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dimanche 25 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, “ Tchécoslovaquie ” (25)

Très beaux tableaux de nature, de cultures aussi, avec comme en Allemagne, en France, de gros tracteurs costauds ; un paysage de collines, vallonné. Presque comme autant de doigts écartés de la main, “ quadruplettes ”, les rivières   marquent une unité de ce plateau de Bohême, en accord avec la présence ancienne du peuple tchèque telle un coin enfoncé chez les Germains (1).

Anecdote, petite histoire dans la grande, pourtant non sans rapport avec la géographie. Donc, quatre rivières un peu en éventail, Uslava, Uhlava, Radbuza, Mže, sur presque 120 degrés du SSE à l’Ouest, toutes venues du bourrelet montagneux frontière avec l’Allemagne (seule la Mže a sa source de l’autre côté). Et tout se rejoint pour former la Berounka, affluent de la Vltava (surtout ne plus dire Moldau, un tchèque, Smetana, en étant l’auteur) à Plzeň, la ville de l’ouest, capitale d’une bière inégalable, sur l’axe Prague-Nürnberg. 

Radbuza_v_Bělé_nad_Radbuzou_září_2023 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Author Lubor Ferenc

 
Bělá_nad_Radbuzou_most_přes_Radbuzu_červen_2022 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Author Lubor Ferenc

Quelle plénitude, avec le beau temps, par une circulation confidentielle que même une objížďka, une déviation sur route cabossée, n’arrive pas à gâcher. Radbuza paisible, apaisante devrait-on dire, telle ces rivières d’avant, claires, poissonneuses avec un lit de mèches d’algues flottant dans l’eau, ne suscitant pas d’inquiétude. Plus de pêcheurs, de nos jours, au plaisir des berges… « Vzala to voda a život jde dál... » c'était avant... l'eau l'a pris et la vie va plus loin... À Bělá nad Radbuzou un pont de pierre de huit arches, six piliers avec chacun la statue d’un saint rappellent avec modestie le pont Charles, si emblématique de Prague, la capitale. La route, le cours de la Radbuza arrivent à Horšovský Týn. Sous l’emprise de l’Autriche puis de l’Autriche-Hongrie, sudète sous la première République tchécoslovaque, du IIIe Reich sous Hitler, la petite ville (Bischofteinitz, oui il y avait un évêque au XIIIe) a vu la majorité de ses habitants expulsée suite aux décrets Beneš. Tournant, destin tragique pour une localité vieille de 840 ans aux maisons bourgeoises anciennes entourant la place. 

Domažlice_pohled_z_Domažlické_věže_září_2023 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Lubor Ferenc

 
Dolní_brána_(Pražská),_Domažlice 2013 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Rohud

Nous sommes dans la région de Chodsko ; Domažlice sa petite capitale n’est qu’à une dizaine de kilomètres… les rues pavées, sa porte monumentale, sa tour penchée reste dans leurs mémoires car ce n’est qu’en haut des 194 marches de la tour qu’attendait une baba (grand-mère) pour encaisser la visite. Domažlice, c’est là-bas que tonton Stáňa (1929-2015) a passé les deux ans de son service militaire… seulement quelques échos furtifs sur cette période, d’abord que tonton rechignait à rentrer chez lui en permission, ensuite, qu’il était le protégé de la femme du médecin militaire… Un lien entre les deux échos ?

Plus sérieusement, Chodsko reste une entité où traditionnellement, par contrat avec le roi de Bohême, les habitants devaient garder la frontière avec la Bavière. La défaite des Tchèques protestants à la Bataille de la Montagne Blanche (2), si elle ne changea rien entre les plus humbles  (les paysans des deux côtés ont cohabité paisiblement durant 1500 ans « Ils sont comme nous, disait mon oncle Stáňa ! ») marqua le début des tensions contre la classe dominante étrangère. Défenseur des Chodskes, en conflit avec Wolf Maximilian Laminger von Albenreuth, le hobereau local, Jan Kozyna (1652-1695), meneur charismatique bien qu’analphabète, de son peuple de paysans, est exécuté à Plzeň en 1695. (à suivre)

(1) D’où viendrait l’image d’une Tchécoslovaquie “ saucisse ” dans la bouche du Reich ? C’est vrai que la forme allongée du pays pourrait légitimer la comparaison. L’a-t-on fait dire à Hitler ? 

(2) 1620, Bila Hora, une des premières batailles de la guerre de Trente Ans, au pied d’une colline défendant Prague contre le comte Tilly (v. l’article sur Tillyschanz) menant les catholiques. Les États protestants de Bohême sont défaits, Frédéric V électeur palatin, “ roi d’un hiver ” doit s’enfuir, la liberté religieuse est supprimée, les meneurs protestants sont exécutés sur la Place de la Vieille Ville, Staroměstské náměstí. La Bohême vient de perdre son indépendance pour 300 ans, les élites optent pour la langue allemande, rabaissé, le tchèque ne connaîtra un renouveau qu’au début du XIXe siècle.