lundi 9 septembre 2024

COMME une HUÎTRE à marée basse...

 Je suis mal. 

J'y suis allé pourtant, ce premier jour, sauf que, comme une huître à marée basse, je me suis fermé en attendant que ça passe. Les autres m'appellent " l'Espagnol " ; je ne suis là que de fraîche date ; j'arrive du Brésil. M'étais-je confié ? en attendant, ils savaient. Deuxième rang, deuxième rangée, pas loin devant le poêle. La scène reste gravée avec la maîtresse, une jolie institutrice à lunettes, aux cheveux ondulés, blonde dans ces souvenirs ; elle ne sait que faire ; elle vient d'appeler son mari, de la classe à côté : à ma place, sous l'ensemble jumelé, réussi et moderne de tubes, table et sièges, une flaque, je viens de faire pipi, je me suis fait pipi dessus. 

Que n'ai-je eu le courage du cancre de Prévert ? Subir serait un préalable à la révolte ? Comment ça s'est fini ? Je ne sais plus. «... Huées des enfants prodiges... » ? Femme de ménage ?  Mon clapet était fermé. Ce devait être peu avant la sortie. 

La maîtresse est jolie mais sans rien de chaleureux. Je ne la vois pas empathique, je ne la vois pas sourire. Cette année de Cours Préparatoire ne me laisse pas de souvenirs. Ah si ! la marmite de Maurice Fombeure, au pot au feu avec son dessin du feu qui « lèche », « jaune et bleu »... de ces chaleurs qui réchauffent le cœur. Mais alors, c'est que j'ai appris à écrire ? à lire ? à ouvrir les portes de la poésie ? La jolie maîtresse blonde à lunettes qui ne souris pas doit y être quand même pour quelque chose. 


Mon huître est longtemps restée fermée, comprenons-nous, ouverte à un extérieur capable de la nourrir mais peu encline à s'ouvrir aux autres. Je souris pourtant sur cette photo... sourire dents de lait mais sourire tout de même. 

Il y a quelques années encore, ce si grand petit malheur, jamais je n'aurais osé l'évoquer. La rentrée reste à jamais mi-figue, mi-raisin... Nuance : constructive sinon positive, plus dans ce qu'elle a de doux et sucré que d'amer... Quoi de plus naturel, direz-vous, pour un natif des bords de la Grande Bleue toujours sensible au temps des vendanges, des fruits de mer, et, de la rentrée... 

jeudi 5 septembre 2024

L'EXTENSION habitable du village. Fleury-d'Aude en Languedoc.

Au niveau de la vie d'une commune qui forcément évolue avec le temps, pour se rendre compte de ce qu'il en est, il n'est pas inutile de remonter le cours des initiatives et projets... parfois en suspens.  

À Fleury, l'extension des zones bâties autour du village correspond à l'augmentation du nombre de résidents. De tous côtés, de nouveaux quartiers sont sortis de terre. Aux maisons individuelles se sont ajoutés, faute de devoir payer des amendes à l'État, des ensembles sociaux. 

À cette dynamique s'est greffée la nécessité de décongestionner un centre ancien pas du tout adapté à l'engorgement actuel de voitures particulières. (La réalisation récente de parkings ne parvient pas à résorber cette invasion de bagnoles ; les voies sont envahies ; les propriétaires en arrivent à s'approprier la rue devant chez eux...). 

Au stationnement des riverains s'ajoute le transit, à plus forte raison l'été, vu la proximité des stations balnéaires. Joignant le contournement effectif nord et est pour le trafic venant de l'Hérault, une rocade ouest est dans les papiers depuis l'automne 2018, depuis qu'un « ...Conseil Municipal a arrêté les objectifs du projet de la ZAC du Moulin, dans sa délibération du 25 septembre dernier... » 

Cherchez les espaces verts... mais tant que le moulin (colline de Montredon) et la colline Derrière l'Horte restent libres de l'emprise humaine, cet aménagement à venir semble raisonnable.

Cette délibération répond à des diagnostics énoncés dans un prêchi-prêcha écolo-technocrate, à savoir dans une redondance des évidences : le paysage, la proximité du village, une bonne desserte, des « équipements publics  et des commerces de proximité » (vrai qu'il ne sont pas nombreux), des « déplacements doux ». Plus recevable, d'abord la prise en compte de contraintes climatiques dont le risque important d'épisode méditerranéen, ensuite la gestion des flux routiers grâce à la réalisation de la rocade ouest pour un double bénéfice, la traversée du village vers les plages et la desserte des nouveaux quartiers d'habitation. 

Cette délibération se décline en objectifs, celui de créer un nouveau quartier « proposant une mixité sociale dans la programmation des logements » et tenant compte des diagnostics. Si l'étude semble globalement recevable, le jargon employé pour la présenter rebute plutôt : 

« Objectif 2 : Participer à un aménagement qualitatif de l'entrée de Ville et porter la réflexion sur la qualité des espaces publics par un traitement  du boulevard urbain et la création d'un espace de centralité. » (sic !)

De même, encore ce jargon sur « ...les mobilités douces, sur les formes d'habitat et l'usage des énergies renouvelables... » (objectif 5). « ...Conforter des liaisons avec les sites naturels et avec le village pour faciliter les perméabilités avec ce nouveau quartier... » (objectif 6)

Après les formules oiseuses, la dernière demi-colonne de l'étude, par contre, donne des chiffres : 

* 30.000 m2 de planchers. 

* 300 logements (individuels, individuels groupés, petits collectifs (3% du total devant être obligatoirement social). 

* des commerces et service de proximité sont prévus autour d'une place centrale (petits immeubles et cellules commerciales en rez-de-chaussée). 

* côté coopé-déchetterie, un secteur économico-public (caveau de vente de la coopérative entre autres). 

Le projet a été présenté à la population le 13 novembre 2018 (Salle des Fêtes). 

Cette Zac reste dans ses cartons depuis 6 ans ; les technocrates de la communication auraient dû continuer dans leur jargon plutôt que de parier sur l'avenir « Aujourd'hui un projet... /... demain une réalité ! ! » 

 


De même, on ne peut que regretter une forme d'arrogance de leur part lorsqu'ils se targuent de présenter un paysage qui leur reste étranger, tant les erreurs sont flagrantes ( le Carroux avec deux R, la colline d'Ensérune mal située, le château d'eau apparemment vendu à Salles d'Aude). 

Question plus inquiétante... N'y avait-il pas un Pérignanais dans le secteur ? un indigène disponible à portée ?