Une page remarquable au style bien envolé, à lire sans hésitation aucune ! L'auteur aurait pu signer !
http://archives-du-sensible.parc-naturel-narbonnaise.fr/sensible/site_portrait/site/2016/bataille-de-la-berre/bataille-de-la-berre.html
« … Gratias …/… “La fù bataille
grant et merveilleuse”. Ce plateau caillouteux, au nord-ouest de Sigean,
est connu pour un célèbre combat qui opposa en 737 les Francs de Charles
Martel, “insigne guerrier”, aux
armées musulmanes de Omar Ibn Chaled. La carte de Cassini, levée vers le milieu
du XVIIIe siècle, y situe un lieu-dit “Champ de Bataille”. Si le souvenir de
cet événement persiste, véhiculé par une vieille et vague tradition, le lieu et
les conditions de l’affrontement restent incertains. Les chroniques médiévales
et les sources arabes demeurent lacunaires ; selon les Chroniques du
Continuateur de Frédégaire (3ème continuateur, 736-752), la rencontre se
déroula près du “super fluvium Birram in
palatio valle Corbaria”, près d’un palais situé sur les bords de la Berre,
dans la vallée des Corbières.
En 737, Charles assiège Narbonne, barre “le fleuve Aude par un ouvrage en
forme de bélier” et défait sur les bords de la Berre l’armée de secours venue
d’Espagne. “Les Sarrasins vaincus et leur roi tué prirent la fuite. Ceux qui
échappèrent voulant utiliser des barques, se jetèrent dans l’étang marin et
s’entremêlèrent. Mais les Francs sur des navires et armés de javelots, se
ruèrent sur eux et les noyèrent dans les eaux. Ainsi vainqueurs... les Francs
prirent beaucoup de butin, firent une multitude de captifs et ravagèrent...
tout le pays de Gothie (1)”
Mais revenons sur nos deux mots clés. Gratias : en action de grâce pour la
victoire, deume : la dîme des poissons offerte par les pêcheurs des étangs à
Notre-Dame-des-Oubiels... Le plateau de Gratias devenait dans l’interprétation
de Mgr Barthe de Portel (1912), un “monument d’action de grâces” en l’honneur
de la Madone des Oubiels, cette “Reine de la Victoire reconnaissante” qui mit
fin à la domination sarrasine. Mais chacun opère la lecture qui lui convient…/…
Pour se livrer à un Cers qui déracine ou se couler dans la fluidité des choses.
Au printemps, le vent s’y répand comme une lumière et remplit tout le paysage. La feuille nouvelle de la vigne et du frêne, la pointe verte du figuier s’y balancent comme des brindilles de clarté dans le soleil du matin. Une grande paix frémit dans l’espace, une brillance nous pénètre sans heurt. Debout, immobile dans le vent qui passe sur les pierres, avec comme seul objectif : l’ombre légère des nuages qui court sur l’échine des serres. Pulsation de la lumière pareille à un souffle, une respiration. Le vent nous rend à notre destin premier : la seule présence au monde.”
Au printemps, le vent s’y répand comme une lumière et remplit tout le paysage. La feuille nouvelle de la vigne et du frêne, la pointe verte du figuier s’y balancent comme des brindilles de clarté dans le soleil du matin. Une grande paix frémit dans l’espace, une brillance nous pénètre sans heurt. Debout, immobile dans le vent qui passe sur les pierres, avec comme seul objectif : l’ombre légère des nuages qui court sur l’échine des serres. Pulsation de la lumière pareille à un souffle, une respiration. Le vent nous rend à notre destin premier : la seule présence au monde.”
(1) " ... Charles Martel revint sous les murs de Narbonne, triomphant et chargé de
dépouilles ; mais ennuyé de la longueur du siège de cette ville, et rappelé
dans la Nord par la mort du roi Thierry IV, il abandonna la Septimanie, qu’il
eût pu conquérir, brûlant et détruisant tout sur son passage, et ravageant
cette malheureuse province, presque autant que les Sarrasins eux-mêmes, sous
prétexte de leur ôter tout moyen de nuire." A. Ditandy.
Port Mahon Sigean Wikimedia Commons Autor Jacques Le Letty |