7h 55, le TGV est à l'heure. C'est à peine si Vias, l'aéroport, Agde, le Canal, l'Hérault, me dérident l'esprit.
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| Plage_de_la_Baleine,_Sète_-_aerial_view-0596 2021 license CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons) authors Raimond Spekking & Elke Wetzig |
Avec le lido, par contre, un électrochoc : octobre 2014 depuis mon île, un Thalassa à la télé, un mot d'un New-Yorkais sympa, pas de cet ordinaire étasunien méprisant, dégustant des huîtres face à la mer radieuse. « Magnifique » qu'il laisse échapper.
Un mot pour une atmosphère toute de calme, de beauté, d'harmonie, de volupté aussi à mâcher l'huître grasse, et moi je retrouvais mes dix ans dans la Dauphine “ bleu séraphin ” de papa nous emmenant à la plage, mes dix-neuf à aller saluer la Barjasque de Saint-Pierre-la-Mer (1), le train, mon cœur gros de tant de départs que cet Américain tailladait à vif. J'avais réagi « Mais qu'est-ce que je peux bien foutre, moi, si loin de ce bonheur ? » sous le titre « O sole mio » d'une émotion qui, dix ans plus tard, pique toujours au coin des yeux.
Puis faire le deuil de Brassens à la tombe modeste, de Valéry “ plus marin ”, des ponts qui tournent, des bateaux qui partent, des pêcheurs ou marins au long cours qui trinquent, de la Sète joyeuse des fêtes du 15 août (la Saint Louis), des zézettes, tielles et recettes de poulpe...
Montpellier-Sud-de-France, soleil timide, changement ; imaginant qu'elle part sur Paris gare de Lyon, je salue la dame à la fenêtre, souriante et aimable, pas recluse du tout dans sa lecture ; la rampe est en pente douce mais longue à pousser les deux valises ; à vouloir rejoindre le quai en question, pas le loisir de réfléchir à un accès plus commode. Encore le stress.
9h 11. TGV 5062, voiture 18, place 44, zut, pas dans le sens de la marche. De l'autre côté du couloir, un qui avec sa valise prend deux places, regarde et écoute son film sur téléphone, sans écouteurs. Haies de cyprès, vignes et vergers du Gard.
9h 35 Nîmes-Pont-du-Gard. Une jeune fille demande à s'asseoir, le malpoli s'empresse, signe d'un savoir-vivre tout de même... Un château dans les Pins à droite, ensuite le Rhône à passer, bien trois fois pour se retrouver rive gauche.
10h 15. Valence TGV. La fille descend ; un gaillard, valise à main, ordinateur, dans ses dernières paroles avant de boucler son coup de fil en débouchant « Dakar », prend la place qui vient de se libérer. Quelques mots au voisin apparemment plus correct qu'il ne semblait sauf que les vidéos vont revenir ; j'entends « écouteurs » dit sans animosité de la part du gaillard... pas de réaction, pas de suite désagréable non plus, une paire d'heures, faut supporter... L'entrée industrieuse de Lyon, les usines, les ateliers SNCF et toutes ces rames en réparation sinon en attente de rayonner toutes directions.
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| Lyon_3e_-_Gare_de_Lyon-Part-Dieu_-_Vue_depuis_le_parking_des_loueurs 2021 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur Romainbehar |
11h. Départ de Lyon-Part-Dieu. J'ai vu « Le Crayon », bordé le Parc de la Tête d'Or mais manqué le passage du Rhône avant la montée et le tunnel débouchant déjà sur le plateau des Dombes. Toujours des souvenirs, simples étincelles mais en gerbes, globalement nostalgiques, incluant le mal parfois des vingt trente ans, désormais sans pouvoir de nuisance, érodé par le temps...
« ...Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ? »
Le ciel est, par-dessus... / Sagesse (1881), Paul Verlaine.
(1) la tente et les roseaux, la véranda de carabènes des copains sur le sable...
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