mercredi 1 octobre 2014

Mayotte en Danger / LES RATÉS DE LA RÉFORME : ça grippe dans les villages !



A Chiconi, tout va bien selon le conseiller pédagogique, larbin, s’il en est, de sa hiérarchie. La mairie fait ce qu'elle peut... c'est à dire que ce sont les parents qui assureraient la dînette et qui seraient chargés de la surveillance... Résultat : deux accidents, deux bras cassés dans la semaine... Faut-il s’en étonner ?  

A Ouangani, un bon nombre de gosses traîne dehors (ont-ils quelque chose à manger ?) en attendant la reprise des cours.  

Dembéni : 1 euro a été demandé aux parents pour des assiettes en inox pour compenser le fait de manger par terre... pardon, sur une natte... qui plus est payée par les instits qui se sont cotisés... !!
Une réforme sur le dos des autres, c'est indolore pour ceux qui l’imposent ! 

A Bandraboua dont l’allégeance politique aveugle a fait appliquer les rythmes dès l’an dernier (mais qui n’a rien reçu pour autant), les enfants mangent par terre... mais peut-être que les collations ne sont plus apportées par un camion-benne, comme ce fut le cas par le passé.

A Tsoundzou 2 où la femme de l’inspecteur en lieu et place, nommée comme par hasard « maître + », avait la possibilité de récupérer les gosses, les parents ne supportent plus la réforme « aberrante », qui plus est sans garderie, ni restauration. L’école a donc repris les horaires antérieurs... la vice-recteur l’aurait demandé et toléré pour les dix jours qui restent avant les vacances d’octobre... 

Demain, la maternelle de Mangajou embraye sur la réforme... Ne manquez surtout pas le prochain épisode ! 


Moralité, il n’y a rien à attendre de « sinistres crétins (1) » au service exclusif d’une administration d’Etat dont le fonctionnement tient toujours du néocolonialisme. Profondément antidémocratique, il consiste à imposer des « oukases »... comme disait l’inspectrice de l’an dernier « Je dois tenir mes objectifs ! ».
« Mayotte est hors sujet quant au débat sur les rythmes scolaires. » (L’Alsace / avril 2011) ; Madame Nathalie Costantini (2) devrait méditer cet instant de lucidité d’un prédécesseur plus connu, il est vrai, pour ses considérations sur l’accent des îliens et l’utérus des Mahoraises, monsieur François-Marie Perrin...    

(1) on doit ce constat sans fioriture à Natacha Polony (le Figaro) (v. articles antérieurs).
(2) Comme les préfets Degos (18 mois seulement à Mayotte) ou Witkowsky (18 mois aussi) peut-être obtiendra-t-elle un poste au ministère pour services rendus à ces technocrates des cabinets ? Ces « grands » serviteurs qui ne servent que leurs intérêts particuliers et ne savent plus rien de l’intérêt général. 

PS : deux reportages à la télé sur les manifestations des parents depuis lundi !!!

photo autorisée : commons wikimedia.

mardi 30 septembre 2014

Mayotte en Danger / TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

Mais pour le préfet et la vice-recteur, TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

Suite à une énième réunion préfet-vice-recteur-maires (24 sept.), Anchia Bamana, maire de Sada, a livré son analyse au micro de KweziFM :

« A mon avis pas vraiment d’avancée, à part qu’on nous a dit qu’on va nous écrire pour nous dire qu’on aura les 144 euros par an et par enfant... »

A propos du repas chaud dû aux enfants :
« ... les conditions de mise en place de cette prestation n’étant pas réunies, nous, nous disons donnez nous les les moyens avant sauf qu’on nous dit faites et on verra après... »

Concernant l’encadrement, alors que la CAF semble préconiser 1 animateur pour 12 enfants, le vice-rectorat 1 pour 14 enfants et la DJSS 1 pour 8 enfants (1), madame le maire fait ses comptes, sur la base de 2 animateurs par classe, donc, pour 72 classes à Sada, 144 animateurs sont nécessaires (respect à minima de la réglementation) :
« L’État va nous verser 300000 euros mais un contrat c’est un salaire brut de 618 euros donc 618 x 144, je crois qu’il faut 800 000 euros fois 10 mois enveloppe de 8 millions d’euros. » (2)

Anchia Bamana poursuit :
« Nous n’avons pas cet argent à Mayotte et Sada est parmi les communes sous le contrôle de la Cour Régionale des comptes. »

Le journaliste intervient alors en citant les communes de Bandraboua et Mtsamboro qui ont avancé l’argent voici un an et qui, à ce jour ne sont toujours pas « remboursées » !

La maire de Sada poursuit :
« Cela fait partis des péripéties. L’expérience menée à Mtsamboro et Bandraboua n’a pas du tout été concluante. J’aurais pu vous amener les images prises d’enfants qui mangent par terre. On ne peut pas demander à un maire d’accueillir des enfants dans ces conditions. Et les 144 euros ce n’est que le périscolaire... » (3) Nous continuons à revendiquer les moyens. Chez moi la réforme n’est pas mise en place. En avril, dans un des bâtiments d’une école de Bandrani, le plafond s’est effondré. Les écoles sont dans un état de délabrement très avancé. Quand on vit dan la peur de savoir que cela va s’effondrer sur la tête des élèves... Nous avons demandé une subvention de 1,2 millions d’euros et pas de réponse pour la rénovation... Faire des efforts mais qu’on nous donne les moyens pour la partie garderie, ne parlons-pas encore d’activités périscolaires... Dans certaines communes, les familles donnent le repas, il y a un frigo (Tsingoni) mais cela ne suffit pas. Donnez-nous les moyens plutôt que de dire faites et on verra après... Je n’ai pas mis en place la prestation garderie comme nous le dit madame le vice-recteur pour le moment... Les dix millions dont on parle, on demande qu’ils soient débloqués en 2014 mais j’ai cru comprendre que si on multiplie par le nombre de communes, ce n’est pas du tout suffisant ; j’ai délibéré pour la dissolution du SMIAM, qu’on nous fasse confiance, je suis prête à assumer la construction des écoles. »

(1) Comment peut-on accepter des normes aussi élastiques suivant l’organisme d’État qui les préconise ?
(2) Erreur de l’édile qui se trompe d’un zéro : 88 992 euros représentent la paie des animateurs pour un mois soit 889.920 euros sur les dix mois de l’année scolaire, ce qui dépasse déjà les capacités de la mairie.
(3) Bien sûr, pour la préfecture et le vice-rectorat, TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

photos : Mayotte / école abandonnée.