mardi 29 octobre 2019

FIN DES VENDANGES / Les vendanges à Fleury.

Es houro, il est temps de fêter la fin des vendanges avant que les châtaignes et le vin nouveau ne viennent tout bousculer. D'autant que les intempéries peuvent s'en mêler avec les fameux épisodes jadis dits cévenols et plus justement appelés désormais "méditerranéens" (1).

"... Fin des vendanges… mais pas pour tous : « Ah ! tu dis “Aro pot plouré !” (Maintenant il peut pleuvoir NDLR). Et moi qui n’ai pas fini de vendanger ! Je m’en souviendrai l’an prochain ! »..." Caboujolette : 2008 / François Dedieu. 


Dans "Vin Nouveau", Jean Camp a décrit ce dernier voyage :

"La dernière charretée de vendange.
La dernière charretée de vendange arrivait dans une gloire de poussière et de feuillage. Les trois chevaux aux colliers pointus tiraient à plein poitrail dans un carillon de grelots de cuivre avec les pompons rouges chasse-mouches, des rubans aux gourmettes, des houppettes de tamarin fleurissant les rênes sous l'entrelacement des touffes de roseaux et de pampres verts.
Sur la charrette, les comportes étaient cachées par des branches de saules et de sarments feuillus. Par-dessus, deux longues planches faisaient unsiège dur mais solide aux vendangeuses qui, de la vigne dépouillée au cellier regorgeant, semaient sur la route leurs refrains, leur gaîté et leurs sonores bavardages.
Les hommes suivaient, par derrière, accrochés aux ridelles, traînant les seaux, la masse de bois à l'épaule, la chemise échancrée sur la gorge velue et barbouillée de jus violet... Leur barbe de huit jours trouait leur peau tannée et leur donnaient l'air de brigands. Ils répondaient à tue-tête aux chœurs des vendangeuses qui rythmaient le chant aux cahots de l'équipage.
Les larges câlines pendaient dans le dos des coupeuses; Quant au charretier, la verge de son fouet était tressés de fleurs et il fallait voir comment claqua sa mèche en arrivant aux premières maisons du pays.
Les belles vendanges ! Pas une goutte de pluie pendant vingt-cinq jours, pas trop de moustiques, pas trop d'à-coups !... le dernier convoi apportait aux cuves les dernières comportes. Demain, la fête traditionnelle de la fin des vendanges. Un coup d’œil au ciel dégagé semblait dire : "A présent, qu'il pleuve ! Mon vin est à l'abri."

Fin des années cinquante... Jour d'automne... Depuis le préau de l'école, malgré la punition latente, à bout de bras, je me suis haussé au-dessus des carreaux dépolis du bas des fenêtres pour voir passer un chariot qui chantait. Les comportes étaient bien garnies de feuilles de vigne. Grisaille dans le ciel. C'est le tableau qui me revient quand on évoque la fin des vendanges. Je n'ai pas été pris... 

(1) Depuis 1958, l'Aude a connu 99 épisodes avec plus de 120 litres d'eau au mètre carré, dont 27 en octobre. Proches de nous, parmi les plus marquants, en novembre 1999 dans les Corbières et jusque dans la plaine de l'Aude (36 morts, 623 mm d'eau à Lézignan en 24 h, pratiquement le total annuel !), l'an dernier à Trèbes, 15 morts. Celui que nous venons de subir (mercredi 23 octobre surtout) a déversé 187 mm de pluie à Narbonne et 241 à Béziers (à Fleury, comparativement comme à Béziers). 


dimanche 27 octobre 2019

LE PAIN DES VENDANGEURS, ITINÉRAIRE / les vendanges à Fleury-d'Aude.

Pour ceux qui voudraient suivre ou visualiser les deux volets de cet itinéraire du pain des vendangeurs, cette vue aérienne (merci Geoportail !) du village de Fleury-d'Aude, de son cœur du moins.


Dire que ça a changé tient de l'euphémisme d'abord pour le site, l'implantation humaine complètement chamboulée !

Geoportail nous donne une idée de Fleury en 1950 :


et un petit exercice de traçage nous permet de comparer entre les années 60 et maintenant :


Et le quotidien alors ? Certains rappellent avec justesse qu'il y avait aussi les épiceries... Neuf à l'époque (sauf erreur) alors qu'il n'y a plus qu'une supérette ! Entre les deux il y a eu le chariot far-west qui, à l'été à Saint-Pierre faisait la pub pour Montlaur à Narbonne (si vous êtes 20 à demander, promis, je la cherche la photo !). pour ce qu'on mangeait alors, la comparaison avec aujourd'hui est intéressante...

Pour finir, titrer en commençant par "A LA VIE, A LA MORT..." pourrait laisser penser à un hors-sujet... le pain, les vendanges, l'ambiance, c'était bien la vie qui éclatait, un trop plein de bruit dans des rues aujourd'hui trop calmes... même si dans ces prénoms qui fleurissent nos mémoires il y a aussi une émotion que j'espère pudique pour ceux qui ne sont plus puisque, chacun à sa mesure continue de les aimer encore...    

 Fleury d'aujourd'hui.