Sûr que les premiers frimas
m’ont figé en banquise ou en statue de glace, comme les prisonniers du « loup
glacé », ce jeu d’enfants, « une variante du loup-garou », qu’ils
disent. Malgré les 30 degrés passés de l’été austral, on joue au loup même à
Mayotte. Pourtant cela m’a aussitôt transporté sous d’autres cieux, en novembre-décembre,
quand on s’attend à une douceur d’arrière-saison avec, dans notre Clape trempée
jusqu’à l’os par quelque épisode dit "cévenol", sous les mouches (1)
et les garrouilles (2), des grisets, des boules de neige, des pieds de mouton, et
plus que tout, le roi de l’automne chez nous dans la garrigue, le rosilhos (3),
aïssaplé sous ses aiguilles de pin.
Plus me plaît le rousilhous
sur la braise de gabel (4), ame un pou d’oli, de pebre et de sal, que le foie
gras à la poêle... puisque, les années fastes, il n’est pas rare d’en trouver
pour Noël, des rousilhous. Hélas, trois fois hélas, macarel même, pour le dire
net, les hivers précoces se font plus nombreux : c’est donc vrai que le
changement climatique...
Après une vague de froid, même
si une douceur humide s’ensuit, pour le rousilhous, c’est foutu, râpé, rétamé...
(1) buissons du ciste de Montpellier.
(2) taillis de chêne kermès.
(3) rosilhon (prononc. rousilhoun), lactaire
délicieux, vineux, sanguin, se plaisant sous les pins. Les nôtres, corrigez-moi
s’il le faut, sont plutôt carmin, violacés, saumon à la rigueur, que carotte,
ce qui ne siérait point dans un pays de vin rubis, rugby et rubicond.
(4) le sarment, la tisana de gabel étant le vin. En Ariège
certains disent « oli de gabel ». sauf que je ne trouve pas "gabel"
dans le dico panoccitan.
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