Voilà cinq ans, je recueillais ses mots pour les transcrire. Et pourtant quel plaisir de relire ce qui était aux trois-quarts oublié ! C'était en 2015 pour ceux qui ne rechignent pas à remonter dans les archives. J'espère que ça ne vous embêtera pas non plus...
"... Quand on faisait des coups de traîne à dix, douze mailles, j’ai eu porté deux, trois-cents kilos de rougets quand même ! Y avait de tout, des demoiselles, des maquereaux, ils faisaient des sous et moi j’étais payé avec un lance-pierre, je débutais... Pendant une paire d’années, j’étais pas payé : il fallait apprendre, on était matelots et ils en profitaient.
Le geste auguste du traîneur. |
"... Quand on faisait des coups de traîne à dix, douze mailles, j’ai eu porté deux, trois-cents kilos de rougets quand même ! Y avait de tout, des demoiselles, des maquereaux, ils faisaient des sous et moi j’étais payé avec un lance-pierre, je débutais... Pendant une paire d’années, j’étais pas payé : il fallait apprendre, on était matelots et ils en profitaient.
La
vente du poisson... une fois j’ai fait un gros coup, té, en face de chez
toi, à droite du poste... Eh bé, c’était pour la fête de Sète, oui pour
la Saint-Louis ; là j’avais que des copains : on fait un bol on en a eu
une quinzaine, vingt kilos, des loups, et des beaux, de belles portions de deux, trois kilos.
On
remet le filet dans la barque. Un me dit « On pourrait faire un bol de
l’autre côté, Marc y est allé, y a un trou, il pourrait y avoir quelques
loups ! ». Allons-y, c’était tout près, on calait à trois cents mètres. On va,
on cale, je te dis pas : trois-cents-cinquante kilos de loups et des pièces de trois, quatre kilos !
en partant du verbe ramender, peut-on dire ramendage des filets ? |
- Qu’est-ce qu’ils peuvent manger si regroupés ?
-
J’en sais rien ; c’était dix, douze ans avant que j’achève, alors entre
1980 et 1982. E aro, per vendre aco ? ( Et maintenant, pour vendre ça ?)
Je me débrouillais, j’avais des ramifications, je servais des restos à
Port-Vendres et personne n’en voulait ! Jusqu’à Monaco, Nice, Marseille !
Couchanlegi est venu le chercher : y en avait trois-cents-vingt kilos sans compter ce
que les copains ont pris... Quand y’a du poisson, faut pas faire le
radin.
Je
suis allé encaisser trois jours après, j’en ai eu péniblement 12
euros... pardon c’était en francs ! Que dalle quoi ! Ils sont durs en
affaires et c’est pire chez nous... A cette époque le loup se vendait
entre 25 et 30 Francs parce que, à Sète, dans l’Hérault le poisson s’est
toujours mieux vendu que dans l’Aude, toujours beaucoup plus payé qu’à
La Nouvelle ! Au lieu de 8-10 ici, là bas, 12- 15... L’océan vient le
chercher, la Côte-d’Azur qui arrive, les "Italianos". - Et dans les PO
?
-
C’est pareil que dans l’Aude, les mêmes types et maintenant à La
Nouvelle, n’en parlons pas, c’est géré par les copains des copains de la
chambre de commerce... Attendi, il y a quelques temps, une paire
d’années, le jeune avait pêché une dorade de 4-5 kilos, ils n’ont pas pu
la vendre mais ils ne l’ont pas retrouvée la dorade... elle avait fait
des petits... ça n’avait pas traîné !.. "
Yves Boni, pêcheur du Golfe / propos recueillis en été 2015.
Yves Boni, pêcheur du Golfe / propos recueillis en été 2015.
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