vendredi 26 mai 2023

AU BOUT DU THAU.

 BALARUC-le-VIEUX. 

Balaruc-le-Vieux,_Hérault  2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Christian Ferrer

Le muge en est l’animal totémique, symbole d’un conflit à propos d’impôts sur la pêche avec l’évêque de Maguelone. Mais ce n’est qu’en 2002 que son effigie a été bâtie et des chansons crées pour l’accompagner lors de sorties célébrant le Moyen-Âge par l’entremise de Guilhem de Balaruc, troubadour du XIIIe siècle. Partie de la séparation en deux communes datant de 1886, le vieux et petit village présente un plan en circulade à l’abri des remparts. S’élevant à 2680 habitants, la population a été multipliée par cinq depuis les années 60.

BALARUC-les-BAINS. 

Balaruc-les-Bains,_Hérault 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

La station thermale d’importance exploite des eaux chaudes (50°) remontant par des failles (certaines doivent donner directement dans l’étang). À deux pas de la côte ouest, un grand cercle d’une centaine de mètres de diamètre, déjà un grand bleu, celui de la Vise, la source qui sourd trente-deux mètres plus bas, participant à raison d’1/10e au renouvellement de l’eau du bassin de Thau.

Quand Brassens descendait, souvent il s’arrêtait directement chez Lolo (Laurent Spinosi), un copain de l’enfance à Sète, installé là et qui avait depuis toujours, la manie de monter des cabanes, genre maisonnette de pêcheur. Nous gardons une image d’un Brassens créateur libre, bourru, un peu ours, peu sociable ; une vision fausse... comment faire en effet pour se faire connaître, sans Paris, sans réseau. Du beau monde à qui il a parlé de Lolo, lui encore, inclassable, inconditionnel de l’étang, peintre d’instinct, le verbe facile, entouré de chats, de singes, de perroquets... en dehors de Manitas de Plata, Sétois aussi, bien des gens connus sont venus manger la bonne cuisine de la cabane... Salvador Dali, Eddy Barclay, Brigitte Bardot qui aurait bien débauché Lolo cuistot pour la servir à La Madrague.

La municipalité a livré une fresque en trompe-l’œil de la cabane et des principaux intéressés ; elle a aussi donné le nom Brassens-Spinosi à une promenade qui longe l’étang.  

POUSSAN. 

Poussan_cochon 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34

Par souci de précision, citons Poussan qui possède ce petit bout de Thau où se montraient les flamants, en face de la crique de l’Angle et de Balaruc-le-Vieux. Poussan, encore un vieux village plein d’Histoire et de charme (villas gallo-romaines, église St-Pierre deux ou trois fois rebâtie sur ses bases d’avant l’an 1000, remparts avec une seconde enceinte au XIVe suite à la croissance démographique, riches maisons de maîtres datant du grand boum de la vigne au XIXe s., halles de type Baltard avec poutrelles de fer, piliers de fonte).

Le totem, pour remonter au riche colon romain Porcius, est le cochon seize soupapes, pardon seize jambes, c’est un minimum, sous la carcasse, pour le promener... 

mercredi 24 mai 2023

BOUZIGUES, Étang de Thau.

Lou cranc (du latin « cancrum », accusatif de « cancer »), le crabe en est l’animal totem mais c’est l’oursin qui représente le village lors des festivités (est-ce pour éviter de faire doublon avec Marseillan ?). Et le blason, lui, n’a été créé qu’en 2003, oh, en suivant bien des règles vieilles de mille ans au moins...

La population (1600 hab.) a perdu une centaine d’habitants depuis 2012, une tendance inverse à ce qui se passe pour les autres localités du secteur.  

Au début étaient les pêcheurs qui n’utilisaient les terres que pour des besoins ponctuels. Ensuite arrivèrent les agriculteurs devenus viticulteurs et riches grâce au succès de la vigne par rapport aux petites maisons toujours pauvres des pêcheurs, en bas, au bord de l’eau. Longtemps les deux communautés ne se sont pas fréquentées, que ce soit pour boire un coup ou jouer aux boules. Ont-ils connu des Roméo et Juliette aux tragiques destins ?  

Bouzigues_(Hérault,_France) the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Auteure Stéphanie de Nadaï

C’est d’ici, au début du siècle dernier, qu’est partie l’idée d’élever des huîtres et des moules.

Nous quittons la nationale exprès pour descendre dans Bouzigues jusque sur le quai, c’est l’année où on a suivi le rugby, avant 1963. J’étais loin de me douter que dans ce coin, seul le foot comptait alors... Papa avait encore la Dauphine bleue. Quelle heure pouvait-il être ? Onze heures a quicon proche, à quelque chose près, soit, peu importe, debout, sur le quai même nous avons mangé des moules sur le pouce, de Bouzigues, bien entendu. L’appellation est restée même si Mèze et Marseillan produisent davantage et pèsent bien davantage en population. Papé debout, le couteau et une moule à la main, je le revois. Un ciel bien bleu, plein soleil. La nuance de lumière me reste. C’est la fois où nous avons pique-niqué au Pont du Gard... 

Aux vendanges, papé Jean et de dos, l'oncle Noé.

Et maintenant cette petite cousine de loin qui tient un restaurant ici, à Bouzigues... C’est tout saudada et nostalgie mais ça plonge profond et cet instantané d’un souvenir revenant de la mort, cette sincérité de l’instant me touchent vraiment.