn.
Sa casquette et le mouchoir à carreaux sur le micro pour les postillons, complétaient l'ambiance rustique d'une époque où une volaille vivante ramenée à la maison causait le plus vif des plaisirs.
 

Il devait aller dans la soixantaine... j'allais dire plus mais on faisait plus vieux alors, à âge égal. De près ou de loin, la Grande Guerre avait dû le marquer.

Il devait y penser, c'est sûr, hors les heures d'affluence, quand il ouvrait et se préparait... Pouvait-il en être autrement ?

De l'autre côté du boulevard, au milieu des fleurs, depuis son poste d'observation, le Poilu du monument ne le quittait pas des yeux.
Il veille encore notre Poilu, donne à méditer et interpelle ceux qui le saluent intérieurement et qui ne craignent pas de croiser son regard.