jeudi 20 juillet 2023

RESÈTE

Tiens, le stade s’appelle Louis Michel ? Louise, le prénom féminin est plus connu, même à Sète.

A proximité de la gare (« Terminus en gare de Sète »), le pont levant nous stoppe, l’occasion de dire un mot (on ne fait que ça !) sur ceux de la ville pouvant justifier une vision moderniste, très moderniste de « Venise méditerranéenne » loin de rappeler la Sérénissime. Cinq ponts tournent et se lèvent, afin et seulement pour quelques minutes, laisser passer les bateaux, pas les gros,  plutôt entre l’étang et la ville, là où les péniches du canal du Midi n’arrivent plus.

Autres personnalités liées à la ville :  

* Jean Rodor (1881-1967), parolier et chanteur. Son nom va avec celui de Vincent Scotto (Sous les ponts de Paris (1913), La Vipère (1921), Ramuntcho (1944), etc., ainsi que l'adaptation française de Reginella. Il meurt à Paris. 

* Louis Izoird (1886-1974), compositeur de La Caissière du Grand Café (1914) ; et avec Jean Rodor Le Légionnaire (1911).

Pas étonnant si Sète suivait assidûment les sorties de chansons à la TSF. Dans la famille Brassens, toute la famille chantait... Georges connaissait toutes les chansons de Charles Trenet (1913-2001)... Ils ont eu chanté ensemble mais ce n’est pas allé plus loin, l’entente, l’amitié n’ont pas pris... Ne seraient-ils pas spéciaux, ces quelques uns au-dessus du lot, suivis, imités, idéalisés ?  Ces célébrités ont quelque chose de plus que le commun des mortels, déjà le caractère pas toujours facile à suivre, sûrement. 

Charles_Trenet-1977 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic FileAlain Meilland Charles Trenet printemps de bourges 1977.jpg Paul kiujcom


Avec Ramuntcho, j’aimais écouter Les lavandières du Portugal, C’est l’histoire d’un amour (Gloria Lasso), les Gitans (Les Compagnons de la chanson). Et au milieu, mais sur des disques prêtés par les filles Comparetti (non, pas Italiennes d’origine, Corses par le papa, Sébastien, une belle personne qui m’a marqué, mécanicien de son état jusqu’au tour où il s’attelait à usiner les pièces introuvables), surtout Le parapluie de Brassens vers 1957-58, ce qui tendrait à prouver qu’il a percé et eu du succès malgré les radios, grâce aux récitals, aux tournées (on ne l’entendait pas sur les ondes d’État ; par contre les critiques agressives ne manquaient pas « toutes les chansons se ressemblent », « et dzin et dzin, comme Guy Béart », « il dit des gros mots », « Ièu te lou foutrio en tolo » lançait mon grand-père menaçant de la prison, mais pour rire, comme pour les chanteurs à cheveux longs)... Le p’tit ch’val dans le mauvais temps me touchait et continue de me toucher beaucoup (les chevaux, les ânes, mulets parmi nos animaux familiers, et les chats contre ceux qui, forts de leur domination, envoient leurs chiens attaquer).... Et « La Mer » de Trénet bien qu’avec les années, comme envers un versatile qui vous oublie puis tient à vous, j’ai eu et j’ai toujours un reproche à faire, oh juste pour un petit « des » mettant le « Golfe » au pluriel, aveu de sa part d’une fidélité relative au Narbonnais.  

Sardane et Gegants 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur photographe anonyme pour Canet-en-Roussillon

« La mer, qu’on voit danser, le long DES golfes clairs... », le Golfe du Lion, exclusif méritait qu’il chantât « DU »... mais prenez-le de la part de qui ça vient, d’un ver de terre mal sapious, qui s’en sait mal, trop susceptible bien que sous la semelle d’un géant (Trenet s’est quand même installé sur la Côte d’Azur et Brassens en Bretagne). Je l’adore pourtant, Charles Trenet, aimer étant accepter l’autre tel qu’il est... D’ailleurs, je ne sais plus où est passé le CD et ça me tarabuste, croyez-le bien... La sardane, Mes vertes années, Que reste-t-il..., Boum, Tombé du ciel... Une agante, j’en ai eu une aussi avec Brassens, avant de vite me raviser pour Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part : la différence entre ceux qui disent « Je suis de là et j’aime » et ceux qui impliquent agressivement leur lieu de naissance « Je suis de là et vous, pour cette raison, ne me valez pas ». 

mardi 18 juillet 2023

SÈTE 19. Brassens (fin).

Brassens_TNP_1966 Domaine Public Photo retouchée BnF à l'origine de Roger Pic (1920-2001).

Georges_Brassens_TNP_1966 Domaine public Auteur Roger Pic (1920-2001).

Brassens, souvent en trompe la mort (encore avec ce titre de novembre 1976 où il reprend « c’est pas demain la veille, bon Dieu, de mes adieux... », à quelques mois de savoir qu’il a ce cancer), chantant la présence de la camarde mais qui sut si bien en faire une compagne familière afin de nous la faire accepter sans provoquer de notre part une fuite affolée de toute façon vaine (elle nous l’a quand même pris en lui ôtant la guitare des mains, à soixante ans à peine !), nous dresse, avec sa fausse supplique, un des plus tendres tableaux qui soit sur le plaisir de la vie. Une chanson de tous les symboles : sept minutes dix-neuf de durée, en dehors des standards diffusables, il n’en a rien à faire, il fait salle comble tant en France qu’à l’étranger ! Brassens toujours à mettre en avant la liberté, sa liberté. Quoi qu’il en soit, sa chanson sur la mort est pleine de vie, d’une vie qui est là, elle, alors passez-moi les projections sur celle qui serait ailleurs, au-delà, avec les « derniers qui seraient les premiers »...

Entre la ville et la corniche, nous avons peut-être parcouru les deux tiers du tour du mont Saint-Clair. Maintenant côté Thau, remontons en suivant la traversée de la ville pour les pressés, le chemin de fer aussi, sans la corniche, les abords du cimetière de Valéry, le port, la ville des canaux et des ponts. Un cimetière relativement moins marin que celui de « la mer toujours recommencée » penche, regarde pourtant vers le bleu de l’étang. C’est ici, dans le cimetière Le Py, dit " le cimetière des pauvres ", que repose Georges Brassens, pas tout à fait dans son caveau de famille plein comme un œuf où reposent sa mère (1887-1962), son père (1881-1965). Il est avec sa sœur, de neuf ans son aînée, si complice (elle lui signait les bulletins scolaires en cachette des parents...), là où Joha Heiman (1911-1999), « Püpchen », la compagne à qui jamais il ne demanda la main, l’a rejoint. Il y a une croix sur la tombe. Et alors ? Une croyance empêcherait -elle l’esprit critique et la liberté de ton ?

J’essaie de ne pas bafouiller cette marche macabre si prenante et pimpante sauf que je suis le premier à me laisser prendre, à en rester presque estabouzi, pantois, déconfit... arroseur arrosé.   

Georges_Brassens_photo de 1978 prise par Bruno Tosi Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported