La colonisation à Mayotte, ce sont d’abord les Arabes dont est issue
une élite métissée de kabailas, de nobles, se réservant la pratique de
la religion (les mosquées historiques ne pouvaient recevoir qu’une
poignée de fidèles), et laissant volontairement dans l’ignorance la
population autochtone qu’ils peuvent ainsi assujetir, exploiter, vendre
et exporter en tant qu’esclaves.
Ces élites sont surtout subordonnées au sultan d’Anjouan
qui dispose de Mayotte à sa guise et organise des razzias de
mercenaires malgaches qui, lorsqu’ils ne sont pas engagés, pillent et
font des prisonniers pour leur propre compte. Aux exactions venues
d’Anjouan vont s’ajouter les raids venus de Madagascar et plus tard, la
traite européenne. Ces criminels iront jusqu’à planifier leur prédation,
laissant aux misérables populations indigènes le temps de se
reconstituer et l’un de ces scélérats aurait même laissé entendre que
l’île est un vivier clos idéal où il suffit d’attendre que les esclaves
se reproduisent !
Au XIXème siècle, c’est la France qui, au nom
de sa "mission civilisatrice et de protection", va perpétuer cette
exploitation inhumaine. Il n’y a plus que 3300 habitants (et seulement
350 originaires de Mayotte environ) dont une majorité se regroupe sur la
position défendable de Dzaoudzi. La Grande-Terre est pratiquement vide
d’hommes. Il n’empêche qu’à partir de 1843, date de la cession
"officielle", la cupidité des aventuriers de la canne à sucre voudrait
transformer l’île en pays de cocagne. Si la rentabilité de
l’exploitation sucrière tient du mirage, l’esclavage, l’indigénat, le
travail forcé qui l’ont accompagnée relèvent malheureusement d’une
triste réalité historique.
La situation sera, en cela,
comparable, mais plus tard, à Mohéli où, en 1865, le colon Lambert,
favori de Djumbé Fatima Ière, reine malgache, se retrouve propriétaire
foncier de l’île. Á la Grande-Comore, en 1885, Humblot, « ... un
paisible collectionneur d’orchidées... / ... qui cachait en lui l’âme
ténébreuse d’un Pizarre... » (Philippe Decraene / Le Monde du
01/12/1972), en accord avec le "tibé", le grand sultan, dispose des
terres qu’il va rétrocéder aux planteurs (au bout de quelques années,
plus de la moitié de Ngazija va leur appartenir).
Pardon pour
ce long préambule sans lequel, la clique de menteurs, d’usurpateurs, de
bonimenteurs de l’Histoire, aujourd’hui menée par Ikililou Dhoinine
(Youkoulélé Idoine, pour le plaisir de la caricature), continue d’y
aller de ses manœuvres d’intoxication. Parce qu’il faut dire, qu’à leur
échelle, les Comores sont aussi coupables d’impérialisme et de
colonisation, dans l’Histoire et aussi dans un passé bien plus proche !
En effet, lorsque le XXème siècle vint heureusement consacrer
l’émancipation des colonisés, la France, désireuse de se désengager,
encouragea l’emprise comorienne sur Mayotte par des lois. Celle de 1961,
notamment, a légalisé les faveurs faites aux Comoriens aux dépens des
Mahorais : les fonctionnaires favorables aux Comores, les «
Serre-la-main » sont nommés aux postes clés tandis que les « Sorodas »,
partisans de Mayotte département français, sont exilés sur les autres
îles. Les aides de la métropole iront seulement aux zélateurs de Moroni
dont le camp s’exonère des impôts, pique allègrement dans la caisse et
s’attribue, pour quelques roupies de sansonnet, d’immenses superficies
de terres. Ainsi personne n’est sans savoir qu’entre Poroani et
Chirongui, l’une des rares plaines facilement exploitables de Mayotte
appartient aux héritiers de la famille Abdallah, le bon musulman qui,
par l’entremise de ses "mapinduzi", revendait le riz offert par l’aide
internationale... De même la zone portuaire (300 hectares !) a-t-elle dû
être rachetée par la Collectivité (donc nos impôts), au prix fort, à un
ex-coprésident des Comores...
En quel honneur, au nom de
quelle morale, un légalisme forcené devrait-il de la sorte officialiser
des spoliations frauduleuses avérées (excusez le pléonasme) ? Le bon
droit ne relèverait donc que de l’utopie ? L’honnêteté devrait donc
toujours s’apparenter à une faiblesse indéfendable de doux rêveurs ?
« Ra hachiri », restons vigilants contre cette bande de malfaiteurs
organisés, se cachant derrière les mensonges, dont celui de la défense
du peuple alors qu’ils n’ont pas honte de passer, dans leurs grosses
voitures (1), à côté de la misère qu’ils entretiennent !
(1)
étonnant pour un pays "moins avancé", le parc automobile de BMW !! Et
quand, en 2011, la fondation des Comores écrit « Parce que le destin il
faut le provoquer, et que nous sommes un tout petit pays de 800.000
habitants, presque l'effectif du groupe BMW... », on se demande si c’est
du cynisme, de la provocation ou la nue expression d'une vérité !!!
Sources historiques diverses dont Jean-François Hory pour les faits
contemporains et plus particulièrement la loi de 1961 et ses
conséquences.
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
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