Affichage des articles dont le libellé est rat. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est rat. Afficher tous les articles

samedi 7 juin 2025

BLANCS ou VOLEURS, ces MEUNIERS ? (5)

Une mine ce livre à aligner tant de détails intéressants et singuliers sur une activité révolue, plus encore quand on manque de références personnelles... tout le monde n'a pas eu un meunier dans ses aïeux ! 

Le blanc est la couleur dominante, assortie à la farine ; la tenue du meunier, veste, pantalon, béret, en atteste de même que la blouse qui les faisait reconnaître au milieu des blouses bleues ou noires. 

Régulièrement, un “ qu'est-ce que c'est ? ”, un « qu'es aco, qu'es aco ? » vient illustrer de ses devinettes la richesse de la langue occitane : 

« Quatre domaiseletas vestidas de blanc que se siegon e se podon jamai trapar ? (Quatre petites demoiselles vêtues de blanc qui se suivent et ne peuvent jamais s'attraper ?) « Las alas del molin » (Les ailes du moulin). 
Sinon, deux autres « domaiselas » qui font du blanc ? Les deux meules (1). 

Et les chats, ils étaient blancs aussi ? Peu importe, l'essentiel est qu'il soient là contre les souris et les rats ; en nombre, à trois ou quatre, en plus des pièges, pour dire si les rongeurs étaient nombreux ! Et des rats parfois gros à faire peur aux chats ! Misère, des tripailles de souris dans la farine ! Alors on fait venir le magicien, il n'a pas la flûte du Rattenfänger, de l'attrapeur de rats de la légende à Hameln mais accompagne son bâton qui pointe tous les coins du moulin de ses formules marmonnées. Il ne reste plus, toujours en grommelant, qu'à jeter le bâton à un carrefour... Un bâton bien droit, à l'écorce pelée, travaillé, manière de tenter le passant ignorant que la gent trotte menu va derechef se retrouver chez lui ! 
Vous n'y croyez pas ? Moi je le laisse le bâton, je ne le regarde que de loin, je le contourne ! 

Du rat au voleur, il n'y a guère (2) et c'est vrai que cette réputation a toujours poursuivi le meunier, l'occitan raconte encore que le farinier troue le sac, vole la farine et dit que c'est le rat, sinon que si ce n'est pas le cas, il en a quand même la mine... pas de fumée sans feu en quelque sorte...  

Mesures_de_capacité_en_bois_après_1793_(décalitre,_litre,_demi-litre) 1793 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Auteur Daieuxetdailleurs


Pour se payer, le meunier remplit une mesure, de ces mesures en bois qu'on voyait encore dans l'armoire de l'école, un dixième bien tassé et surmonté du “ pointu ”, un ponchut, une pyramide surmontant le tout. 
Pour payer le client, le meunier fait couler doucement la farine dans la mesure, ce qui aérait un volume moindre de farine. 
Cet aspect du commerce faisait partie du folklore, des plaisanteries réciproques, du genre 
« Tu m'as volé plus que les autres ! 
— Mais non, c'est pareil pour tout le monde ! », réponse du meunier. 
Jusque dans les proverbes : « Change de meunier, tu ne changeras pas de voleur ». 

Alors, les meuniers ? des riches ou des gagne-petit ?  

Meules décoratives du square de la Batteuse toujours appelé « Jardin Public ».

 
 
(1) La bonne vitesse des meules « se voyait à l'oreille ». L'écartement se réglait afin d'éviter plus que tout que la farine ne se “ rumât ”, qu'elle ne roussît point
(2) Un colis de mes parents m'étant parvenu troué, afin de se dédouaner, le préposé, peut-être de Mayotte ? avait fléché le trou et commenté « C'est le rat »... Pour sûr, un pli de saucisse sèche ne peut qu'attirer des convoitises !