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mercredi 14 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (15).

Löf 2015 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Wolkenkratzer.

Löf, au moins un deuxième pont qui n’existait pas sur la Moselle (de nombreux bacs pour piétons ou véhicules multiplient (multipliaient ?) les possibilités de traversées). Il faut le prendre en sens inverse pour l’emprunter par l’autre voie, grimper sèchement, de plus de 300 m. sur un plateau formant la pointe nord du Hunsrück. L’autobahn 61 qui y a trouvé un terrain favorable pour déplacer rapidement, inflige sa blessure de modernité aux forêts à peine grignotées par les cultures. Avec ses quelques lacets, la descente sur Boppard permet d’apprécier un versant boisé.

 

En bas, le Rhin dans sa trouée qualifiée d’héroïque lorsque son cours entre Bingen et Coblence doit traverser, littéralement trouer le vieux massif schisteux rhénan (les Ardennes en font partie). Une vallée encaissée néanmoins mise à profit par les hommes avec, sur chaque rive du fleuve, une route et la voie ferrée (un “ opportunisme ” dont le réseau autoroutier s’est affranchi… ici comme partout ailleurs). Il semblerait que la 61 a été construite dans les années 70. Donc, en 1965, dans ce voyage retour, la circulation devait être bien plus dense qu’en 2024. Pas plus de poids-lourds en route que stationnés, tout passe en effet sur l’eau ou le rail. Entre les convois de barges et les trains propres à l’Allemagne jusqu’au type de motrices, Florian, libre de photographier sans limite, est à son affaire. Une halte d’une heure, en cela aussi, toute latitude.   


 
Tranquille, le coin, pas de poids-lourd à l'horizon...

Seulement 112 kilomètres séparent l’arrivée effective sur la Moselle du débouché sur le Rhin. À côté du trafic ferroviaire plus commun, ce qui ici est aussi inédit qu’admirable est cette circulation de barges au gabarit européen, fortes de pousser une vague d’étrave calculée vers l’amont, anticipant, en descendant, la courbure brusquée du fleuve qui bute contre une avancée rocheuse vieille de millions d’années. Plus encore que la Moselle, le Rhin forme la matrice de tout un réseau fluvial et de canaux vers la plaine des Hauts-de-France jusqu’à la Pologne au nord-est, vers l’Europe centrale avec le Main, la liaison avec le Danube et au bout la Mer Noire… La trouée héroïque, sur une soixantaine de kilomètres, voit le Rhin plus étroit, la pente plus forte, le courant puissant. 

Burg_Katz_und_Loreley 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Jörg Braukmann

On en oublierait de lever les yeux vers les nombreux châteaux médiévaux désireux de marquer leur mainmise sur leur tronçon de fleuve. À proximité du Burg Maus, le château de la souris, le Burg Katz, le château du chat, au-delà, vers l’amont, le rocher avec tout en haut, la Lorelei, belle femme qui peigne ses cheveux d’or en fredonnant. Cette voix, enchanteresse, attire le regard du marinier. C’est le passage le plus étroit avec des rochers immergés, les eaux y sont violentes : dans un état second, le pilote perd et son embarcation et la vie… sa destinée était dans le chant de la Lorelei. Le romantisme se nourrit de légendes.

 

« Ich weiss nicht was soll es bedeuten              (Je ne sais ce que cela signifie

Dass ich so traurig bin ;                                   Que je sois si triste ;

Ein Märchen aus alten Zeiten… »                    Un conte des temps anciens… )

 

Lors de ces cours de langue qui ne nous apprenaient pas à échanger, axés qu’ils étaient sur le grammatical et  l’étude de la littérature allemande (avec monsieur Cabrol), il reste des bribes que le lyrisme rythme (et qu’une traduction subjective peut mettre à mal). La Lorelei a inspiré Heinrich Heine (1797-1856), les voyages ne font pas que nous déplacer, ils inspirent, alimentent le romanesque et gardent joli nos passés…  

Comme pour parfaire le débouché de ce trajet, Bingen avec le Maüseturm, sa tour des souris, sur son île... (à suivre).