lundi 25 novembre 2024

BALADE FAMILIÈRE, les arbres 1

 L'autre nuit, de mèche avec le Mistral, le Cers qui déboule d'un coup ! Hier, suite à un matin calme, à peine une heure après, le Marin soudain et furieux, emportant par deux fois mon béret ; une heure de coupure aussi, pour l'électricité. Dévarilhés, perturbés, affolés nos vents, pour cause de confusion climatique.

L'après-midi, une température idéale pour la balade. Le coin est connu, depuis des dizaines d'années, l'enfance, disons le ; on croit avoir tout vu et pourtant la balade sait toujours apporter sa part de surprises, d'inédit, à commencer par les arbres qu'on ne sait pas toujours voir mais qui accompagnent si bien la vie des Hommes...

« A » comme amandier.

Arbre, ce vieil amandier, toujours là et qui manquerait tant s'il n'y était plus, aux beaux jours, verdoyant, je me promets toujours d'aller le prendre en photo...

Arbre, vieil amandier presque en hiver. Poser la main sur sa peau crevassée, son corps fendu par les années ; lui parler comme à un ami, déclarer qu'on attend son message de fleurs, promesse de renouveau, de beaux jours, au moins lui dire bonjour... 

Arbre, vieil amandier, merci viticulteur de l'avoir laissé même si la mésange n'y niche plus... 

« B » comme boutelhetier :

Arbre, boutelhetier... assez de boutelhets cette année mais seulement peau et noyaux, juste pour le dicton qui dit qu'alors les raisins ne seront pas abondants... 

Arbre, trop beau ce boutelhetier ! 

Arbre, le boutelhetier, l'azerolier manière de vous le mettre à portée, sans quoi ne reste plus que le dico... Souvenir des pâtes de fruit parfumées et des gelées aux feux ambrés ou cuivrés dans leurs prisons de verre, aux couleurs de l'automne annoncé.


dimanche 24 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (16) Jean-Henri Fabre (1823-1915) 1ère partie

François est sujet aux fulgurances, à savoir qu'il arrive à son mécanisme mental de passer en mode autonome, tels ces véhicules sans chauffeurs du monde moderne. Attention ! ces piqûres de rappel, c'est souvent pour le reprendre, le tancer s'il faut, mais toujours positivement, pour l'aider à reprendre ce qu'il a écrit ou non, à se corriger ! 

Vers_à_soie_dans_la_magnanerie 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur EMLACH

« François, lui dit alors une petite voix (ce doit être parce qu'ils passent la série de Don Camillo en ce moment !), comme ça tu laisses en plan un personnage public exceptionnel, qui plus est, un bienfaiteur de l'humanité au même titre que Joseph Pasteur, grand savant s'attelant à la guérison des vers à soie et qui lui a rendu visite à Sérignan-du Comtat. François ! toi qui as été si familier des vers à soie, complice de ton copain José (1949-2024) qui te donnait la graine, avec qui tu allais à l'horte de Lamy, un des derniers endroits avec encore une allée de mûriers... ». 

François le reconnaît mais pour être moins fautif, il avance qu'il a lu les souvenirs entomologistes de Fabre, pardon “ entomologiques ”, un livre du moins... mince alors, il y en a plus d'un, souvent concrétisés dans sa “ friche ”, l'Harmas qu'il nommait ainsi, à Sérignan-du Comtat, une terre non cultivée achetée grâce aux revenus tirés de ses écrits.  

« ...marmouset de six ans. Il allait à la fleur, il allait à l'insecte comme la Piéride va au chou et la Vanesse au chardon... » Souvenirs entomologiques VIe série

Jean-Henri Fabre est un aveyronnais de naissance, scientifique strict mais aussi ouvert à la poésie, à un humanisme philosophique, à la langue occitane.
Reconnu, loué par bien des noms dont Maeterlinck, Darwin, Bergson, Romain Rolland, Rostand... il a été brinqueballé enfant d'abord, Rodez, Toulouse, Montpellier, ensuite de par sa trajectoire d'adulte ; normalien à Avignon, peu enclin à suivre le troupeau, il réagit en obtenant le brevet supérieur avec un an d'avance. Instituteur à Carpentras, bien que tirant le diable par la queue (les vacances ont toujours été cher payées chez les instits, il en sait quelque chose, François !), il va cumuler baccalauréats et licences universitaires. 
Malgré ses diplômes, il n'est pas pris comme professeur à Tournon puis à Avignon avant de l'être à Ajaccio. En Corse, comme si les grands esprits devaient se retrouver, sa fréquentation du naturaliste Esprit Requien (1788-1851), ensuite du zoologiste Moquin-Tandon (1804-1863) influent sur la voie qui sera la sienne. Professeur-répétiteur à Avignon (atteint de paludisme, il a réintégré le continent), il réussit la licence ès sciences naturelles ouvrant vers le doctorat, l'agrégation ne favorisant pas la recherche personnelle ; à 32 ans, il présentera une thèse à Paris, avec succès. 

Cerceris_sabulosa Museum de Toulouse 2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Didier Descouens


Ne s'arrêtant pas à l'étude du Cerceris, cette grosse guêpe qui sectionne les centres nerveux non vitaux des proies destinées à ses larves (à suivre)