vendredi 7 janvier 2022

DERRIÈRE LA FÊTE, LE PARC DU CHÂTEAU. Balade à Salles-d'Aude.

Oh ! comme ce titre évoque le grand Meaulnes, le roman si célèbre : la jeunesse qui, des environs, va à la fête, un château et son parc. Mais le parallèle s'arrête là ; nous sommes à Salles-d'Aude et à l'atmosphère brumeuse d'Alain-Fournier répond la lumière du Sud, fin septembre, même sans les joyeuses colles de vendangeurs dans les vignes...

<< Chères Salloises et Sallois,

Le Maire et les élus en charge des festivités avaient prévu de relancer les animations à dater du mois de janvier 2022, accompagnées de la fête foraine sur la place Germain Canal.

Force est de constater que les services de l’Etat ont pris la décision de renforcer les mesures sanitaires ( variant OMICRON ).
De plus, plusieurs forains sur lesquels nous comptions afin d’assurer notre fête locale, nous ont informé de leur impossibilité d’être présents, étant eux même atteints par la COVID.
C’est le remord dans l’âme* que nous nous voyons contraints de ne pouvoir assurer les festivités telles que prévues....>> 

* "la mort dans l'âme" : correction faite sur la page facebook. 

Était-ce pour fêter un des Julien du calendrier ou Basilisse (1), démembrée puis décapitée pour cause de chrétienté ?  S'il n'y avait la municipalité pour informer des annulations dues au covid, on en oublierait la fête du village, un temps trois jours autour du 7 janvier. 

Pour clore, decrescendo, les fêtes de fin d'année, nous partions en groupes à Salles voir la fête foraine, souvent par un dimanche après-midi... Je parle pour nous autres, encore scolarisés, qui n'allions pas là-bas pour danser. Et puis, à Fleury, nous avions déjà bien profité des festivités de la Saint-Martin, ensuite de Noël et du jour de l'an, d'où le "decrescendo" de tout à l'heure. Une balade, une sortie ; la route passait par le four à chaux, en bas des oliviers qui, déjà plus le théâtre de guéguerres entre les boutonneux attardés des deux villages, servaient peut-être encore de lieu de rendez-vous amoureux. A Salles, les tirs, les loteries, l'odeur de nougat, les manèges, les autotamponneuses, les musiques et lumières arrivant à peine à estomper l'idée trop présente du lundi trop proche, des grilles, de la masse du lycée-prison à Narbonne. 

Une partie des attractions s'installait devant l'église Saint Julien et Basilisse, entre le square avec le monument aux Morts et le mur du château, dominé par un Christ monumental, peut-être ce qui reste de l'enceinte démolie en 1920. 

Le château de Salles, un temps domaine viticole, à présent à la mairie on dirait, avec un parc en bordure de la départementale, avec une aire de jeux... Fin septembre, covid oblige, en attendant les résultats du test (la pharmacie est en face), l'occasion d'aller voir surtout que nous avons tant tendance à négliger ce qui, pourtant à deux pas, nous reste inconnu. Qui plus est, un parc, des arbres vénérables, certes à la main de l'homme et pourtant si nature, et la satisfaction de profiter d'un bien jadis réservé à une élite sociale possédante... Si, si, ce n'est pas anodin dans un village ensuite socialiste... même si, en ce moment, la page politique narcoleptique LR.UMPS semble bien tournée, serait-ce vers des horizons incertains...     

(1) dans son dictionnaire topographique de l'Aude, l'abbé Sabarthès ne retient que saint Julien.

Une pensée pour Francis, qui a longtemps travaillé à Saint-Pierre et qui vient de nous quitter, à 71 ans... 

 Note : exceptionnellement les photos prises par un matin lumineux sont techniquement assombries, en plus du couvert initial sous les arbres, pour cadrer avec une nostalgie certaine sinon le spleen lors de la visite poussée plus loin.

Pin d'Alep.

Un cyprès on dirait... pour cause de contre-jour.

Un piboul, peuplier d'Italie ?

Laisser les arbres morts : une tendance actuelle très écolo... tant qu'il n'y a pas menace sur la personne...

 
Au milieu, ce qui fut peut-être jadis, une pièce d'eau avec nénuphars et poissons rouges... un peu le jardin de la Révolution à Narbonne, où les mariés se faisaient photographier... 

Et quand l'internet avoue ses faiblesses pour quelques photos légères en pixels, une seule solution, reprendre avec un nouveau post...

jeudi 6 janvier 2022

LES OISEAUX (2) A Mayotte aussi...

 https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/12/toi-et-les-petits-oiseaux-1.html

"Toi et les petits oiseaux" j'écrivais pour évoquer ce joli monde volant et chantant devenu rare, malheureusement. Mais pourquoi ce "1" annonçant une suite, or, rien, pas de brouillon en cours, juste quelques notes prises à la volée. Pour ne pas me dédire, l'inspiration du moment va-t-elle me servir ? 

"Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es."

Et si avec quelques mots sur ce que j'entends et peut voir depuis ma terrasse, ou lire grâce à la petite bibliothèque qui me fait l'honneur de résister encore au climat et aux bébêtes des tropiques ? 
Loin dans la lecture des poèmes de Baudelaire, dont, vers 1995, il restait un exotisme pas encore complètement gâché, des vers sur une nature a priori généreuse, de fil en aiguille, me ramènent aux oiseaux, cette fois, de Mayotte. 
 
"Au pays parfumé que le soleil caresse" (A une dame créole 1841 Les Fleurs du Mal)

"Une île paresseuse où la nature donne 
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
des hommes dont le corps est mince et vigoureux
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne..." (Parfum exotique. Les Fleurs du Mal)

Là encore, concernant la nature, les hommes et les femmes comme tout a changé en moins de trente ans, il ne reste du monde encore dépeint par Baudelaire, que les cartes postales, sable badamier cocotier pour touriste voulant rendre jaloux autour de lui. Je vais avoir du mal à fermer cette parenthèse quand me parviennent les feulements cruels d'une tronçonneuse qui arrivera à mettre à bas les derniers manguiers centenaires. Malheur ! Un engin qui devrait être interdit à la vente ordinaire... Qu'il y ait un port de tronçonneuse comme il existe le port d'arme... L'Occidental en a-t-il pour autant la légitimité d'un donneur de leçon quand, avec la productivité en priorité absolue, nous avons éliminé nos haies, démembré pour remembrer une cohésion fragile que seule une chimie toujours plus agressive peut maintenir et qui à terme ne tient plus... 
 
Foudia_madagascariensis_-_Wüstenhaus_5 licence et auteur  spacebirdy  CC-BY-SA-3.0

Nectarinia_regia-Souimanga wikimedia commons Author Aviceda at English Wikipedia
 
Il y a quelques jours, les petits martinets migrateurs chassaient en zigzaguant, des couples de bulbuls se disputaient le territoire, un foudi, appelé cardinal bien qu'en habits de noce vermillon, babillait sur la pointe coupée d'une palme de bananier... Des présences agréables certes. Pas rancuniers ils chantent pour notre plaisir mais nous devons prendre conscience que ce petit peuple disparaît : moins de foudis, de bulbuls, de martinets, de corbeaux-pies, de martins tristes, de souimangas, ces adorables colibris locaux. Même le courol vouroudriou qui n'a pas tout pour plaire puisque sa vue perçante en fait un redoutable chasseur des caméléons qu'il assomme sur une branche avant de les avaler, semble moins commun. Et si peu de hou hou hou du petit hibou repoussé toujours plus loin pour cause de campagne qui se bétonne. Inquiétude même pour la chouette effraie qu'on n'entend plus si souvent lorsqu'elle se poste en début de nuit, elle qui régule la populace des petits rats des champs moins sympathiques et plus puants quand ils viennent s'installer dans les maisons. Ajoutons les pigeons des Comores toujours braconnés... 

Leptosomusdiscolorcrop courol vouroudriou wikimedia commons Licence Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author frank wouters from antwerpen, belgium , België , Belgique

Finalement, avec mes oiseaux de Mayotte en deuxième volet, il faudra repasser pour un numéro 3 : les passionnés de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et leurs observations cette fois sur les bords du Golfe du Lion, le valent bien.