"Bleu royal" ? "Océan" ? "Pétrole" ? "Turquoise" ? Va savoir ce qui était marqué sur les cartouches du stylo-plume... Certains bleus passent au bleu, enfin, au flétri, au ressenti à peine visible du carnet intime, mais là le bleu à l'âme a tenu, moins délavé dans la copie double "intra muros" du format basique le plus usité alors.
A l'âme non ! cet écrit n'est pas empreint d'une quête, platonique ou non d'une amoureuse, non imprégné de ces pulsions animales que l'instinct pousse à fantasmer, c'est juste sur l'air des "Copains d'abord".
Ah ce titre dupliqué risquant, avec le temps, de ne plus rien dire du tout. Et cette concordance des temps loin d'être acquise et domptée... Et cailloux avec ce "X" au singulier ! Enfin, ne triturons pas le témoignage...
" Nous étions un beau jeudi de décembre le temps était beau malgré l'hiver qui s'avançait.../... je racontais à mes parents que j'allais jouer à la balle au Ramonétage. Avec Jean et "Jo" nous partions puisque "Mazot" ne pouvait pas venir car le petit voisin lui avait envoyé un cailloux sur l'arcade sourcilière avec son "flingot". Mais nous l'aperçumes venant à notre rencontre, vite je rentrais prendre mon couteau et je repartis, "Jo" avait prêté sa bicyclette à "Mazot" afin qu'il aille chercher son vélo que son frère avait pris au terrain de rugby. je dus porter mon camarade car on s'entr'aidait bien entre nous. Une fois arrivés nous décidâmes d'aller au "Peyral de Jacques" car depuis quelques temps on en parlait beaucoup. nous admirions la masse de beaux rochers rouges et nous montions en haut de la carrière. jean partit en grognant un peu et nous nous amusions à lancer des cailloux dans le vide. En descendant nous aperçumes, Grau, Roca, Hérail et Guiraud qui arrivaient avec un étrange équipement de cordes, de pitons et de torches...
Il était question d'explorer la grotte et sans le vouloir, tous trois nous nous mélâmes à cette grande aventure en compagnie de Grau, Roca, Hérail, Guiraud, Fontic, "Naf" et Sié qui, chef de l'équipe arriva le dernier. sans rien demander, sans le vouloir, l'équipe parût nous accepter, du moins pour la journée. préparatifs faits, Sié "le grand" décida de descendre dans la grotte. dès que j'ai entendu cela une idée me vint qui me fit un grand coup. : il était vraiment extraordinaire de penser à cette joie de la découverte. Sié et Grau avançaient courageusement dans les entrailles de la terre, à la conquête de paysages nouveaux.
Nos deux héros sont descendus beaucoup plus loin que lors de la première exploration. Ils atteignent la première plate-forme, 15 mètres plus bas environ. Actuellement il est au second pâlier et Grau l'a suivi avec vraiment beaucoup de courage. Roca ainsi que Guiraud ont voulu les suivre mais ils ont eu un peu d'émotion à côté du trou béant qui s'enfonçait dans la terre. Tous, l'oreille au bord du gouffre, nous suivons la péripétie mouvementée de nos compagnons comme des résistants la radio. J'ai porté de la menthe. Il faut la garder pour eux. Malheureusement on sera trop tentés d'y goûter jusqu'à la dernière goutte. Ils descendend maintenant un puits de 9 mètres qui s'enfonce encore plus. On entend leurs voix caverneuses qui sortent de l'orifice béant où nous sommes tous penchés. L'humidité fraîche qui vient d'en bas est très agréable. "Naf" trompe la longueur du temps en chantant et en racontant quelques "vannes". En bas ils en veulent toujours plus et ne content pas remonter de suite. Guiraud remonte un seau, vraiment vieux mais rempli de trésors, toutes sortes de stalactites de roches les plus variées et qui font l'envie de tous. Sié atteind le fond mais déclare au désespoir de tous que quelqu'un y est déjà allé avant nous. mais enfin, nous appre..."
Le papier du chroniqueur en herbe s'arrête là ! Une deuxième copie-double devait exister avec la suite... mais où ?
"Mazot", c'est comme ça que je l'écris alors avec l'impression que "Mazo" est un personnage de bande ou de dessin animé (1). Depuis je pense "Maso" sans le moindre rapport avec le masochisme... Finalement, "Mazot", en occitan, pour lui qui aimait tant émailler ses dires de languedocien, c'est le petit mas, phonétiquement et cela correspond bien aux domaines, aux campagnes et cabanots que nous avions autour du village...
Grau ? je me demande qui ça peut bien être !
Guiraud, Georges parce qu'André, le pauvre, nous a quittés que nous étions encore à l'école.
Bien sûr j'ai laissé toutes les étourderies et fautes d'orthographe.
Le prénom de Maso, c'est Joseph. Il est mort le 4 décembre. Je ne l'ai appris que ces jours-ci. On s'est revus à de trop rares occasions. Comme pour tous les autres, cette complicité qui s'est arrêtée avec l'enfance fait qu'un lien très fort perdure, lié à ces années, pour nous, et qui plus est, du même âge, entre la garrigue, les vignes, la rivière, la mer, au sein d'un village animé de ses gens et qui comme cadre remplissait, pratiquement à lui seul, la course de nos jours. Quand l'un de nous s'en va, c'est un peu de ce passé qui s'estompe, encore une page qui se tourne mais d'un livre qui, pour l'instant, à l'heure pourtant où les Terriens se mettent de plus en plus en danger, ne se ferme pas encore...
Georges Brassens a su le dire, à sa manière :
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort.
Oui, mais jamais, au grand jamais,
Son trou dans l'eau n'se refermait,
Cent ans après, coquin de sort !..
Il manquait encor."
(1) Placid et Muzo bien sûr ! Le renard et l'ours anthropomorphes !
C'est peut-être là, à gauche la carrière est cachée par la saillie laissée par le ou les carriers... Comme quoi tout s'estompe mais nous dirons, pour rester positifs, qu'il ne faut pas en perdre les bribes qui nous restent, que d'en garder des jalons permet parfois de reconstituer des morceaux d'un chemin de vie plus ou moins partagé...