En juin 1963, l’État charge le haut-fonctionnaire Pierre Racine (1909 -
2011) de la Mission Interministérielle pour l’Aménagement Touristique
du Littoral du Languedoc-Roussillon. L’ex-directeur de cabinet du
premier ministre Michel Debré (entre 1959 et 1962) doit présider à la
création de stations balnéaires ou à l'aménagement de l'existant (1)
dans le but de recevoir un million de touristes, en plus des
villégiatures plus ou moins implantées dont Saint-Pierre-La-Mer (2),
depuis la vogue naissante des bains de mer, en 1846.
Une
région où les vents règnent en maîtres. En effet, sur les eaux plus ou
moins saumâtres, sur la mer, dans les pins, les tamaris, les roseaux et
les oliviers de Bohême, les dépressions du Golfe de Gênes ou du Golfe de
Gascogne génèrent des courants souvent violents. Si cette forte
circulation représente une contrainte, nous lui devons néanmoins
quelques effets positifs : l’humidité dans un sens, la chasse aux
miasmes dans l’autre, au-dessus des étangs, des lagunes, grâce aux
vents de terre, dont le Cers. Et ils contrarient aussi les moustiques.
Sauf que la mission Racine ne saurait s’en remettre seulement aux
courants d’air pour chasser ces aèdes, anophèles, ces culex et leur
parentèle fournie de cousins. Le prestige de la France est en jeu et,
les avancées économiques accompagnant l’expansion démographique, c’est
avec le DDT qu’on va faire taire les innombrables "bzz" des uns et le
bourdonnement inaudible des quelques autres qui ont le toupet d’alarmer
sur les risques de cancer et de "reprotoxicité" du produit ! La chimie,
un moyen et non des moindres dans l’arsenal pour le progrès et l’avenir
glorieux ! Et cette guerre-là sera gagnée dans le but de proposer la
Côte d’Améthyste (3) aux touristes filant sur l’Espagne tout en
détournant cette même pression de la Côte d’Azur saturée. Le projet
permettra par ailleurs de diversifier une économie fragile car liée à
une monoculture peu sûre, celle de la vigne. Il peut accompagner aussi
l’arrivée des Pieds-Noirs dont une majorité préfère s’installer autour
de la Grande Bleue.
(1) Port-Camargue (30), La Grande-Motte,
Carnon, Le Cap d’Agde (34), Gruissan, Port-Leucate (11), Port-Barcarès,
Saint Cyprien (66).
(2) inclue par la Mission Racine dans l’unité
touristique "Gruissan", théoriquement seulement. Michelin et l’IGN
persistent à écrire « Saint-Pierre-sur-Mer ».
(3) une appellation qui ne prendra pas.
photo gruissan info.com / googleimages
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
dimanche 19 janvier 2014
samedi 18 janvier 2014
Fleury d'Aude en Languedoc / JE VIENS DU SUD !
Comme si la France avait à craindre des mouvements séparatistes, comme si le pays avait à pâtir d’une diversité provinciale, véritable richesse, au contraire, que bien des étrangers nous envient, au moment où la ratification de la Charte sur les langues régionales ou minoritaires (UE) vient confirmer la reconnaissance desdites langues en tant que « patrimoine de la France » (contrebalançant le blocage dû à l’article « la langue de la République est le français »), il reste des esprits chagrins qui, sous couvert d’unité nationaliste, persistent à refuser ces droits.
C’est le cas notamment de "du pont et gnangnagnan". C’est volontairement que j’écorche son appellation... de toute façon, son "parti croupion" n’a pas besoin de pub pour toucher 300 000 € par an de nos impôts... pour un seul député qui lui, soit dit entre parenthèses, comme les autres, nous coûte plus de 35 000 € tous les mois ! Cette expression ultra-jacobine (pour ne pas dire facho) s’exprime, entre autres supports, sur Agoravox (un journal libre sur Internet qui nous change des merdias habituels...), promue encore par des gens de l’autre bord dont un nommé Chalot... Chalot va...).
J’avais déjà eu à défendre notre identité contre « Debout la Rép. qui s’assoit sur la démocratie », en leur rappelant où vont nos sous, mais là, ce sont les paroles de SE CANTÓ qui ont tenu lieu de réponse.
Le chant de ralliement des Occitans, venu à point nommé dépoussiérer ma mémoire, rappelle que tous les montagnards ne sont pas aussi extrémistes que le furent ceux de la Révolution. Et puis nous y retrouvons notre ametlièr promu au rang d’arbre fétiche sinon emblématique.
Nous sommes du Sud, je viens du Sud et en tant que tel, nous n’accepterons pas plus aujourd’hui qu’hier, les atteintes mesquines et méprisantes contre notre accent, notre langue, de la part de Nordistes héritiers de Simon de Montfort et des barons pillards, macarel !
SE CANTÓ
Dejous ma fenestra
Y a un aucèlo
Tota la nueit cantó
Cantó pas per iu
Repic :
Se canto, que cantó,
Cantó pas per iu,
Cantó per ma mia
Qu’es al leng de iu.
Al fonse de l’horta
Y a un ametlièr
Que fa de flors blancas
Como de papièr.
Repic
Aquelas flors blancas
Faran d’ametlos
Per remplir las pochas
De iu e de vos.
Repic
Aquelas montanhas
Que tan nautas son
M’empachon de veire
Mas amors ont son
Repic
Aquelas montanhas
Se abaissaran
E mas amoretas
Se raprocharan.
La plus ancienne version de ce chant occitan est attribuée à Gaston Fébus, comte de Foix (1331 - 1391).
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