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lundi 13 juin 2022

Le "EN MÊME TEMPS", à éviter !

Le "en même temps" est à éviter ! Libre à qui le souhaitera d'y noter un désaccord politique avec le monarque républicain qui fait perdurer la Constitution d'une Ve République pourtant en "mort cérébrale" : on ne peut être pour un jour et contre avec des promesses non tenues de révision, une politique génératrice de crises continuelles... Ne parlons pas davantage des députés godillots d'un président omnipotent et d'une opposition cristallisant les extrêmes, l'illustration du jour concerne le millefeuilles des règles et des lois et "en même temps", le grand écart entre la volonté déclarée et son application sur le terrain.  

Il y a les plus beaux mais jusqu'aux plus modestes sans trop de choses à montrer, tous les villages de France, porteurs de chapitres d'histoire, témoignent du vieux pays qui est le nôtre. 




Fleury-d'Aude, village sans prétention, et, en même temps, annexe sinon dépendance périphérique à Narbonne, dispose de deux monuments classés historiques : la tour Balayard et la chapelle des Pénitents...  Etrange ce classement (protection nationale) ou inscription (protection régionale), déjà qu'il illustre bien  l'embrouillamini compliqué et néanmoins ordinaire de nos administrations. Notons par exemple, à Coursan, que seul le clocher de Notre-Dame-de-la-Rominguière est classé. A Fleury, l'église Saint-Martin pourtant datée pour partie du XIe siècle, ne figure aucunement dans cette protection ; même remarque pour les restes imposants du château. 


En prime, les sites aimés par les habitants comme la dernière tour ronde restant des remparts, le porche, la rampe de la Terrasse (du château), la rue étroite dans un cœur de village aux petites maisons si serrées et imbriquées qu'on disait familièrement "la médina", l'escalier donnant, de suite à gauche sur la forge du maréchal-ferrant. Le tableau ne serait pas complet sans le Grand Café Billès, où les générations à différentes époques se souvenaient de la venue du ténor Affre, des parties de cartes, du billard, des bals, du cinéma, ou du judo ou du ping-pong, de la salle de banquets sinon du siège du rugby ; historiquement il ne devait rien représenter puisque sans aucun état d'âme, il devait disparaître pour des places de stationnement.  C'est aussi du "en même temps". 

"Le 13 mai 1996 cette magnifique construction fut démolie pour laisser place à un parking au centre du village" Les Chroniques Pérignanaises, de Pérignan à Fleury, 2009.  

Ainsi, les constructions, les démolitions doivent passer un contrôle supplémentaire, celui des Architectes des Bâtiments de France, de vrais cerbères au début, durs, stricts. Dans le périmètre de la chapelle, impossible de rabaisser le portail pourtant surdimensionné à l'époque des chariots de comportes ou de foin. 

Le problème est que, depuis l'abbé Pierre, le constat insatisfaisant concernant le parc de logements a amené le pouvoir à favoriser l'accession à la propriété en aplanissant les contraintes. Pour ne pas ajouter au mécontentement général, le contrôle si contrôle il y a, se fait lointain, les velux se multiplient, le plastique des volets roulants jure aux dépens des vantaux traditionnels en bois alors que l'esthétique de l'éclairage municipal et l'enfouissement des réseaux attestent de l'implication publique... 



A la réflexion bien que partielle des deux précédents paragraphes s'ajoute, toujours dans le périmètre immédiat de la chapelle, la réalisation, par la commune de 11 logements locatifs sociaux sur 600 m2 au sol, nécessitant la démolition de l'habitat ancien peut-être insalubre, peut-être en danger d'effondrement... 


Bien sûr, les Pérignanais de cœur, qui passaient, montaient ou allaient au pain, à "la douceur d'Aimé", chez le boulanger-pâtissier Monestier, avec, au comptoir, les sourires de sa dame et de sa fille qui reste dans nos souvenirs, dans ce "Centre ancien de la Placette" ainsi dénommé dans les transformations actuelles, ne peuvent qu'être troublés par ces démolitions. Espérons seulement que le résultat final ne jurera pas avec l'aspect ancien du "centre historique", la proximité de la chapelle des Pénitents, cela consolerait du temps qui nous pousse, d'une certaine dépossession et de l'émoi bien légitime pour qui tient à ses racines...