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dimanche 19 octobre 2025

Coup de mer déc. 1997.

« Bien cher Jean-François, 

            Nous voici enfin rassurés après ton appel téléphonique d'hier lundi 12 à onze heures, nous annonçant ton arrivée après ce grand voyage mouvementé. Tout est bien qui finit bien, mais tu te serais certainement passé de certaines émotions fortes que tu n'es pas près d'oublier (1). 

Samedi 17 janvier 1998. Hier le soleil n'a fait que de timides apparitions, nous avons eu droit à quelques petites averses ; aujourd'hui, grand ciel bleu et soleil généreux. Finalement nous ne sommes pas allés à la mer, le temps n'y invitant nullement. Il fait toujours aussi doux, je n'allume le grand poêle qu'un jour sur deux, on se contente d'une flambée dans le Godin du premier. 

Mes yeux évoluent « lentement, très lentement, comme dit le maître affineur Maurice Astruc dans la publicité du roquefort. 

[...] j'ai entrepris depuis deux jours le tri des vieux papiers ; il y a de quoi faire. Hier j'en étais aux lettres de monsieur Sanchon (2), beaucoup plus nombreuses encore que ce que je croyais. La plus ancienne (pour l'instant) m'a causé un petit choc affectif. 

« Paris, le 19 mai 1927
Chers amis, 
Nous recevons à cet instant des nouvelles d'Etienne (NDLR : son frère, notamment facteur à Fleury, qui vendangeait pour nous de même que leur propre père, le vieux carrier) nous annonçant la mort de Mme Dedieu ; nous sommes surpris et navrés de ce qui vous arrive, jamais nous n'aurions pensé une chose pareille, car elle avait une santé vraiment bonne et florissante. 
Nous prenons part à votre douleur et veuillez agréer, chers amis, l'expression de nos sincères condoléances. 
Mr Rimont (FD : père de madame Sanchon, Maria) qui avait gardé un si bon souvenir de vous, se joint à nous pour vous souhaiter une rapide convalescence et une bonne santé à tous. 
Mme et Mr Sanchon. » 

(FD : papé Jean avait alors une attaque très grave de tuberculose pulmonaire, avec “ caverne ” caractérisée au poumon, il devait s'en sortir presque miraculeusement, après une longue maladie et avec une volonté de fer pour la suralimentation, alors que dans ce cas on n'a nulle envie de manger. Je me souviens de nombreuses boîtes qui avaient la forme bizarre d'un petit obus, contenant une poudre de viande que je trouvais nauséabonde pour mes narines d'enfant de cinq ans). 

Tu l'as compris, il s'agissait de la mort, à 61 ans seulement, de mamé Isabelle (3), mère de papé Jean, que j'avais à peine connue, elle qui m'appelait (ce devait être dans son esprit une immense preuve d'amour) “ le soldat de la Vierge Marie ” alors que je ne devais jamais être véritablement soldat... Stani nous rachète tous deux à ce sujet ! 

Je croyais être à court d'idées et voilà que j'en suis à la fin de ma deuxième page, au moment d'aller chercher le pain... A tout à l'heure donc... J'abuse des points de suspension (4), mais comment faire autrement, sauf à écrire comme Bohumil Hrabal qui se moque royalement d toute règle de ponctuation ? 

Episode méditerranéen Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 Travail personnel Babsy.

Dimanche 18 janvier 1998. Avant-dernier dimanche de janvier : le temps passe et les jours s'allongent, on s'en aperçoit surtout le soir. Hier samedi, il faisait beau, nous sommes allés passer l'après-midi à Saint-Pierre, où les bouteurs (recommandation officielle pour “ bulldozers ”) ont commencé à épandre sur la plage les véritables montagnes de sable tirées des rues et boulevards, mais il y a beaucoup à faire pour retrouver notre station estivale (5). Le frigo, le congélateur sont hors service ; l'humidité remonte toujours, laissant du blanc au sol, le carrelage n'en finit pas de suer. Il faut dire que le cers a particulièrement brillé par son absence et des journées comme celle d'hier sont bénéfiques mais trop rares.  

Aujourd'hui le ciel est gris pour le moment, la température est à peine à cinq degrés — dix heures du matin tout de même ! — J'ai allumé le grand poêle du bas. 

Je vais pouvoir conclure cette première lettre de 1998 en te souhaitant plein de bonnes choses , courage et satisfaction dans ton travail. Le bonjour à tous ceux que je peux voir encore, mais qui se font plus rares au fil des ans, avec les retours en métropole ou autres mutations. 

Tendres embrassades de nous tous, et à bientôt de tes bonnes nouvelles. 

Papa. (mentions manuscrites « François, maman Jiina » 

PS : aujourd'hui 19/01 température 14° mais froid annoncé pour demain (3° le matin et neige un peu partout sauf étroite bande côtière médit.)  

(1) et bien si, justement, complètement oublié, difficile de revenir sur ce voyage pourtant à part, avantages et inconvénients de la relation téléphonique... les écrits, eux, restent... 

(2) Emmanuel Sanchon (15.01.1892 Fleury-d'Aude / 24.03.1986 Fleury). 

(3) Isabelle ? je vois « Peyre Anne (27 mars 1866 Esplas-de-Sérou, 21 avril 1927 Fleury) » Merci Josette pour tes recherches généalogiques ! 

(4) à qui le dis-tu ! 

La “ digue-promenade ” en direction du camping municipal (Saint-Pierre-la-Mer). 

(5) violente tempête des 16-18 décembre 1997 sur le Golfe du Lion (Roussillon et Languedoc) se traduisant par des pluies diluviennes (aigat) sur les reliefs et une immersion marine (30 ? 40 cm au-delà de la “ digue-promenade du camping ” laissant du sable jusqu'aux boulevard et rues de la station balnéaire de Saint-Pierre-la-Mer, au pied du massif de La Clape.  

Autre vue de la digue-promenade, l'été, en direction du Sud.