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mercredi 3 décembre 2025

De NAIROBI au TANGANYIKA et retour (13)

Alors, avec cette facilité que nous avons à résumer une vie à un inconnu en moins d'une minute, je m'entends dire, en diagonale : Mayotte, le contrat, mon dernier garçon, le Languedoc, mon village. Parfois une hôtesse rouge kenya passe en racolant les retardataires... jupe ou pantalon, moulées visiblement sans contrainte, sans interdit sociétal voire religieux, elles ont l'arrière-train rebondi comme un globe terrestre, un cul de Black comme dit ma belle-sœur mahoraise, juste pour souligner ce qui est, en laissant à chacun l'implicite qu'il voudra bien y voir. certes, une plastique avantageuse sauf que j'y vois juste de quoi concilier la partie la plus charnue de notre anatomie avec la dureté des sièges... Ah, j'oubliais de noter un petit moelleux pour les rangées de ce côté, un molletonné réservé aux habitués... 

Il se dit Tutsi, catholique, monogame, trois filles... Quoi encore avant que tout ne s'efface ? que les tambours du Burundi sont reconnus non seulement en Afrique mais aussi à l'international (1), que la bière de banane de sa belle-mère est la meilleure et que c'est un juste retour des choses vu la dot qu'il a fallu rassembler... aux mâles de payer ! 

Bujumbura_Burundi_Lac_Tanganyika 2025 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur Edouard mhg (je ne suis pas le seul à coller parfois mon doigt devant l'objectif... 

Tout à coup me revient l'histoire de ce crocodile mangeur d'hommes : 

— Ah ! vous voulez dire « Gustave », le géant du Tanganyika et de la Rusizi ! Il a tué et mangé tant de monde ! (2)
 
Le crocodile plutôt ; la corruption, les tueries, mieux vaut ne pas engager la discussion sur ces terrains fangeux ou chacun en arriverait à presque défendre ses personnages en vue mais douteux. Il revient d'Addis-Abeba, d'une conférence de l'OUA ; lui aussi aime autant un sujet moins impliquant bien que lié à nos non-dits réciproques. En Afrique, c'est souvent adresser à un troisième interlocuteur non impliqué, ce qu'on n'ose pas lancer au visage du deuxième (on retrouve ce biais à Mayotte aussi). Ici, de lui à moi, afin de ne pas trop soulever les bassesses de nos pays respectifs, avec les coloniaux britanniques et le Kenya, la discussion trouve un sujet plus neutre, en trompe-l'œil, disons... 
Il a dit « Kikuyu » à propos des hôtesses, que les préposés à la propreté des toilettes appartiennent à des ethnies minoritaires, que le Jomo Kenyatta (l'aéroport porte son nom) de l'indépendance a eu le souci de ne pas déconstruire l'État colonial et non celui de faire nation, qu'il aurait été le Mandela, prisonnier puis président, du pays, que, modéré, gage d'une alliance de classe avec les colons, désavouant la révolte des Mau-Mau muée en criminalité extrême, il aurait permis au Kenya obligé de mettre fin à l'apartheid de rester sous l'influence du Royaume-Uni. « Apartheid », le mot terrible est lâché... entre parenthèses, c'est au nom de cette politique inacceptable que nous devrions détonner au sein des amateurs de rugby rendant un hommage aveugle aux équipes de France en tournée en Afrique-du-Sud. Certes au bas de l'échelle nous ne savions pas sauf qu'à présent que nous savons, c'est tomber dans l'indignité de faire comme si. 
Avec un tel voisin une bonne heure a bien coupé les six à attendre ; moins pointu sur le sujet, astreint à ne pas en rajouter, comme si la mesure avec nos monarques républicains était atteinte auprès d'un étranger ; en acceptant aussi de savoir écouter. (à suivre) 

Crocodylus_niloticus Lac Chamo Ethiopie 2012  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Bernard Gagnon

(1) « tambourinaire » ils disent, comme l'occitan en prononçant toutes les voyelles.  
(2) « Gustave », c'est un Français qui lui a donné ce nom. Ce spécimen, trois fois plus gros qu'un crocodile du Nil ordinaire, contrairement à ses congénères, ne peut se nourrir que de proies lentes. On lui attribue 300 victimes sauf que toute disparition lui est imputée. Né en 1955, il a échappé aux captures et son cuir compte nombre de cicatrices de balles. Vu et filmé en 2007 toujours par Patrice Faye, on ne sait pas ce qu'il est devenu depuis 2014 (ou 2016)... Si plus une mort ne lui est attribuée, vit-il toujours ? Il serait âgé de 70-75 ans... ces crocodiles peuvent devenir centenaires...