« Vous
qui, comme moi, êtes Américains, ne vous demandez pas ce que votre pays
peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour
votre pays. Vous qui, comme moi, êtes citoyens du monde, ne vous
demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour le monde, mais
demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le monde (1) ».
Facile à dire, répondit Marwane (2) quand tu es milliardaire, et que tu viens d’être élu, à quarante-trois ans, président des États-Unis d’Amérique ! Mais lorsque, dans ton pays, tu ne peux ni travailler, ni te soigner, ni te loger, ni t’instruire, ni voter librement, ni exprimer ton opinion, ni même circuler dans les rues à ta guise, que vaut l’adage de John F. Kennedy ? Pas grand-chose !"
Faute de savoir ce qu’aurait dit Onfray (3) dans notre contexte plus favorable, pardonnez mon grain de sel sans prétention aucune : nous sommes entre nous sur Agoravox, non ? Alors, JFK s’est-il hasardé à demander à son propre père, pro-nazi notoire, mouillé avec la mafia, pour faciliter justement l’élection de son fils, comment il se situait par rapport à la belle formule du discours d’investiture ? Toujours en pensant à JFK mais aussi à Clinton et à nos chers monarques républicains, nous n’aborderons pas la question sous l’aspect du sacrifice de la vie privée obligatoirement consenti pour ceux qui accèdent à un destin national. Que fait-on pour le pays lorsque le sang chaud des ébats personnels est inversement proportionnel au sang-froid des débats publics ?
Bref, c’est parce que les hommes, les anonymes, rêvent d’un monde idéal qu’ils se laissent facilement embarquer par les exhortations éthérées de semblables qui leur semblent supérieurs. Tous les candidats au vertige présidentiel l’intègrent à divers degrés dans la stratégie de campagne... Le “mon ennemi, c’est la finance”, en plus terre-à-terre, s’inscrit aussi dans ces procédures politiques destinées à exalter collectivement. Et même les plus lucides s’y laissent prendre !
Le problème avec ces sermons foncièrement hypocrites, originaux, seulement, pour la mise en forme de principes convenus, est que les dirigeants qui les tiennent, poussés, encouragés par une cour prétendument républicaine de conseillers, de hauts-fonctionnaires, tous serviles car encourant la disgrâce, font tout pour que le peuple les confonde avec le pays. C’est parce qu’ils sont le pays qu’il peuvent enquiquiner ceux qui ont le malheur de contester leur personne en criant par exemple “Hollande, démission !”. C’est parce qu’ils étaient le pays qu’ils fustigeaient jadis « Avec ce que la France a fait pour toi ! »... Jadis parce que, aujourd’hui, le web et ses faisceaux multiples d’informations dévoile les dessous peu glorieux et pas honorables du tout d’une réalité politique assimilable à de la prédation. Aussi, maintenant que, sur la défensive, ils n’osent plus que riposter « On ne peut pas dire qu’on n’a rien fait ! », ne les lâchons plus jusqu’à ce que les moins coupables parmi eux laissent échapper qu’on n’en fait jamais assez pour ses concitoyens parce que le pays c’est NOUS et non l’hologramme manipulé par les gouvernants ! N’abondons surtout pas dans leur réalisme, ce serait accepter qu’il faut malheureusement prendre en compte les lobbies, les mafias, les manipulations inavouables et autres sales besognes.
Agir pour le pays, c’est le curer d’une gangrène dont les politiques, pour le moins, s’accommodent trop naturellement. Et ne rétorquez pas qu’il faut être naïf pour se bercer de la sorte : la nature de l’homme étant ce qu’elle est, ce n’est pas exiger l’idéal, c’est seulement tendre vers, quitte à exiger une démocratie vraie, serait-elle le pire des régimes à l’exception de tous ceux qui l’ont précédé.
Accessoirement, puisque l’essentiel est que nous nous en portions mieux, revenons sur la brillance éteinte des propos de Kennedy... Nous qui sommes Français, ne nous demandons plus s’il faut changer les organes et les pièces. Nous qui sommes citoyens du monde, plutôt que d’être à sa traîne, ne nous demandons plus si la promotion d’une démocratie retrouvée en vaut la peine. Peu importent les classements Pisa ou AA+, nos antécédents font que le ferment n’est pas mort. C’est sûrement pour cette raison que nous avons à subir la perfidie de ceux qui feignent de moquer une “Grandeur" si décatie et anachronique que ce serait folie que de la revendiquer (souvenez-vous de ce mickey de Donald Rumsfeld raillant la “vieille Europe” !). Ces envieux veulent seulement cacher combien ils profitent d’un système que l’esprit français justement reste toujours capable de contester. Et si ces perfides craignent trop pour leurs rentes de situation, nombreux sont les peuples qui espèrent une voix de la France enfin audible, accessoirement, rappelons-le.
(1) J.F.KENNEDY / discours d’investiture / 20 janvier 1961.
(2) Marwane Ben Ahmed / Jeune Afrique / 5 sept 2012.
(3) évoquant l’accueil chaleureux du couple Kennedy par “le général" http://blogs.mediapart.fr/blog/monkeyman/191111/un-extrait-dun-entretien-entre-m-sarkozy-et-m-onfray-en-avril-2007-2eme-phttp://blogs.mediapart.fr/blog/monkeyman/191111/un-extrait-dun-entretien-entre-m-sarkozy-et-m-onfray-en-avril-2007-2eme-p
MEDIAPART, attaqué fiscalement pour sa liberté d’expression, par un pouvoir judiciaire aux ordres qui devrait plutôt en user plus souvent contre les fraudeurs et les corrompus bien en cour, eux !
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