Un
vice-recteur s’en va en laissant l’île dans l’indifférence et le
découragement. Si les deux années passées sont finalement marquées par
des intentions volontaristes, en particulier dans le domaine de la
construction scolaire, on doit néanmoins regretter l’autoritarisme qui
perdure de la part d’un État trop centralisé pour autoriser des
adaptations locales de bon sens : le monolithisme d’une réforme des
rythmes scolaires imposée à la hussarde en atteste.
Rien
de nouveau sous le soleil de Mayotte qui , si elle ne croit pas plus
que la métropole au Père Noël, en a assez de la prétention et du mépris
affiché par ces pères fouettards que Paris nous envoie.
Que
François Coux, vice-recteur de Mayotte, a été moins lyrique que son
prédécesseur Perrin, à propos de l’utérus des Mahoraises et de l’accent
des îliens, c'est sûr... la barre était trop haute. Mais pas au point
que la presse et les médias locaux en soient à lui tresser des colliers
d’adieu ! Voilà que nos journalistes retombent dans l’absence de sens
critique et leur fâcheuse manie de passer la brosse aux autorités, ce
qui est d’autant plus gênant que les wazungus (métropolitains) sont
surreprésentés dans la profession. L’un de ces médias, toutefois,
KwéziFM et télé, s’est particulièrement distingué, dans un passé proche,
et dans des affaires plus que délicates puisque mettant directement en
cause la gendarmerie impliquée dans un trafic de stupéfiants et la mort
d’une jeune fille de 18 ans. Il était pourtant plus courageux d’attaquer
les gendarmes que de critiquer le dogmatisme de l’Éducation Nationale,
qui plus est, s’agissant de la lamentable réforme des rythmes scolaires.
Si
la critique foncière de la gestion jacobine sinon « colonialiste » (et
c’est à peine caricatural de le dire ainsi) suivie de l’obéissance
servile démontrée par les hauts fonctionnaires relève d’une opinion, ce
n’est pas pour autant que les médias doivent se limiter à un rôle de
courroie de transmission. La population, ultramarine ou non, n’a plus à
gober une propagande d’État insincère dont la finalité consiste
seulement à faire admettre ou oublier les boniments initiaux, la
traîtrise et les parjures de gouvernance ordinaire qui en découlent...
Mettra-t-on un jour au rebut ces pratiques politiques dépassées ?
Dans
cette logique, comme tous les « grands commis » et autres
« serviteurs » zélés de l’État, le vice-recteur, pourtant issu du corps
des chefs d’établissements de Mayotte, ne sert qu’à faire redescendre
autoritairement les décisions de Paris. Comme tous, il ne fera pas
remonter les attentes propres au territoire et ses interventions sont
banalement émaillées de mensonges éhontés.
Son
dernier bobard concerne son départ de Mayotte nié pourtant
catégoriquement quelques jours à peine avant que la mutation ne soit
confirmée. L’avant-dernière dissimulation concernait le nombre de
communes qui embrayent sur la réforme des rythmes (mauvaise sur bien des
points / voir les articles antérieurs)... Se gardant bien d’en donner
les noms au prétexte qu’il n’avait pas à distribuer des mauvais ou bons
points, monsieur Coux a en effet prétendu que huit communes se lançaient
en 2014 et qu'il suffisait d'ouvrir le site du vice-rectorat pour
savoir... Un mensonge supplémentaire puisque rien n’est dit sur le
chiffre allégué. Or le grand succès à Mayotte de ce chambardement au
sujet duquel on se garde bien de faire connaître les aménagements
apportés par le nouveau ministre Hamon (2) tient au chiffre 2 parce que
les municipalités ne seraient que 2 (dont Chirongui) à adopter la
réforme alors que les 2 communes du Nord déjà engagées font plutôt grise
mine.
Le
mois de juin verra peut-être le dernier coup de Coux pour tordre le cou
à ces enseignants qui partent avant la date des vacances et reviennent
après la rentrée... si ce n’est pas le vice-rectorat qui délivre des
billets (à coût exorbitant) en dehors de la période de congé. Dans tous
les cas, l’éleccicon (3) qui y gagnerait beaucoup ne jalousera pas la
promotion que courent les courtisans sans courage de notre démocratie
dévoyée !
Bon vent, monsieur Coux.
(1) Rappelons
que la remise en question des décisions arbitraires et impératives de
la hiérarchie relève, chez les fonctionnaires, d’une faute
professionnelle. Remarquons aussi comment la pyramide centralisatrice
phagocyte ses aspirants provinciaux qui, à l’image des janissaires du
pacha, en deviennent les plus virulents défenseurs... Ne dit-on pas que
les enfants battus deviennent des parents qui battent ?
(2) La
possibilité notamment d’une semaine scolaire de huit demi-journées avec
regroupement du périscolaire sur une seule après-midi... les parents
pourront donc partir en week-end le vendredi dès 11 h 30... Alors que
Peillon voulait "que les enfants aient des journées moins longues et
moins fatigantes", ce qui est sûr est que le temps d’enseignement peut
encore diminuer d’une heure pour passer à 23 ! Ne nous étonnons pas,
dans ces conditions, d’une baisse du niveau toujours plus marquée !
(3) Eleccicon = électeur + citoyen + contribuable.