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dimanche 18 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (18).

Vendredi 21 juin 2024.

8h 25, fin du petit déjeuner, le camion parcourt gaiement (c’est contagieux) les rampes qui ramènent sur l’autoroute : plus qu’une centaine de kilomètres avant la frontière, le premier panneau indiquant « Pilsen », « Prag » loin derrière tels celui qu’ils guettaient alors… en famille sur la nationale 14, un peu plus haut au nord, à partir de Nürnberg où revenaient les souvenirs de cette camarade de leur mère, astreinte au travail pour les nazis et qui y trouva la mort, à vingt ans, sous un bombardement allié, celui aussi du grand-oncle Staňek, sommé, en tant que responsable de fabrication de machines-outils à Holoubkov, d’aller y prendre les ordres de l’occupant nazi (1939 – 1945)... Comme une plaque « CS » pas si fréquente qu’une « CZ » actuelle les mettait en joie ! Comme les sapins et épicéas du Bayerischer Wald, de la Forêt Bavaroise, si semblables à ceux du  Český les, la forêt tchèque (Böhmischer, de Bohême, en allemand) ouvraient au contentement de retrouver leur souche à moitié slave ! Hormis Vohenstrauß avant et Waidhaus à la frontière, le cachet historique des villes traversées n’accrochait plus. À Vohenstrauß, étape ultime avant la frontière, se présentait la dernière possibilité d'acheter :

«… Km 1505. J’ai tourné à droite sur la route de Plzeñ, et nous sommes à Vohenstrauß. Nuit dans la voiture à 1h30. Lever à 8 heures. Petit déjeuner DM 10+1=11 DM. Je dois faire quelques achats pour Stáňa. En face du café où nous avons déjeuné, dans cette avenue large et vide qui descend en une pente peu commune, je remarque un marchand d’outils agricoles. Faucilles, serpettes, faux, scies et marteaux divers se partagent la devanture. Justement il voudrait une faux « Leur acier est meilleur que le nôtre », m’a-t-il dit. Un coup d’œil dans mon petit dictionnaire de poche : faux, n.f. se dit Sense, n.f. Je lui achète donc une ‘Sense’ et une pierre à aiguiser (ein Schleifstein). Plus haut, nous verrons un grand magasin qui offre des robes et des pulls en soldes. Jiřina achète deux robes et un pull-over. Quelques fruits, du papier photos qui fera la joie de Honza (il a prévu un petit labo photo avec ses lampes bleue et rouge), et nous partons. Il est dix heures.

1518 : Waidhaus et 1525 Frontière à Rozvadov, de 10h35 à 12h05… »

Voyage de 1964. François Dedieu. 

 

10 Stadthalle_Vohenstrauß Wikimedia Commons Author btr Permission GFDL

Vohenstrauß, c’est encore une lourde chope récupérée sous le barnum d’une fête de la bière chahutée. 

Vohenstrauß, sous le soleil et sur une aire vaste, équipée de l’essentiel, avec les framboises d’une haie, en campagne, là où derrière une halle des fêtes, une formation musicale où les cuivres donnent ce cachet “ Europe Centrale ” si transfrontalier… Tonton Stáňa (1929-2015) ne disait-il pas que Tchèques et Bavarois avaient une même origine, autre que nordique ?

Vohenstrauß sous une pluie fine propre aux vents d’ouest entrant profondément jusqu’en Europe centrale, et ces affiches trempes et brillantes d’un concert d’Udo Jürgens (1934-2014), compositeur et interprète de « Merci Chérie », grand prix de l’Eurovision 1966. 

Vohenstrauß, c’est joli, propre, ordonné, vert, bucolique et aussi à une vingtaine à vol d’oiseau du camp de concentration de Flossenbürg (30.000 morts)…

 

Le poste frontière allemand encore debout en 2009. Photo de Djazatti. 

 

Le même poste frontière en 2012. Photo de Florian.

À Waidhaus, avant que ne tombe ce Rideau de Fer, si, côté RFA, le contrôle restait bienveillant, les enfants avaient déjà pour consigne de ne surtout pas se faire remarquer lors du passage du poste tchèque.   

Rozvadov, le poste-frontière tchèque, années 60. Carte postale.
 

2024. Arrivée en République Tchèque. Assez de cette longue côte suite au long examen sourcilleux par tous ces uniformes militaires, policiers, douaniers, triés sur le volet pour leur engagement communiste. L’indication, côté allemand, « Vous quittez la République Fédérale Allemande », que l’on s’aventure dangereusement hors le monde libre, est manifeste ; le petit ruisseau coule en bas, paisible, entre les deux pays, sans que rien ne dévoile les terribles dispositifs de verrouillage fallacieusement présentés en tant que défense contre les occidentaux menaçants… (à suivre).  

samedi 17 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (17).

Würzburg 2005 Domaine public Author Christian Horvat. Au premier plan le vieux pont ; sur la hauteur, la forteresse de Marienberg avec son donjon central, résidence des princes-évêques depuis la fin du XIIe, délaissée au XVIIIe par les prélats pour la Residenz baroque. Un puits profond de 104 mètres assurait une autonomie en eau en cas de siège.  

Alte_Mainbrucke_in_Wurzburg, Vieux pont sur le Main du XVe avec 12 statues baroques de saints.

La bretelle de l’A3 est à portée ; elle coupe le long des pistes, dans les zones aéroportuaires avant de se lancer, en diagonale, à travers toute la Bavière, en direction de l’Autriche ; on comprend vite le pourquoi des trois voies de front : la vitesse y est libre pour les bolides tout à gauche ; sur celle du milieu, comme cela a toujours été le cas lors des précédents voyages, les camions qui ne perdent pas de vitesse dans les côtes, les doublent. Circulation assez dense malgré la nuit qui avance, mais fluide. En forme, le chauffeur avale les kilomètres, Aschaffenburg (Bavière), Würzburg (1) (ce n'est pas la ville de la saucisse « wurst » !), plus loin encore car les parkings sont à ras bord de poids-lourds certainement en train de respecter les temps de pause réglementaires. Il faut carrément sortir de l’autoroute. 

00h 13, arrêt-nuit à Niederndorf-Herzogenaurach (à une vingtaine seulement de Nürnberg) ; 230 km parcourus depuis Francfort, 685 pour la journée.

Vendredi 21 juin 2024. 

 

Au matin. Une zone d’activité au milieu de landes, d’espaces verts qui incitent à ne penser ni dire « zone industrielle ». Au centre du rond-point, un ballon de foot XXL, justement celui de l’Euro 2024 (2). Passe un monsieur à vélo avec, en duo, dans un trot coulé très maîtrisé, son chien en laisse. 


Six heures et quelques, plus bucolique qu’industrieux le coin, le camion au repos en témoigne. Pourtant, l’exploitation d’après voyage en apprend de belles. Herzogenaurach, comme souvent en Allemagne, illustre le mariage entre ville moyenâgeusement historique et économie contemporaine : de belles maisons à colombages et aussi le siège d’Adidas et Puma ; s’ils ne sont pas là par consumérisme ou pour leur faire de la pub… du moins concernant le vieil Indien plus que Florian, le fils… ce qui est dit des deux firmes est des plus étonnant : Adi Dassler a fondé Adidas, son frère Rudi, Puma. La suite reste édifiante sur la mésentente entre les deux, la haine même comme le laissent entendre Tristan Gaston-Breton et Pascal Garnier dans Les Échos, en date du 25 juillet 2014 « Adi et Rudi Dassler, la haine en héritage ». À Herzogenaurach, on regarde quelles chaussures porte celui à qui on peut ou ne pas parler, des bars, des boutiques sont Adidas, d’autres Puma, de même pour deux équipes de foot ainsi que pour le ramassage scolaire des enfants d’employés, suivant sur quelle rive de la rivière on se trouve. Il est interdit de se marier entre les deux firmes. Ce pourrait être de l’histoire ancienne puisque les deux frères ne sont plus (Adolf [1900-1978], Rudolf [1898-1974]), mais leur histoire très liée à celle du sport depuis les JO de 1936, à la chronique violente du XXème siècle aussi, s’est envenimée à cause de l’aîné jaloux des capacités novatrices du cadet dans la marche de l’entreprise. Coups bas, trahisons à coups de millions de dollars, Coupe du Monde 1954, Melbourne 1956, Stan Smith 1968, Mexico et Pelé 1970, autant de jalons qui obligent à considérer les deux marques autrement qu’à travers pub et “ marketinge ”… Passons sur le troisième larron aujourd’hui loin devant… “ Niky ” comme disent nos cousins québécois (3)

Herzogenaurach Hauptstraße 2006 Domaine public Author Tilman AB

6h 40. Départ. Ce n’est qu’une heure après que le navigateur émerge d’un second roupillon… il faut dire que le confort des sièges à l’avant reste remarquable, trente ans après leur première utilisation.

7h 40, autobahn A6 suite à l’évitement de Nürnberg, aire de l’Oberpfälzer Alb, 145.873 km, 70 km 

depuis le pays des frères Dassler. Petit déjeuner. En face, bien que sur un parking ouvert à tous les regards, un chauffeur athlétique lithuanien, d’un de ces fourgons omniprésents sur le réseau européen, fait ses exercices avant une toilette poussée. Spartiate. En amont, huit femmes d’un même minibus, déjeunent et échangent gaiement, attablées autour d’un de ces équipements en dur qu’offrent certaines aires pour se sustenter. (à suivre)

 (1) Würzburg, pendant plus de 800 ans aux évêques et autres princes-évêques, se situe environ à mi-distance de Francfurt d’un côté (120 km), Nürnberg de l’autre (110 km). 

(2) Le 17 juin, en phase de groupes, France 1 – Autriche 0, le 18, Portugal 2 – Tchéquie 1, le 19, Allemagne 2 – Hongrie 0. 

 (3) https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/aujourd-hui-l-histoire/segments/entrevue/477542/adidas-puma-freres-dassler-soccer