dimanche 12 janvier 2014

Fleury d'Aude en Languedoc LE MESSAGER


Janvier. Déjà.





Noël, l’an nouveau, les Rois et la galette s’évanouissent dans le passé. Pourtant, l’enfant des marges et des armasses (1) voudrait déjà tourner la page et son gran (2) ne saurait retenir sa main :

« Malherous, va saves pas que lou temps perdut se reganto pas gaire ! » (Malheureux, ne sais tu pas que le temps perdu ne se rattrape guère ! »... comme le chantera plus tard Barbara).

Parce qu’avec eux, c’est tout le village qui se retient, impatient de s’ouvrir au chapitre qui vient. Ils le pressentent tous, le messager, fidèle, ne tardera pas ! Tous l’espèrent ! Un instinct du fond des âges leur fait guetter, au bord des vignes, des champs, dans la garrigue, même, le long des laisses et des murettes abandonnées ! Chacun croit le voir, à s’en frotter les yeux tant il cèle en lui l’espoir des jours meilleurs.

Quand le porteur de lumière vient, de sa touche pastel, éclaircir la grisaille de l’hiver, c’est une renaissance, et celui qui voit l’apparition, court vite vers les siens, pour la bonne nouvelle :


« Sur la route de Marmorières, au bouteilhetier de Quinsa (3), je m’en retournais, il devait être onze heures vieilles, et quelque chose m’a dit de tourner la tête. Bizarre, non ? Alors, je l’ai vu, là, éclaboussé de soleil, avec au fond la rangée de carabènes (4)... vous savez, la cave qui va à l’Étang. Une apparition mais, que je l’ai bien vu, le premier, comme une boule rose, brillante. Même que j’ai fait "Oh !" tellement j’étais attrapé ! »

On écoute. Et la jeunesse impatiente de dire « Es pas trop léu ! » (C’est pas trop tôt !).

Une vieille sagesse de terroir module aussitôt « Poudio atténdré... » (Ça pouvait attendre...).

L’écho sort des maisons, se partage, se multiplie, suit les ruisseaux, court les rues, les boutiques, entre même dans les cafés tandis que le signal mystérieux bat la campagne. Alors, sur les marges, les laisses, le long des fossés, des coteaux au clapas (5), les moins timides déplient leurs livrées, blanches, roses, comme les papillons leurs ailes. Les branches s’offrent aux abeilles engourdies, pareilles aux bouquets, aux dragées des promises de l’année. Le mot est passé, le message s'est propagé.

Bien qu'assoupie, la nature s'ébroue. L’asperge sauvage prépare ses turions ; l’erbo blanco (6) envahit les labours ; entre les souches, le souci ouvre ses capitules d’or ; le cep retient les larmes du sarment griffu et l’homme frémit d’une espérance, encore froissée, douce ou amère, blanche ou rose, comme la fleur de l’amandier.

(1) Languedocien : l’enfant des talus et des friches.
(2) Son grand-père.
(3) L’azerolier du tènement ainsi nommé.
(4) Roseau, "canne de Provence".
(5) Rocaille calcaire, qui a donné la Clape.
(6) Diplotaxis fausse-roquette.

photos : googleimages 1. Sète / lagunes, garrigue
2. Domaine viticole Castan Cazouls les Béziers.

vendredi 10 janvier 2014

MAYOTTE EN DANGER / LA COLONISATION DE MAYOTTE PAR LES COMORIENS.

La colonisation à Mayotte, ce sont d’abord les Arabes dont est issue une élite métissée de kabailas, de nobles, se réservant la pratique de la religion (les mosquées historiques ne pouvaient recevoir qu’une poignée de fidèles), et laissant volontairement dans l’ignorance la population autochtone qu’ils peuvent ainsi assujetir, exploiter, vendre et exporter en tant qu’esclaves.

Ces élites sont surtout subordonnées au sultan d’Anjouan qui dispose de Mayotte à sa guise et organise des razzias de mercenaires malgaches qui, lorsqu’ils ne sont pas engagés, pillent et font des prisonniers pour leur propre compte. Aux exactions venues d’Anjouan vont s’ajouter les raids venus de Madagascar et plus tard, la traite européenne. Ces criminels iront jusqu’à planifier leur prédation, laissant aux misérables populations indigènes le temps de se reconstituer et l’un de ces scélérats aurait même laissé entendre que l’île est un vivier clos idéal où il suffit d’attendre que les esclaves se reproduisent !

Au XIXème siècle, c’est la France qui, au nom de sa "mission civilisatrice et de protection", va perpétuer cette exploitation inhumaine. Il n’y a plus que 3300 habitants (et seulement 350 originaires de Mayotte environ) dont une majorité se regroupe sur la position défendable de Dzaoudzi. La Grande-Terre est pratiquement vide d’hommes. Il n’empêche qu’à partir de 1843, date de la cession "officielle", la cupidité des aventuriers de la canne à sucre voudrait transformer l’île en pays de cocagne. Si la rentabilité de l’exploitation sucrière tient du mirage, l’esclavage, l’indigénat, le travail forcé qui l’ont accompagnée relèvent malheureusement d’une triste réalité historique.

La situation sera, en cela, comparable, mais plus tard, à Mohéli où, en 1865, le colon Lambert, favori de Djumbé Fatima Ière, reine malgache, se retrouve propriétaire foncier de l’île. Á la Grande-Comore, en 1885, Humblot, « ... un paisible collectionneur d’orchidées... / ... qui cachait en lui l’âme ténébreuse d’un Pizarre... » (Philippe Decraene / Le Monde du 01/12/1972), en accord avec le "tibé", le grand sultan, dispose des terres qu’il va rétrocéder aux planteurs (au bout de quelques années, plus de la moitié de Ngazija va leur appartenir).

Pardon pour ce long préambule sans lequel, la clique de menteurs, d’usurpateurs, de bonimenteurs de l’Histoire, aujourd’hui menée par Ikililou Dhoinine (Youkoulélé Idoine, pour le plaisir de la caricature), continue d’y aller de ses manœuvres d’intoxication. Parce qu’il faut dire, qu’à leur échelle, les Comores sont aussi coupables d’impérialisme et de colonisation, dans l’Histoire et aussi dans un passé bien plus proche !

En effet, lorsque le XXème siècle vint heureusement consacrer l’émancipation des colonisés, la France, désireuse de se désengager, encouragea l’emprise comorienne sur Mayotte par des lois. Celle de 1961, notamment, a légalisé les faveurs faites aux Comoriens aux dépens des Mahorais : les fonctionnaires favorables aux Comores, les « Serre-la-main » sont nommés aux postes clés tandis que les « Sorodas », partisans de Mayotte département français, sont exilés sur les autres îles. Les aides de la métropole iront seulement aux zélateurs de Moroni dont le camp s’exonère des impôts, pique allègrement dans la caisse et s’attribue, pour quelques roupies de sansonnet, d’immenses superficies de terres. Ainsi personne n’est sans savoir qu’entre Poroani et Chirongui, l’une des rares plaines facilement exploitables de Mayotte appartient aux héritiers de la famille Abdallah, le bon musulman qui, par l’entremise de ses "mapinduzi", revendait le riz offert par l’aide internationale... De même la zone portuaire (300 hectares !) a-t-elle dû être rachetée par la Collectivité (donc nos impôts), au prix fort, à un ex-coprésident des Comores...

En quel honneur, au nom de quelle morale, un légalisme forcené devrait-il de la sorte officialiser des spoliations frauduleuses avérées (excusez le pléonasme) ? Le bon droit ne relèverait donc que de l’utopie ? L’honnêteté devrait donc toujours s’apparenter à une faiblesse indéfendable de doux rêveurs ?

« Ra hachiri », restons vigilants contre cette bande de malfaiteurs organisés, se cachant derrière les mensonges, dont celui de la défense du peuple alors qu’ils n’ont pas honte de passer, dans leurs grosses voitures (1), à côté de la misère qu’ils entretiennent !

(1) étonnant pour un pays "moins avancé", le parc automobile de BMW !! Et quand, en 2011, la fondation des Comores écrit « Parce que le destin il faut le provoquer, et que nous sommes un tout petit pays de 800.000 habitants, presque l'effectif du groupe BMW... », on se demande si c’est du cynisme, de la provocation ou la nue expression d'une vérité !!!

Sources historiques diverses dont Jean-François Hory pour les faits contemporains et plus particulièrement la loi de 1961 et ses conséquences.