dimanche 2 mars 2014

Mayotte en Danger / Les médiocres de la réforme lamentable (fin)


Si le début du point presse du vice-recteur ne pouvait que faire sortir des gonds, la suite, à présent, de l’analyse de ce qui n'est qu'une propagande anesthésiante (s’agissant de l’Education Nationale, pardon pour le pléonasme)

Il nous embrouille, le bon serviteur de l’État :  « pas besoin de budget ni d’annonces, seulement de ressources ». Il aurait pu ajouter « pas besoin de réforme des rythmes... » !

« Les spécificités mahoraises sont telles qu’il faut leur appliquer tous les outils existants... » les spécificités étatiques aussi mériteraient une complète remise à plat. Monsieur se targue de construire... Est-ce dans les normes comme 20 % seulement des constructions existantes ?

Et c’est toujours la faute des autres, en l’occurrence du SMIAM (1)… ce pelé, ce galeux comme l’aurait dit La Fontaine. Lui, référence étatique, n’est que le porteur, excusez du peu « d’un bel effort de notre ministère » ! Quant au gel des dotations de l’État aux collectivités locales avec une DGF ne compensant plus l’augmentation des charges courantes liées à l’inflation., c’est pas lui ! Et les deux baisses prévues en 2014 et en 2015, amputant un peu plus les budgets des collectivités, qu’y pourrait-il pôvret ? (voir mon précédent commentaire au maire de Bandraboua). Il est bon pour faire gigoter le pompon des promesses, même la CAF, en prime, et dans deux ans, le robinet sera fermé... Regardez donc ce qu’il est advenu de la cantine offerte par Chirac à Sada, parce qu’il n’y a jamais eu, derrière, les moyens de l’entretenir (« On y mangeait bien m’a dit quelqu’un, dernièrement...). 


220 000 euros pour commencer à Dembeni. Des points peuvent paraître positifs dans les propos convenus d’un haut fonctionnaire mais à quoi correspondent ces 220 000 euros quand un centre périscolaire comme celui de Fleury d’Aude, en métropole, coûte environ la bagatelle de 3 MILLION d’EUROS pour trois fois moins de gosses !

Et quand monsieur le vice-recteur parle « ... des élèves nouvellement arrivés en France... », nous ne pouvons qu’apprécier l’élégance du verbe et la pudeur avec laquelle les autorités responsables évoquent le tabou lié à la surcharge (60 ? 75 ? 80 % ?, certainement pas moins...) due à la population étrangère, légale et clandestine.

Dormez tranquilles, braves Mahorais, si les belles paroles vous font baisser la garde, le retard n’est imputable qu’à une saison des pluies trop marquée (c’est lui qui le dit !) et les moyens de l’État sont suffisants puisque un vice-recteur si menteur et opportuniste l’a « martelé », martelé, martelé, martelé... !   

Mentez, mentez, mentez.... il en restera toujours un soupçon de discrédit contre vos contradicteurs ! 

(1) organisme local chargé de la construction et de l'entretien des écoles.   

Photo : bâtiment scolaire abandonné.

J’ATTENDRAI... Fleury-d'Aude en Languedoc

En 1938, Rina Ketty chantait « J’attendrai ». En 1975, Dalida reprenait la chanson et attendait toujours et moi j’attendais encore son retour lorsque, incidemment, Pierrot, mon neveu, m’informa que les amandiers avaient bien fleuri, début février (1). Concomitamment, JP qui ne regarde pas que la pointe de ses chaussures quand il court, confirmait, sans plus de précisions, que nos chers arbres fleuris pointaient çà et là, le long de son parcours sportif.


Sans se demander si la floraison avait duré ou s’était transformée en neige fondante sous la pluie, mon esprit se mit aussitôt à parcourir nos paysages : le coteau de Caboujolette au-dessus de la vigne de Perrucho (loti depuis les années 80), les amandiers de Pesqui en bas des pins de Trémolières, ceux du chemin creux, du moulin, des Traoucats et de Fontlaurier, jusqu’au phare, et enfin pour limiter notre tour d’horizon aux abords immédiats du village, ceux de Saint-Pons, Carabot et Saint-Géniès (2). Notre amètlier aimé, si emblématique de notre Sud, malgré le retard, et quitte à « répapiller » (3), mérite bien une nouvelle chronique tant son mystère nous enthousiasme après la torpeur de l’hiver.

D’abord, remercions-le pour son geste fidèle plutôt que de lui en vouloir... comme ces habitants des Corbières, qui disent :

« Val plan pauc, l‘ametlièr quand floris pas al mès de janvièr. » (4). Plutôt retenir « Val plàn pauc lo mes de febrièr si fa pas florir l’ametlièr » (5) et penser que ce n’est qu’une malheureuse inversion qui pourrait faire passer nos gens du piémont pour des ingrats. En zone tempérée, ce serait un problème de température puisque les bourgeons des « prunus », dont notre messager, auraient besoin de 100 à 400 heures à moins de 7 degrés suivies de chaleur pour fleurir

On sait, par contre qu’il est cultivé depuis 5 ou 6000 ans en Iran, qu’il est chez nous depuis 2500 ans. On dit qu’au IIIème siècle, un amandier aurait été planté sur la tombe de Valentin par la fille qui l’aimait et à qui il avait rendu la vue... mais les évocations païennes, leur récupération par la papauté, les histoires d’homonymie parcequ’on compte au moins deux martyres nommés Valentin, sont si embrouillées qu’il vaut mieux retenir la simultanéité de la floraison avec la fin de l’hiver, le renouveau annoncé, le retour de sève dans la nature. Libre à chacun de retenir un symbole d’amour (6) ou l’expression de l’imprudence pour ceux qui font parler les fleurs. Quant à moi, laissez-moi la belle idée d’espérance (7).

Mais repartons de l’ombre légère des amandiers dont la vigne s’accommode (8) à moins d’une plantation en vergers car la consommation d’amandes était considérable au Moyen-Age et sa part importante pour le commerce vénitien (XIVème). Si l’arbre a besoin de soleil, d’air sec (9), il se contente de sols pauvres et peut devenir centenaire. Voyez ces troncs torses, tourmentés, à l’écorce fissurée, écalleuse, rugueuse. Voyez ces branches tordues estompées par une dentelle de fleurs qui fait danser les abeilles. Parce que l’ametlièr ne saurait vivre sans les butineuses qui pollinisent et qu’il le leur rend bien, au sortir de l’hiver, quand le nectar et le pollen sont rares (10).   

Restons-en à ce tableau vivant alors qu’aujourd’hui, non loin de notre amphithéâtre tourné vers le soleil, il neige au-dessus de 800 mètres, à en croire les prévisions de Météoc, sur l’Aveyron et la Lozère.



(1)    comme en 2011.

(2)    Saint-Pons en bas du château d’eau. Carabot, à partir du pont de la Mouline, a vu le village s’étendre (lotissement). Avec Saint-Géniès, ils sont sous le bourdonnement permanent de l’autoroute. 

(3)    Peut-être une francisation de l’occitan « répapiar », radoter.

(4)    « Il vaut peu, l’amandier quand il ne fleurit pas en janvier » : cité in Corbières.  Josette Villefranque.

(5)    « Il vaut peu, le mois de février s’il ne fait fleurir l’amandier » : cité sur Météoc, site météorologique, par Christophe Calas, natif de Béziers, ingénieur prévisionniste (la prévision finale est de lui).

(6)    D’essence chrétienne pour la Saint-Valentin.

(7)    « Quelques arbres, entre autres un amandier, un des emblèmes de l'espérance, s'étaient logés dans les lézardes. Balzac / Le Curé de Village / III Le Curé de Montegnac)

(8)    Est-ce aussi parce que les racines ne sont pas latérales (traçantes) ?

(9)    Formé en gobelet, comme la vigne.

(10)Le miel d’amandier, encore plus rare, est un miel clair.



Merci Pierrot pour les photos prises dans la vallée de l’Orb, non loin de Roquebrun.