mercredi 28 décembre 2022

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI (5)...

 C'est la période qui fait repenser aux lotos au village dans ces années 60-70. En relisant, dans Fleury-d'Aude en Languedoc, les quatre volets qui lui sont consacrés (il suffit de taper "loto d'antan" dans la recherche). Dans le quatrième article, j'ai repris les petits mots qui accompagnent les numéros à Sigean et à Olonzac avant de chercher comment les lotos peuvent s'organiser à présent (je pense que c'était plus simple avant même s'il fallait, comme pour les bals du Fleury Olympique, tricher finement pour faire passer une part des recettes à l'as). Enfin, d'un site à l'autre, une belle page d'Occitanica s'est proposée sur ces tournures en occitan qui rendaient les parties de loto si plaisantes, et sans lesquelles les soirées de "grandes parties" n'auraient pas eu autant d'attrait... 

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI...

Mais qu’est-ce qui a fait qu’après plus de 500 ans d’existence, le loto n’existe pratiquement plus ? Certes, on se prend à penser à ces siècles passés, marqués par les façons de vivre à l’opposé, d’une minorité de privilégiés à côté d’une masse de « gens de peu ». Néanmoins, les gens modestes disposaient de biais pour échapper à la dureté de leur condition et plutôt que de toujours se venger (souvent violemment, la violence représentant une réaction naturelle à l’ignorance, aux superstitions) sur des boucs émissaires (vagabonds, sorcières, alchimistes), heureusement que les occasions de faire ripaille ne manquaient pas en plus des dimanches, une quarantaine de jours chômés dans l’année (le calendrier religieux s’accompagnait de fêtes profanes, de banquets et de danses). De là à imaginer des tablées de joueurs dans les cabarets ou les tavernes plus peuple...

De nos jours, une association loi de 1901 peut organiser jusqu’à six lotos dans l’année mais en répondant à plusieurs impératifs. En premier lieu, il faut que ce soit au profit exclusif d’un groupe sportif, culturel, éducatif ou social sinon de charité et non pour faire des bénéfices.

Ensuite, il ne peut concerner que la population locale, à la rigueur les villages voisins sans qu’une publicité en soit diffusée au-delà... c'est sans compter sur la portée planétaire des réseaux sociaux !). De toute façon, les gros lotos comme ils ont existé au niveau départemental (tel le loto « Étoile » avec des voitures et même une villa à Narbonne-Plage !) ne sont plus réalisables.

De plus, l’offre de cartons ne peut dépasser vingt euros (mais qui empêche qui que ce soit de prendre deux séries de cartons à vint euros ?) ; pour diverses raisons, les lots en argent, en volailles vivantes, en gibier, ne sont pas autorisés (les chèques cadeaux, les bons d’achat le sont, la viande doit être tracée) ; la majorité des lots doit provenir des entreprises locales, des banques, assurances, de la mairie... 

En respectant ces conditions un loto peut être organisé (une déclaration en mairie qui souvent mettra un local à disposition, une demande en préfecture peuvent éviter des désagréments). De même, il faut garder la comptabilité de la partie afin de répondre à un éventuel contrôle des Impôts. 

photo pixabay autorisée

Le hasard du tirage des numéros doit être garanti (est-ce que les jetons avec les numéros gravés le garantissaient ce hasard ?).

Certes tout ce « cahier des charges » et obligations, visant à éviter tout détournement, participe au contrôle toujours plus strict des flux monétaires, l’ensemble des citoyens devant être contraint à cause des tentations qui peuvent vite transformer tout un chacun en margoulin... Alors, plutôt que de se laisser aller à une morosité induite par le corsetage toujours plus serré des libertés, repartons baigner dans l’ambiance chaleureuse des lotos d’un temps évanoui. 


mercredi 21 décembre 2022

FIGUERAS, FIGUERES...

Teatre-Museu_Dalí_(Figueres)  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Maksim Sokolov

Figueras, un peu la même chose que Rosas, mais sans la mer. Figueras, la ville de Salvador Dali ; il y est né, il y a dirigé la réalisation de son musée dans les ruines du théâtre incendié lors de la guerre civile (inauguré en 1974) ; son corps embaumé y repose alors qu'il souhaitait rejoindre sa muse et épouse Gala, au château de Pubol (vers la Bisbal d'Empurda). 

Figueres_-_Rambla_Sara_Jordà Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication Author Zarateman

A Figueras, si on peut se dégoter un truc sympa à becter, une paella sur la rambla en bonne compagnie par exemple (je parle avec la familiarité des jeunes que nous étions), on n'ose pas passer le seuil du restaurant Duran, de grande renommée, fréquenté par une classe sociale pouvant dépenser plus alors que la nourriture de tous les jours impacte fortement le budget, qu'un menu de riche est bien plus cher... Des différences qui se sont d'autant plus resserrées avec le temps que l'alcool est prohibé au volant, que les mœurs ne sont plus aux menus pantagruéliques, qu'on peut commander à la carte, que chez Duran le menu est aujourd'hui (déc 2022) à 28 euros et 17 € pour le plat et le dessert, des prix plus que raisonnables concernant une maison de renom où Trénet, Brassens, Sydney Bechet sont passés. Sur la rambla, contrairement à aujourd'hui, moins d'établissements et pas encore les terrasses en extension sur l'espace public que la municipalité doit encourager pour des raisons élémentaires à comprendre.   


Plus vieux quoique relativement jeune, datant du XVIIIe siècle, le château Sant Ferran de Figueres, une des plus vastes forteresses d'Europe mais qui m'était, jusqu'à ce jour, complètement inconnu. Par contre, les arènes, on les voyait quelque part à droite en arrivant, réservées alors aux courses de toros. Quelques uns de l'excursion sont même allés voir... 
En 2022, quand chez nous, pour ménager tout le monde (le fameux "en même temps" du président Macron), on refuse de contrarier une "tradition", en Catalogne, par contre, la pratique en est interdite depuis 2010. Si Madrid a annulé la décision en 2016, de fait, les arènes de Figueres, achetées par la mairie abritent un gymnase, des salles de sports, un complexe de musculation, de saunas et jacuzzi... un non sans concession à la "corrida espagnoliste"... "la tortura no es cultura"... (Plus étonnant, la télévision nationale s'est déjà prononcée contre la corrida en 2008, un avis auquel l'Etat s'est opposé en 2010). 
     
Dommage, ce ne sont pas des allumettes en cire... 


En plus des achats habituels, le moscatell catalan, entre autres vins d'apéritif, cuits ou non, mutés peut-être. On le trouve dans quelques bodegas, de ces échoppes qui ne vendent que ces produits à la tireuse, bien présentés dans des tonnelets