mercredi 22 janvier 2014

Fleury en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS ! (III)


Il est gentil Benoît de faire contre mauvaise fortune bon cœur, avec la "moissalinada" (l’essaim de moustiques). C’est vrai que dans les coins infestés, on a eu employé des phares puissants couplés à une hélice pour attirer et hacher menu l’ennemi dont on remplissait, ensuite, des tombereaux à la pelle ! Un travail de Shadok puisque l’imago avait déjà pondu ! En conséquence, la stratégie élaborée par la Mission Racine vise avant tout à détruire les œufs.


Ainsi, l’EID, l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication a commencé par établir la carte précise des trente-neuf espèces en cause et leur biotope précis sur plus de 150 km de côte. De la Camargue au pied des Albères, les égouts, les fosses d’aisance des zones habitées, les vignes (même celles de Benoît !), les fossés et roubines, les étangs, les roselières, les sansuires à salicornes et saladelles, furent méthodiquement quadrillées. Une carte fut dressée. Une fois les gites répertoriés, les spécialistes ont examiné les larves, déterminé les espèces pour proposer le traitement idoine contre chacune d’elles tandis que des mesures préalables à la dispersion des produits se mettaient en place avant que les petits bonshommes orange n’y aillent du pulvérisateur.
Les œufs d’anophèle flottent sur l’eau tandis que nombre d'autres pontes le sont sur la terre même mais en zone inondable. Ainsi, les générations à venir attendent une immersion pour éclore, certaines pouvant patienter des années. L’eau est donc indispensable quoique, dans une certaine mesure, puisque les œufs périssent si le niveau dépasse quarante centimètres ! Le travail de prévention a donc commencé par l’étude des plantes indiquant une certaine hauteur d’eau. Suite au constat, le remblayage de certaines zones sinon le curage, le dragage voire le creusage d’autres secteurs, dont les plans d’eau (> 1 m) pour les nouveaux ports de plaisance prévus, fut entrepris.
Toute cette mise en branle ne s’est pas faite dans un enthousiasme béat : un tel bouleversement des paysages, des habitudes, l’annonce d’une submersion touristique, l’épandage généralisé bien qu’adapté mais de produits agressifs, sur les gens, les bêtes et la faune sauvage, ont de quoi inquiéter. Et puis, c’en était fini du camping sauvage, de la baraque en été (1), des paillotes ou des cabanons permanents sur le maritime, sur les terres de l’État.
Les touristes ont déferlé, se sont installés, et les autochtones qui pensaient que la charge étant répartie entre plus de monde allait être allégée, demeurent fort contrits face à l’augmentation continuelle des impôts... sur la lancée du pic dû à la Bulle, la grosse cagade (pas de guillemets !) des mitterandiens d’alors (2) !

(1) le dernier camping sauvage à Saint-Pierre daterait de 1972. Quelques nostalgiques déménagèrent aux Cabanes de Fleury où l’installation sur la plage fut tolérée jusqu’à l’été 1975. Qu’en fut-il des chalets sur la dune ?
(2) les sociaux-démocrates d’aujourd’hui, d’après François II, libéral, ex-socialiste, pas si mou que ça pour nous estamper en impôts ou pour une bagatelle inversant la courbe : Ségolène 60 ans, Valérie 48 ans, Julie 41 ans ... et pour les fins limiers, une quatrième intercalée... que personnellement je ne chercherai pas, n'ayant pas plus de temps à perdre avec la bêtise d'un imbécile... 

photo la Bulle dite de Fleury / anticor / googleimages.

lundi 20 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS... COLONISONS !(II)


    Les humains sont obligés de faire avec les vents mais ne sont pas tenus de cohabiter avec les moustiques : telle est la situation... Les premiers occupants, eux, du moins leurs héritiers, du temps des charrettes, des chevaux, des baraques et des marabouts laissés par les «Américains», adaptés à l'existant, profitaient de la belle saison à la mer. Certes, on peut toujours en dénoncer les mauvaises conditions sanitaires, l’insuffisance des «cabinets» publics, du robinet d’eau souvent sec ; un point de vue tout relatif par rapport à un passé présent qu’on voudrait effacer des annales, marqué par le trou d’aisance familial dans les dunes et le puits d’eau douteuse dans la vigne au pied de la Clape... Cela rappelle ces intégristes de l’hygiène qui se bouchaient le nez pour la cabane au fond du jardin tout en trouvant normal de gaspiller dix litres d’eau pour un petit pipi ! En attendant, le plaisir, le bien-être liés aux vacances à la mer dépassaient de loin les inconvénients dont les piqûres des moustiques, même pour les imprévoyants démunis de fly-tox.
    Au plaisir d’un crépuscule calme, au moment de préparer le carbure pour la lampe acétylène, quand des groupes puis des hordes de femelles déchaînées attaquent en "bzzezetant" pour attirer les mâles, les locaux relèvent seulement, dans la discussion, comme on parle du temps après le souper et que Paulou Romain, le mégot als pòts (aux lèvres), le béret regardant le ciel, semble poétiser : « Le vent se pose...». On ne parle pas trop des maladies, à l’époque, le "palu" c’est pour le légionnaire qui se bat encore aux colonies, la dengue on ne connaît pas, le chikungunya n’existe pas et la terrible poliomyélite qui fait si peur n’est pas transmise par les moustiques (1).
    La Mission Racine entreprend donc d’aménager en drainant, en assainissant, dans un esprit aussi jacobin que moralisateur, très troisième république, pour le bien de tous cependant. Quant au traitement réservé aux moustiques, s’il ne fait pas l’objet d’information propagandiste (à quoi bon informer la plèbe et puis les médias ne sont pas ce qu’ils sont aujourd’hui...) il s’apparentera néanmoins aux célèbres campagnes passées de santé publique menées notamment par Pasteur. Et pour vendre la Côte d’Améthyste, l’État ne peut s’exonérer de cette croisade, même si la motivation, aux dires aussi ironiques que partiaux des jamais contents, ne serait que de transformer notre littoral en "bronze cul de l’Europe".

(1) on les trouve, moins nombreux, à l’intérieur des terres, au village, dans les vignes, ce qui fit dire à un de nos nombreux philosophes méconnus, « Es una companhià » (C’est une compagnie / Grasseau appelé par son prénom, "Benoît", un de nos coiffeurs).
photo fly-tox / googleimages