"... (Ste Catherine de Suède, pas celle des
« catherinettes », qui se fête le 25 novembre :
c’est lors d’une telle fête, dans un bal à Paris, que j’ai pu
voir Louis Aragon qui présidait le jury chargé de juger la beauté
des fameux chapeaux). Monsieur Sanchon arrive à trois heures du
matin. Je le vois après la messe au café, avec papa, dégustant le
fameux « Noilly ». Lorsque papa, encore élève de
l’école primaire de Fleury, habitait à Mire-l’Etang, les
camions de la maison Noilly-Prat venaient acheter le vin blanc du
lieu pour en faire la célèbre boisson. En parlant de cette
« campagne », comme nous désignons ici les divers
domaines vinicoles autonomes, mon père disait toujours « Cabibel »,
du nom de l’un des propriétaires du dix-neuvième siècle. Cette
coutume était générale. M. Angles avait ainsi laissé son nom à
« Rivière-le-Bas » et « Gaïsart »
(orthographié vraisemblablement Gaysard, prononcé à la Bayrou)
n’était autre que « Rivière-le-Haut » cher à Ségura
– c’est aussi déjà du passé –. Pour les autres domaines, le
vrai nom fut toujours chose courante.
L’après-midi
(ici nous disions « le soir »), je vais au cinéma avec
François Pédrola, dit Franou, qui changera son prénom en
« Francis » pour le distinguer de son père, et attendra
pour cela sa vingtième année ! Fernand Milhau, de Salles, reçu
lui aussi à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Carcassonne comme
Pédrola, est avec nous. Le film ? « Griseries »,
avec la fameuse cantatrice Lily PONS, film noir et blanc
américain de 1935 où joue encore Henry Fonda, comédie dramatique :
une chanteuse française épouse un compositeur américain. Sans
doute ne laissera-t-il pas une grande trace dans les annales du
septième art..."
Le
matin à onze heures, j'étais allé à la messe je n'y vais
plus très souvent, sauf pour quelques enterrements : l'église
était pleine de monde, avec beaucoup de figures inconnues. C'était
le jour aussi de la communion solennelle pour six jeunes tout de
blanc vêtus. Où est le temps où l'on mettait pour la première
fois les pantalons longs et le beau costume sombre, pour l'achat
duquel la « Maison Labau » de Narbonne, ou bien les
« Vêtements René » ou « Conchon-Quinette »
offraient la première montre au communiant ? La mienne était
bizarre avec son boîtier nickelé et pas d'aiguilles. Une petite
fenêtre en léger arc de cercle laissait apparaître le nombre des
minutes, et, au-dessus, une autre ouverture, carrée celle-là,
indiquait les heures. C'était une « sauteuse », et elle
n'a duré bien entendu que quelque temps..."
CABOUJOLETTE, Pages de vie à Fleury 2, chapitre "Le Renouveau", 2008, François Dedieu.
10 heures, ce dimanche 12 avril de l'an de disgrâce 2020, jour de Pâques, notre clocher carillonne... Pâques sous cloche... consolation.
Merci Geoportail pour les ressources plus qu'appréciables mises à disposition du public.