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jeudi 11 décembre 2025

RETOUR à MAYOTTE, la BARGE puis la ROUTE (21)

...les places ne manquent pas sauf que le plein soleil donne dessus, il y en a bien une à l’ombre mais avec le pied de l’homme en face dessus ; alors je dis pardon pour signifier vouloir m’asseoir à l’ombre, et, peut-être une de ces attitudes marquantes de Mayotte, de gens loin de la réaction épidermique, du renfrognement égoïste, revêche, sinon dédaigneux si commun aux Occidentaux, l’homme, la trentaine, manifeste son bon accueil par un sourire. Comme dans le taxi avec le voisin, l’occasion d’échanger ; il a une valise ; comprenant mais ne pratiquant pas visiblement notre langue, en explication de sa provenance, il montre le quai, lien avec Anjouan et les Comores ; je n'insiste pas. 

C'est tout vu, pas terrible, la photo.de la chatouilleuse qui aborde... mais on devine à gauche, le quai flottant destiné surtout aux liaisons avec Anjouan ainsi que, sur la côte, l'immeuble Ballou dont nous parlions... 

Finalement je la prends la photo de « La Chatouilleuse », d’un peu loin, nous verrons bien. Autre attitude parfois rencontrée à Mayotte : le manque de discrétion, le parler fort de certains hommes, braillards entre eux ou au téléphone jusqu’à passer pour de grandes gueules. Bien choisir le côté à l’ombre lors de la traversée, tribord au retour ; de quoi retrouver toujours la même bouée jaune marquant l’avancée du corail, la zone à éviter dans le bras de mer vers Mamoudzou et Grande-Terre (1). Quinze minutes de traversée ; débarquement, scène si marquante ici mais à ne plus observer tant la pensée de la suite du trajet est prenante, tant domine l'impression que la nature de Mayotte se remet mieux du cyclone que ses habitants. Le plan incliné de la barge racle le béton de la rampe d'accostage. 

Du monde toujours, au camion-bar, mobile par essence mais toujours là. Sur le parking, le sens de circulation s’est inversé ; de toute façon nécessité fait loi, il faut trouver un peu d’ombre pour attendre. Tut tut, la voiture dans mon dos voudrait que le minibus devant avançât plus vite, tut tut à nouveau, je me tourne, une main me fait signe, oh ! c'était, c’est pour moi ! 
Toujours des travaux : à présent ils défont les ronds-points pour cause de voie Caribus, dédiée au transport collectif interurbain… Vingt-cinq ans au moins qu’il se dit qu’il faut faire quelque chose pour faciliter la circulation, 1 heure et demi à condition de partir à 5 h 30 pour faire trente kilomètres (2) ; ce n’est d’autant pas acceptable que le constat est ancien. Point positif cependant : pour une fois des actes répondent aux paroles officielles. Amputés de leurs branches par la furie de Chido, les arbres présentent des moignons aussi fournis que des pompons de pompom girls. Oh ! dans un tournant à l'ombre, un gentil resto ancien aux airs de guinguette, décapité. Par distraction j'ai manqué d'observer ce qu'étaient devenus les grands arbres autour.  
Descente vers Ironi bé, justement là où dans l’autre sens, l’embouteillage supportable du matin commence : des grands bouquets de bambous, ne restent que tronçons et brisures inégales, jaunis et souvent noircis à la base par le feu d'une saison sèche qui en a rajouté. En bas, là où la route coupe la mangrove parallèlement à la côte, jadis, de nuit, un cimetière pour les crabes, et en limite, un grand chantier estampillé Colas : la nouvelle usine de dessalement d’eau de mer. 

Embouchure de la Dembeni 2007 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Pauly. Au fond le village de Tsararano, au premier plan, l'estuaire dans une belle mangrove. A-t-elle résisté et se remet-elle du cyclone Chido d'il y a un an ? 


À Tsararano, encore, étymologiquement, une histoire de “ bonne eau ”, mais ça c’était avant et il y a longtemps que la situation s’est dégradée, en particulier avec la rivière jadis jolie, d'abord blessée lorsque les détergents des lavandières ont remplacé le savon de Marseille, finalement vidée de beauté et de vie, muée en dépotoir de plastiques et autres déchets. Au village, le marché a été déplacé, encore pour cause de travaux, à bon escient espérons. 

(1) août 1998. Au moment de quitter l'île, comme un salut peut-être à jamais, une tortue verte en surface.  

(2) 30 minutes dans les années 90 avec le plaisir, une fois par semaine, de laisser “ la brousse ” pour une rue du commerce où la plus grande boutique n'avait rang que de supérette, l'autre, place du marché, étant la Snie d'Ida Nel, personnage incontournable de l'île. 

dimanche 7 décembre 2025

« ...Qui m'est une province et beaucoup davantage... » (17)

Des photos certes, en arrivant, mais comme on en prend de nos êtres aimés, sans raison précise, juste parce qu'on aime... Mayotte avec des trouées de soleil dans un mitage nuageux ; l’appareil survole Grande-Terre, plein centre, la contourne afin de se présenter sur la seconde île habitée, contre les souffles du nord, entre le Kashkazi de Nord-Ouest et le Nyombeni de Nord-Est, éclaireur du premier, mais tout aussi messager de la saison des pluies.  

Ciel mitigé sur Mayotte, ce 11 novembre 2025. Sur l'autre bord de la baie de Chiconi, la petite échancrure au centre de la photo, grâce à l'imposant bâtiment du lycée de Sada (dit « polyvalent » : triste de ne pas avoir un vrai nom...), je situe la maison qui m'abrite. Et comme toujours, tout se bouscule dans ma tête :
1) 11 novembre, je n'ai pas encore marqué ma fidélité au rituel qui chaque année, me fait lire la liste de nos Poilus morts au combat. (fait le 8 décembre en relevant l'occurrence des prénoms, avec six Henri ou Joseph...)  
2) éclair de pensée pour la chèvre de Monsieur Seguin d'Alphonse Daudet ; tout en bas dans la plaine, la maison avec son clos derrière « Que c'est petit dit-elle... »
3) un clos ? et c'est Joachim du Bellay qui dit bonjour :
« ...Reverrais-je le clos de ma pauvre maison, 
Qui m'est une province et beaucoup davantage ? » ; il se sentait exilé, lui, heureux comme Ulysse, de revoir fumer sa cheminée. (1522-1560), son seul refuge... pas migrateur donc Joachim, contrairement à ceux avec au moins deux points de chute ; pas de chance non plus, Joachim, 37 ans, apoplexie, un AVC je pense... 
Toujours du coq à l'âne, merci de me supporter...  


Déplumé, le versant de La Vigie ne présente que des bouloches éparses, de verdure certes mais dépouillé d'arbres, mutilé ; faudrait une photo pour plus de précision quant aux manguiers, aux cocotiers... sauf que fatigue et soulagement prévalent... 

« Tu veux te voir avec beaucoup de cheveux ? Prends vite une photo ! », voici ce que disait la blague entre hommes sur un début de calvitie ? De quoi rire jaune, sur la végétation, suite au passage de Chido, le cyclone, il y a 11 mois de cela. Des flaques, lors du roulage, confortent l’idée d’un bon début de saison des pluies, promesse d'un mieux dans les coupures d’eau potable, plantations et semailles. 

Acacia_roja_-_Flamboyán_(Delonix_regia) 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Autor Alejandro Bayer Tamayo de Armenia Columbia. 
Étonnamment fourni, celui-ci, à côté de celui de l'aéroport de Mayotte. désolé on n'a pas toujours à cœur de prendre une photo comme de toujours se justifier : mes flamboyants brûleront à jamais pour Petit Georges...   


Aux abords immédiats, durant le roulage, un flamboyant vif vermillon, tel celui, à Sainte-Suzanne, dont le rouge m’avait foudroyé d’espoir en faveur d’un “ Petit Georges ”, 11-12 ans, au Québec, en lutte alors contre une leucémie (1)… Sauf que la vie a une logique que l’espérance n’admet pas ; sauf que l'espoir ne sait pas se taire face à l'unidirectionnel de la vie, parfois une ferrade à vif le rappelle, jusque dans les chairs. 

Dans le conduit de descente où, moins surpris que la première fois, quittant la clim de l'avion, le corps entre en contact avec la réalité climatique de Mayotte, un papier de l’ARS, pistage, dépistage de santé publique, est distribué. Pas de poubelle en vue : reliquat d'un esprit, jadis, un peu rebelle ; de toute façon, on ne peut y échapper : un cerbère empêche l’accès au contrôle des passeports « Seulement le numéro de téléphone », il lance, compatissant. Avec quel stylo ? Où est passé le mien ? Obligeante, une dame m'en prête un. Pas celui du préposé qui ne reviendra pas... Vite, faut lui rendre. Qui plus est, cette aide vient relativiser le sentiment général que les Indiens de l'île sont à part, vivent entre eux depuis ces temps anciens où on les a envoyés commercer puis s'installer là où les affaires étaient possibles... Le temps bouscule nos à-peu-près, faut en convenir et en savoir gré. 

« Monsieur, ce visage, je vous ai reconnu de loin, fallait que je vous parle. Le collège de Chiconi ? Années 90 en histoire-géo, c’est bien vous ? Superbe, souriant, il a fait en sorte de me précéder d’une place pour m’aborder.

— Mais oui, c’est gentil de ta part. Rappelle-moi qui tu es. (la mémoire se réduit aux quelques uns, les derniers surtout, sinon ceux au triste destin, de ces milliers sûrement, d'enfants et adolescents confiés à nos devoirs sur quarante années de métier...). 

— “ Bel… Ben… ” j’ai 47 ans, une belle jeunesse à étudier, avec vous tous, les profs. Une autre époque, du respect, on aimait apprendre… Et vous, toujours à Mayotte ?

— C’est vrai. Vous étiez tous touchants de confiance... Tu sais j’ai eu la chance de ce respect réciproque. Loyauté, sincérité permettaient d’aborder tous les sujets, sans tabou. (J'ai toujours été pour aller de concert plutôt que d'assujettir, de guider mais par le dialogue, la persuasion, pas le bâton). Sinon, oui, ma vie a continué, je me partage entre la métropole et Mayotte, et depuis la retraite, ici, à Sada, et un dernier fils qui a 19 ans aujourd’hui. (Et lui de me citer cinq ou six noms de collègues avant de s’enquérir du mien, un moindre mal, pas de quoi s'en savoir mal. Moi aussi devrais chercher dans mes listes et cahiers de notes. 
Les passeports, les bagages, l’anticipation du trajet à la barge, les conditions n’y sont pas pour une disponibilité sans entrave, un échange sans arrière-pensées).

— De toute façon, je suis toujours à Sada, on se reverra. (Oh ! Pas le temps de demander ce qu’il fait… comme je m'en veux. » (à suivre) 

(1) terrible un gosse demandant à mourir pour ne plus souffrir ! Petit Georges est parti en juillet 2011... La vie nous broie les tripes de ses serres mortelles... 


lundi 1 décembre 2025

« Mon VILLAGE est LOIN... », dernières heures vers Nairobi (10)

Elles sont agréables les places du fond vu qu'il n'y a personne derrière, que d'incliner le siège ne gêne en rien, que les toilettes sont à portée ; des désagréments néanmoins : les casiers sont en bonne partie pris par l'équipage et le réassort lié aux places qui seront occupées, nous sommes servis en dernier, d'où le plus de « chicken », ce que n'a pas apprécié mon tarabusté de voisin, pas « fish » du tout et qui s'est rabattu sur les « vegetables », les seniors seraient plus commodes dit-on... bis repetita pour le “ plus de crème ” sur le plateau présenté au moment du café... Que diable ! l'essentiel est d'arriver entier ! 

Extrémité occidentale de la Crète lors d'un vol retour.  


Mer_rouge 2005 Domaine public Author NASA. 

L'évitement de la Libye, une fois oui, une fois non ; toujours à l'époque d'un terrorisme certain (de nos jours on sait quand même qu'il reste latent) ; le ciel crétois une fois abordé, le vol décrivait alors un coude en direction de la Mer Rouge, rouge à cause de son algue bleue... C'est ce que fait l'avion cette nuit du 10 au 11 sauf qu'au lieu de couper la Corne de l'Afrique jusqu'à Mogadiscio avant de plonger au dessus de l'Indien vers La Réunion, à destination de Nairobi, il va couper par l'Éthiopie. 
Le vieux professeur qui sommeille ne peut effacer en lui des images de Mussolini, de la “ sécession ” de l'Érythrée (fédérée par l'Onu à l'Éthiopie, en 1952)(1), de la guerre civile au Tigré, des famines marquantes laissant, a contrario, le visage souriant d'un petit de Givors des années 70 se disant solidaire des « Tchoupis », et la chanson «... loin des yeux et loin du cœur... » pour celle de 1984, et le Négus, et Rimbaud, et Henry de Montfreid, et Djibouti où Régine, la fille Comparetti, partit enseigner... et le Somaliland séparatiste non reconnu (encore une lubie schyzophrène de l'Onu) (2), et les Oromos clandestins pour l'Arabie Séoudite, détroussés, violés, coincés au Yémen, revendus, tués sur les routes du déracinement, les peuplades buveuses de sang de l'Omo, un des fleuves qui n'arrive jamais à la mer. Bien sûr c'est sommaire, juste un diaporama mais ouvrant sur plus d'intérêt et de curiosité, celle à faire germer en priorité chez nos jeunes... 
« Qui sommeille », je disais et c'est vrai que les huit heures de cette partie du voyage passent plus vite si on peut dormir (marrants ces habitués au coussin autour du cou, un peu “ j'arrive en ”). Un bon dodo peut-être en plusieurs tranches mais sereines, sans ronflements, pleurs de bébés, problèmes divers de promiscuités, et le diaporama de l'espace parcouru ne déroule ses images qu'au réveil, en regardant la trajectoire matérialisée de l'appareil au dessus du continent africain... Zut je n'ai pas pris de photo... Pas de file d'attente du matin aux toilettes contrairement aux gros-porteurs. Le voisin est sollicité pour la grille de mots croisés de madame ; dans le partage des tâches et une égalité des sexes ne reflétant pas hélas la condition ordinaire de la femme, stewards et hôtesses ont retombé la veste pour le service : petit-déjeuner, pain confiture et quoi encore... je n'ai pas noté... Fini le parfait voyageur !     
5h 45, décalage horaire, Nairobi, atterrissage, lumières de la ville ; le niveau zéro n'est pas celui de la mer, la capitale kenyane se trouve à 1600 mètres d'altitude. Un type vient va et retourne à chercher un bagage introuvable dans les casiers : il insiste à plusieurs reprises là où sont mes affaires... je l'ai à l'œil... (à suivre) 

(1) annexion  de facto par l'Éthiopie en 1962, ce qui provoque une guerre d'indépendance qui verra l'Érythrée vaincre en 1991. l'indépendance officielle date de 1993 mais les deux pays sont restés en état de guerre jusqu'en 2018. Merci l'Onu... (un point de vue utile en considération de son arbitraire affiché à l'encontre de Mayotte et des arguments plombés des tenants d'une prétendue unité comorienne justifiant qu'on la revende...). 

(2) le Somaliland correspond à l'ancienne colonie britannique, le “ reste ” de la Somalie à l'ex-colonie italienne. Entre fusion puis sécession, pourquoi l'ONU doit-elle décider à la place de plutôt que d'assurer seulement un maintien de la paix ?    

mardi 25 novembre 2025

RETOUR à MAYOTTE, quitter son village (5)

Chance ? malchance ? fatalité, destin... 54 ans, acceptant, il y a un mois, de pouvoir mourir auprès des siens, ils l'ont enterrée voilà quelques jours... et le copain “ de derrière l'Horte ”, à se battre depuis dix ans, hospitalisé depuis un mois, continue-t-il à narguer, à rire au nez de la camarde ?

Pardon, pardon, promis c'est dit une fois pour toutes, ne pas oublier les morts et les souffrants mais rester dans le monde des vivants, et, à y être, à fond dans le carpe diem, à rester heureux afin de garder tous ses amis plutôt que d'évoquer ses nuages au point de les voir s'éclaircir jusqu'à vous laisser seul... C'est Ovide qui le dit, dans les pages roses du Petit Larousse, pas moi.

« Sem pas aqui per faire de rasonaments ! » c'est bien vrai ça !

Active JF, fas cagar ! la poubelle, les déchets bac jaune, les sonneries du téléphone, du radio-réveil, en cas de courant coupé, le nouveau, la chatte ayant explosé le vieux en le faisant tomber, d'autant plus que Chido a confirmé qu'un cyclone des plus intenses peut mettre Mayotte à bas. On ne peut s'y fier, ça sonne ou ça ne sonne pas, je veux bien en être la cause première, “ malajit ” que je suis mais pas que... 
Scotcher ce qui risque dans un carton, bourrer d'habits contre les chocs, boucler les valises en incluant qu'elles seront malmenées par des personnels en tous points exploités (le salaire ne devant pas correspondre aux charges de travail imposées... en ce domaine aussi, il y aurait à redire à propos des rouages sociétaux rouillés). 
Tout mettre dans le couloir, mettre aussi dans sa tête le chiffre cinq, la banane, le sac, l'ordi, les deux valises, les cinq choses ne devant pas rester en plan du début à la fin du voyage, de la maison à l'auto, de l'auto au train, du train à l'avion. 
Fermer les volets mais laisser ceux susceptibles de dissuader squatteurs ou voleurs.
La douche sans attendre le matin, ensuite plutôt s'installer habillé et chaussé dans le fauteuil, des fois que ça ne sonnerait pas ; nuit marquée de micros sommeils ; six heures du matin, si j'en ai arrêté un qui aurait peut-être sonné, l'autre est resté muet.
Ce n'est pas le moment de se rendormir, de se laisser bercer par la télé qui m'a tenu compagnie. Alors, tel un ressort, il le faut ; l'en-cas et la bouteille du voyage et enfin, avant de partir, les vannes d'eau, de gaz, l'électricité à couper, la clé à ne pas oublier... cette foutue clé, la dernière fois, oubliée trop vite on ne sait plus où quand la tension retombe, et qu'on cherche, huit jours après vu que des mots en parlent : jusqu'à la nouvelle migration, elle restera dans la veste chaude sans utilité sous un climat tropical. 

Béziers Pont Vieux et Cathédrale St-Nazaire 2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Sanchezn

6h 50 de l'heure d'hiver, mon fils Olivier est là ; pas de spleen à remonter vers Béziers, c'est à peine si je remarque la bande vermillon violacée du soleil levant sous un couvercle de ciel gris. En ville, des travaux, nous avons une marge, pas de stress superflu, la circulation est fluide. 

Le CANARD au RIZ de Bernard Poujol (2 & fin)

 Cette culture biologique s'avère avantageuse : 

1 - par le non emploi de l'agrochimie à fin de désherbage, d'élimination  de ravageurs, de fertilisation. 

2 - avec leurs pattes, les « petits ouvriers désherbeurs » oxygènent l'eau et participent à l'assimilation des bris de paille laissés par la moissonneuse. 

3 - les déjections des canettes forment un excellent engrais naturel. 

4 - devenus trop grosses pour passer entre les lignes de riz, les canettes sont appréciés en cuisine auprès des restaurateurs...  

5 - le rendement (4 t/ha en moyenne) atteint pratiquement celui de la culture conventionnelle (moyenne de 5,5 t/ha), nocive, elle, pour notre santé, létale pour le vivant des sols. 

Ce choix de culture naturelle avec l'animal en acteur principal, influerait aussi sur l'incidence de grippe aviaire.  

Attention, Arles se retrouve bien mal située. 
 

En conclusion, quelques prolongements : 

— le bio doit-il rester réservé aux revenus confortables des convertis ? Visites, entretiens, vidéos, Bernard Poujol se veut ouvert... le problème est que son riz aux mulards à 13,50 euros le kilo figure dans les produits de luxe... il est pédagogue et gentil, Bernard... et si quelqu'un peut compléter en précisant le prix au kilo du canard, l'indication sera la bienvenue... 

— À côté de cela, le riz produit à Marseillette dans l'Aude, s'avère raisonnable et accessible (et bon), 6 €/kg. 

Saint-Louis-de-la-Mer aux Cabanes-de-Fleury (Aude). 

— Il me semble avoir vu, au moins une année, à la place des vignes, des clos de riz à Saint-Louis-de-la-Mer, la campagne des Cabanes-de-Fleury. 

— Plus que les riz dits paddy, cargo, complet, rouge, blanchi, sauvage,  le bon souvenir d'un riz “ de printemps ”, venu à coup sûr des plateaux malgaches, au Poivre Vert, petit resto du Somail tenu par des Réunionnais à l'accueil très amical dans une ambiance intime : dans la salle seulement notre couple. 

— À Mayotte, le riz pluvial cultivé en champs est longtemps resté un produit festif du dimanche, enfin du vendredi... certains évoquent avec nostalgie le fumet s'exhalant des toits de chaume... Non protégés par des filets, les champs attiraient des vols de perruches. Souvenir des “ kii ” répétés d'un petit vol vert fluo (années 2000) et des dernières cultures par des gens âgés (années 2010). Si dans l'île l'abandon de la culture  a amené sa rareté, l'oiseau a disparu avec elle, l'espèce étant considérée « échappée » telle celle qui s'adapte à nos milieux européens occidentaux... on en voit même à Béziers. 

— Encore à Mayotte, suite aux cachoteries des autorités concernant l'importance des clandestins (rappelons qu'en métropole, le ministre a reconnu qu'ils devaient être 700.000), pour avoir une idée du nombre d'habitants, un journaliste eut l'idée de totaliser la quantité de riz importée. D'un coup, d'après le chiffre des statistiques manipulées, les Mahorais se sont retrouvés théoriquement champions du monde pour une consommation au double de celle de nos voisins malgaches (c'est le Myanmar qui en consommerait le plus, 188 kg/hab [2022], 5 kg/hab en France... 50 à La Réunion où, depuis petit, un ancien élève disait en manger matin, midi et soir...).  

— une cuisson basique : 1 volume de riz dans 2 volumes d'eau salée, faire bouillir 1 à 2 minutes, couvrir jusqu'à ce que le riz ait absorbé l'eau.   

Vidéo annexe : Appréhender le monde avec une vision, avec Bernard Poujol  (des explications par l'initiateur en France d'une  “ riziculture canardière ”). 

Riz_de_Camargue_-_3_couleurs 2012 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Véronique PAGNIER.

Riz culture en_Camargue par des riziculteurs indochinois, années 39-52, Domaine Public, Author source Vu Quoc Phan... relent de France coloniale...



mardi 18 novembre 2025

RETOUR à MAYOTTE. 10 et 11 novembre 2025.

Prémices. Rappelant ce lointain pour un vécu moins contraint, trente années en arrière, pourquoi ces avions toujours vers le Sud, à laisser leurs traînées si le vent doit tourner marin ? 

Vol_d'oiseaux-Île_de_Cosne_(Cher) 2012 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Auteur Cjp24. 
Mince, pas moyen de récupérer les miennes de photos... Chercher, repasser, se demander et enfin comprendre à la vue d'un imbécile heureux porteur d'un béret qu'un doigt intrusif avait inversé la prise... mis en accusation, le doigt a dit que c'étaient les yeux... et oui, un soleil aveuglant et l'âge avant tout...
 


Et ces vols d'oiseaux semblant s'attendre ? Par une belle journée de début novembre, depuis le chemin de Baureno,  à suivre les “ grous ” si sonores des grues, il se confirme qu'elles ne feront pas étape dans l'Étang de Fleury... Pourquoi le feraient-elles d'ailleurs, puisque à part quelques pluies d'automne, modestes bien que bienvenues, le déficit hydrique est tel  aux marges du Golfe, que son émissaire, le Ruisseau du Bouquet (1), est à sec depuis belle lurette ? 

L'Étang de Fleury vu depuis la colline du moulin 1967 Diapositive François Dedieu. Époque géniale, un clic, une photo, et ce par milliers... sauf qu'un clic malencontreux, un bug du disque externe et plus de photos... Les diapos de papa, au moins, moins nombreuses mais toujours là. Nous avions peu, avant... Aujourd'hui, tout avoir c'est aussi n'avoir rien...


Non, depuis ce modeste seuil entre le village et la cuvette enclavée dans La Clape, il y a longtemps que nous n'avons pas vu l'eau miroiter suite aux pluies pourtant courantes d'automne. Les grues se regroupent afin de profiter d'une ascendance ; elles tournent, en spirale et montent au point de devenir toutes petites avant de cingler à nouveau, en vol plus uni, vers l'Espagne. Prendre de l'altitude afin d'aller plus loin... De quoi se sentir également migrateur, par destination. Pas voyageur, juste à devoir s'éloigner, par destinée... une « Forza del Destino » finalement bien moins alambiquée et plus facile à suivre que l'opéra de Verdi (2). Pas plus émi- qu'immi-, juste mi- du migrateur. 
Fatalisme familial ? enchaînement improbable ? une rencontre de travailleurs étrangers dans l'Allemagne nazie, une charrette de diplomates français expulsés, en représailles, de Prague par le pouvoir communiste, l'opportunité d'un poste au Brésil pour échapper au dénuement. Aléas qui se superposent, se démultiplient avec les générations, c'est s'avancer et souvent se tromper que d'annoncer des chemins tout tracés...   

Plutôt que de suivre un livret d'opéra aux péripéties outrancières, plutôt que de s'atteler à une saga remontant loin dans un passé dit familial, autant ne considérer qu'une tranche de vie, celle liée à une nomination à Mayotte dans les années 90. Sensation d’un retour à la case départ, au jour de la migration initiale, consentie suite à un sur-place économique lié au matérialisme imposé par nos sociétés dites développées… pensée pour les migrants obligés en vue de survivre plus que de vivre, risquant de mourir en chemin ou en mer, se coupant du cercle familier, parfois à jamais. Partir, une décision, un acte impactant... un bien pour un mal sinon l'inverse... bref un départ pour du mieux qui a un prix, un 27 septembre 1994. Une relation de ce voyage doit figurer dans mes papiers ou courriers tout comme quelques unes d’autres entre l’Europe et le Sud-Ouest de l’Océan Indien, plus espacées tant le voyage est devenu trajet. Sinon, à confondre, à oublier si rapidement, on en arrive à réduire à l’extrême le temps qui pourtant passe déjà si vite. Il y aurait suffi de noter... encore une capacité des écrits qui restent. Et cette fois, vu que la migration n’a pu se faire en 2024 pour cause de santé et que la chance qui s’en est suivie au prix modique de seulement dix-sept mois écoulés, inconcevable tant elle est trop belle, motive. Trop belle, oui, en parallèle à ceux qui luttent depuis des années, à ceux qui savent qu’ils doivent quitter ce monde. Pas de quoi s'emballer, tout n'est que sursis, tout peut aller mal du jour au lendemain

En attendant, le dire c'est manquer de pudeur. J’ai beau dire que c’est pour moi sinon mes fils, ma compagne, ma famille, nos descendants, nous regrettons tant ces blancs si courants dans la vie de nos proches, l’argument passe à peine comme circonstance atténuante ; plus acceptable peut-être, l’idée que toute existence ne s’inscrit que dans le flux des 117 milliards qui peu ou prou ont fait ce que nous sommes, et que le témoignage, serait-il personnel, se fait aussi au nom de tous ceux pouvant y adhérer, partager plus ou moins. Aussi, manière de relever toutes les différences formant néanmoins le groupe, l'occasion de méditer le mot de Jules Michelet  « Chaque homme est une humanité, une histoire universelle ». Chacun est un rien bien qu'unique, chacun est tout... 

Sans qu'on sache où elle ira, chaque trajectoire singulière ne laissera en définitive qu'une trace relative : pas de chemin, seulement un sillage sur la mer, l'image chère à Antonio Machado, l'intellectuel et poète remarquable amené à mourir en exil à Collioure, semble répondre à ce questionnement... 

« ...Caminante no hay camino, sino estelas en la mar... » 

Qu'il en soit ainsi plutôt que, pour reprendre la métaphore, un sillage moins éphémère d'hydrocarbures, de pollution, de réprobation morale marquant plus durablement la mémoire humaine.  

(1) à peine dévoilé par les cartes et écrits, au cours pas si anodin, relativement, de toute évidence pour ses riverains pérignanais : à une époque préromaine, par un étonnant souterrain n'a-t-il pas permis de drainer puis de mettre en culture l'étang dit « de Fleury » ? Ne rejoint-il pas la source qui lui donne son nom, accessible par un escalier et où les femmes puisaient encore l'eau dans les années 50 ? N'a-t-il pas, là où de nos jours, les lotissements se sont multipliés, accueilli nombre de potagers, si pratiques et productifs, en bas du village ? Sans aller dans l'anecdotique avec les petits profits jadis procurés : blèdes, épinards, pleurotes jusqu'à une eau claire que notre ami Louis s'est même risqué à boire alors, plus en aval, grâce à une pousarenco, un “ seau à balancier ” autrement dit « puits à balancier », cigognier, sigonho, gruo sinon chadouf (pour parler français), avant de rejoindre la plaine, n'a-t-il pas, en plus d'autres productions, offert à l'oncle Noé des comportes de melons ? (à lire, sur ce blog toute une série d'articles sur « Le ruisseau du Bouquet »)   

(2) pour ceux qui aiment lier hasards, aléas et coïncidences : à cause de la maladie, en 1861, de la soprano Emma la Grua, la création de l'opéra de Verdi, évoqué fortuitement ici, n'eut lieu que le 10 novembre 1862...   


mardi 4 novembre 2025

« Le temps qui m'est donné... » René-Guy Cadou (1920-1951)

 « Le temps qui m'est donné, que l'amour le prolonge. » René-Guy Cadou (1920-1951).

Au sujet des réactions suite à mes propos du 2 novembre, jour de la fête des Trépassés, en demandant des circonstances atténuantes pour un sentiment qui s'est montré, au point d'en devenir difficilement pardonnable...

Pardon encore et merci pour vos réactions qui me touchent et me gênent aussi à cause de cette part intime qui doit ordinairement le rester... La vie, la mort... questions éternelles. Est-ce qu'une petite vie compte ou ne compte pas du tout à côté des 117 milliards autres qui se sont succédé ? Question aussi sur ce que le temps a ou aurait de vivant, de mort, rapport au passé, au présent, au futur... Peut-on penser que le village, lui, pour la communauté qu'il représente, marqué par un flux vital qui continue, l'est par addition des individualités ? Merci Guy, cher ami, d'apporter aux interrogations.

Avec vous, revient l'idée de renouveau (pour ne pas dire “ renaissance ”, mot politiquement galvaudé), de saison qui se meurt puis revient dans le cycle annuel... peut-être que de grands auteurs, sans plus rien ajouter sur leur longévité, dont Apollinaire (1880-1918), Hugo (1802-1885), y ont été sensibles... ou encore René-Guy Cadou (1920-1951). Pardon toujours, serait-ce sans le faire exprès, pour un perpétuel bavardage digressif toujours en parenthèses, en coïncidences choisies, mais comment ne pas être ému quand une jeune pousse, un petit Alex de sept ans, récite « Odeur des pluies de mon enfance...» et avec le ton s'il vous plaît, s'il le veut ! Poutou Alex, et un grand salut au professeur des écoles impliqué, toujours instituteur, toujours maître d'école.

Merci Alain, cher ami de la micheline pour Perpignan, bien sûr qu'il faut apprécier le positif tant qu'un nouveau matin nous réveille à la vie, à louer le Carpe Diem, les plaisirs aussi simples que modérés, la tranquillité d'esprit, l'absence de crainte irraisonnée...

Pensées reconnaissantes aussi à Josette si soucieuse des aïeux à Fleury, à Angelines aussi de la “ rue du porche ” bien que pour sa triste actualité, à Émilien de La Pagèze pour son signe discret et, plus voyante, la belle glycine dont on espère les nouvelles fleurs comme on anticipe le printemps, à Manandzafi de mes “ petites ” et “ petits ” de Mayotte comme de tous ceux qui m'ont responsabilisé, comme ceux de la communale de René-Guy...

mardi 28 octobre 2025

L'EXPRESS 97 sur MAYOTTE (fin)

Deuxième volet de l'article inclus dans la correspondance paternelle depuis l'Aude vers Mayotte où je travaillais par contrat. (article de Michèle Georges dans L'Express en date du 21 août 1997, avec, de ma part, seulement un condensé subjectif commenté entre parenthèses). 

Selon la journaliste, il n'empêche que bien des problèmes viennent entraver l'intégration de Mayotte : une société de « structure musulmane, teintée d'animisme ... », le néocolonialisme, « beaucoup de laisser-faire » sont aussi mis en avant... et de prendre pour exemple le manque de cadastre ( sauf que lorsque l'acte de propriété existe, même l'administration locale peut tenter de s'accaparer indûment le bien d'autrui... je connais personnellement la cas d'Ali qui a failli se faire déposséder et qui a été longtemps malade de la bataille infligée afin de faire valoir ses droits... Par contre, encore avec des pincettes, qu'en est-il, en pensant aussi aux bidonvilles, des constructions illégales peut-être dans la bande littorale où il incomberait à l'État de se payer les taxes afférentes ?) 

L'article poursuit avec la difficulté liée à la contribution foncière pour un banga concernant un paysan vivant de « la cueillette de banane et d'un peu de manioc ». (il est vrai qu'en métropole, si la chasse aux constructions illégales prennent bien des années, la moindre propriété coûte tous les ans un impôt excessif au propriétaire déjà sollicité en amont et qui devra payer sa vie durant l'équivalent d'un loyer... la France est un pays très libéral pour les grandes fortunes à l'enrichissement indécent... la France est un pays communiste rackettant les moyens et les petits qui ont eu le malheur de vouloir sortir de leur condition...). 

(Ensuite les noms de famille alors qu'après le prénom, la tradition faisait porter le prénom du père : cela s'est fait souvent en adoptant le nom d'un aïeul sinon en gardant ledit prénom. De même pour l'état civil jadis géré par les cadis, juges de paix musulmans... réputés « illettrés dans toutes les langues (arabe, shimaoré, français...) et facilement corruptibles... ». (Ainsi, changer de date de naissance, prendre le nom de son frère pour pouvoir postuler [un instituteur m'en a témoigné], par exemple, était monnayable). 

Pénurie d'eau... statut de la femme... 

Et surtout, cette loi cadiale, religieuse, confirmait le statut inférieur de la femme : répudiation, divorce toujours en faveur des hommes qui laissent leur progéniture en pertes et profits (l'appartenance à la France confortée par la départementalisation amènera à l'émancipation des femmes. Le permis, la voiture, l'emploi [pour le dire vite], dénotent de leur libération de l'emprise masculine, de leur dépendance financière, de l'obligation d'engendrer. En outre, la prétention à la polygamie au motif qu'elle serait plus honnête que la relation extraconjugale, le cas du président Mitterand étant souvent mis en avant, n'a plus rien de patent).

Michèle Georges, l'envoyée de l'Express, rappelle le rôle majeur des « chatouilleuses » dans la bataille pour Mayotte française, (un combat certes pour l'égalité de droits et de devoirs [ces derniers trouvant à s'appliquer pratiquement aussitôt alors que les droits ne seront assurés qu'à long terme... et du même ordre je relevais dans un article d'Agoravox, le 31 mars 2018, que Mayotte, alors 0.3 % de la population française ne recevait que 0.2 % de redistribution par l'État et, chiffre plus récent, que Mayotte ne recevait que 62 % de ce que reçoit la Guyane] alors pourquoi rabaisser le niveau du débat en avançant que la motivation mahoraise serait “ l'argent-braguette ” des Antilles ou le RMI-Toyota de La Réunion).  

Wikimedia Commons Maritime_boundaries_between_Seychelles_and_France-fr.svg Auteur Sémhur (talk)

  

L'EXPRESS 97 sur MAYOTTE (1)

Envoi de mon père depuis la métropole, un article de Michèle Georges dans L'Express en date du 21 août 1997, (de ma part seulement un condensé subjectif commenté entre parenthèses). 

« Mayotte : « Nous voulons être comme la Lozère »

« Ils ont choisi la France dès 1976 » (Ils veulent être département, ce qu'ils demandent au moins depuis 1958) ; la révolte des séparatistes d'Anjouan jusqu'à brandir le drapeau tricolore, conforte les « 130.000 » Mahorais dans cette demande 

(difficile de se baser sur les chiffres de l'INSEE aux ordres, le nombre des Français de l'île serait aujourd'hui plus que doublé sauf que... les autorités étatiques se refusant à donner des chiffres sur l'immigration, il est de plus en plus admis que le nombre d'immigrés est supérieur sur l'île à celui des nationaux... à l'époque, un calcul judicieux s'était basé sur la consommation d'un produit importé, le riz... résultat : champions du monde les Mahorais avec le double par habitant que les Malgaches, lauréats coutumiers... une conclusion dénigrée, vilipendée même par les voies officielles. Néanmoins, le temps historique s'avérant bien plus lent que le temps humain, pas plus tard qu'hier, le ministre de l'Intérieur a lâché une info parlante : en métropole les clandestins seraient 700.000... ce qui pourrait amener à penser que la consommation de riz donne une estimation acceptable de la situation).  

Anjouan-invasion-2008 Domaine Public Author CIA & Brianski. En 1997, Anjouan et Mohéli, demandant en vain le rattachement à la France, affirment leur séparatisme. Les coups ultérieurs de force à Anjouan du colonel Bacar, d'État à la Grande-Comore du colonel Azali (désormais président jusqu'en 2029), ajoutent au record des convulsions séditieuses, au chaos politique d'une prétendue Union des Comores...  

À propos de la révolte d'Anjouan, la journaliste note « une franche jubilation, pimentée d'un zeste d'esprit de revanche » dans le ressenti à Mayotte (l'inquiétude prévalant sur une situation qui les laisse vigilants, la jubilation me paraît exagérée sinon accessoire). 

Cuisine collective de la cantine “ offerte ” par J. Chirac à la commune de Sada « ... ne pas mettre la charrue avant les bœufs... »


(En promettant une consultation toujours remise à plus tard, la France continue de faire durer le statut de Collectivité Territoriale, statut qu'elle confortera pour dix ans de plus... Jacques Chirac, président de la République n'a-t-il pas, en octobre 1986, déclaré aux Mahorais « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs » ? Convenons certes mais que dire des bœufs qu'on ne veut, des lustres durant, manifestement pas préparer à tirer ladite charrue ? c'est qu'on craint la grande puissance comorienne, le machin onusien, l'Union Africaine, nos cocos, tous pour « le territoire comorien de Mayotte » ! Holà ! et que fait-on de l'Histoire ? Allons -y dans ce cas pour revendiquer le “ territoire français des îles Anglo-Normandes ”, le “ territoire espagnol de Gibraltar ” et ces îles grecques des Sporades thraces, orientales, du Dodécanèse qui étranglent l'espace maritime turc ? ). 

L'article poursuit opportunément avec les paroles du sénateur Marcel Henry (1926-2021), de toujours ardent défenseur de Mayotte française « Nous voulons être comme la Lozère, c'est à dire irréversiblement français... » après « ... tellement d'efforts pour éviter d'être largués par la France ». Pour le sénateur Paris freinerait en raison du coût or l'essentiel serait plutôt d'appartenir à une entité rationnelle plutôt qu'additionner « ... comme les Comores [...] 2 assassinats de chefs d'État, 17 coups d'État et une misère générale... » (du qu'en-dira-t-on international et, entre autres relents de corruption, le fait par exemple que le président Abdallah faisait mettre sous séquestre par ses mapinduzi, le riz de l'aide internationale dans l'attente d'une hausse des prix, sinon, serait-ce à prendre avec des pincettes, le taux de BMW à Anjouan alors que, clandestins, les miséreux partent toujours plus nombreux pour Mayotte). (à suivre) 

  

vendredi 24 octobre 2025

Dernier mois d'automne 97 à Fleury.

Vignes et moulin en automne. Diapo François Dedieu. 
 

Samedi 15 novembre — Magnifique journée d'automne. le vent est absent, les feuilles encore sur les plantes prennent des tons mordorés, le tapis de feuilles mortes attend sous la rosée matinale un balai qui ne viendra pas, notre soleil méridional darde ses rayons sur les vignes aux coloris divers et un village à la fois lourd de son passé historique bien que tourné vers l'avenir. Songeur sur l'automne, j'entends des coups de marteau lancinants depuis la maison d'Emilienne devenue depuis peu le siège de “ Fleury Immobilier ”. Le “ marteleur ” doit mettre à bas quelque pan de mur à coups de burin, c'est que la maison a dû jadis souffrir de la présence des vaches, du fumier, du purin. 

Fleury, fête patronale de la Saint-Martin 1990. Photo François Dedieu.

Les jours de fête ont été bien tristes, comme tu peux l'imaginer; les forains ont eu quand même du monde le 11, le concert traditionnel a été remplacé par un récital de chansons dont je n'ai eu aucun écho, vu les circonstances je ne suis allé ni au Monument aux Morts, pas plus qu'au vin d'honneur offert par la municipalité. La mort rôdait dans les parages et elle exige calme et recueillement. 

Je suis passé au cimetière puis à notre maison natale. Quelques lettres de condoléances sont arrivées : de Marinette Founau, la femme d'Adrien, depuis peu avec son mari dans une maison aux environs de Béziers, après Salvaing ; de leur fils Henri, le docteur, déjà veuf ; de Lucienne Pujol, veuve de Roland neveu de l'oncle Noé, de Salvador et Cécile Pérucho de Fabrezan. 

17 h 30. Nous revenons de la mer, le coffre plein de bois. A la fin de la première mi-temps contre les Springboks, nous en étions à 19 - 15 ; le temps de rentrer au village, ils nous menaient 29 - 15, une étrillée ! Heureusement nous avons assisté au sursaut tardif des nôtres et avec trois essais, nous ne perdions que de quatre points... Si les deux transformations eussent été réussies, c'était 36 - 36. l'adversaire était redoutable et après tout, ce n'est qu'un jeu...

Il y a un moment, le haut-parleur du manège appelait les enfants pour le prochain tour (3), mais tout est redevenu bien calme, en attendant demain après-midi, sans doute, pour quelque supplément dans la caisse. Lundi, le démontage va sans doute commencer, la ronde incessante des gens du voyage se poursuivant traditionnellement par la fête de Murviel. 



Je t'ai photocopié le texte d'origine du « Doublidaïre » en orthographe languedocienne. 

Nous avons été heureux de savoir que la “ pluie des mangues ” avait réjoui le cœur des Mahorais, et que les restrictions d'eau ne seraient plus qu'un mauvais souvenir (4). Laeti et Pierrot ont bien reçu tes mots, tes fleurs et ta page de tchèque. Tu t'en sors bien dans cette langue difficile, pour ne jamais l'avoir étudiée !   

Avec tous ces tristes événements mes travaux de peinture ont été suspendus [...] à condition de ne pas attendre trop longtemps quand même ! (5) Le “ bleu séraphin ”de Corona est mon ancienne couleur, maintenant j'ai pris “ bleu glacier ” de Valentine.

Les bolets et les crabes devaient être bien savoureux. La pêche de ces derniers est donc interdite pendant la période de reproduction. Il serait en effet dommage de les voir disparaître. 

(mentions à la main) Mardi 18 /XI. Encore un coffre de bois à St-Pierre. Temps gris aujourd'hui : on en profite pour se faire vacciner contre la grippe. La place du Ramonétage s'est vidée dès hier. 

Tendres embrassades, François Dedieu 

Jean-François, jen par slov. Venku prsi ale zima neni, pry rostou houby. (seulement quelques mots. Il pleut mais il ne fait pas froid, les champignons devraient pousser). Maman Jirina. 

(3) la fête foraine s'installait alors sur la place multiple du Ramonétage.  

(4) ce qui depuis n'a pas été le cas? Dernièrement, les coupures pour manque d'eau sont passées de deux jours sur trois à trois jours sur quatre... (oct. 2025).  

(5) Aïe ! faudra bien que je m'y mette, à âge égal, trois décennies plus tard...    

samedi 18 octobre 2025

Soleil Noir ? 4

C'est vrai, j'avoue passer du coq à l'âne avec cette conversation à bâtons rompus, c'est que ça me pousse, ça pousse en moi, de la graine à la plante, en tout ce que je suis, depuis l'enfance, avec un engrais culturel (prétentieux va !) faisant humus au fil des ans... et nous savons trop bien que notre destin est pareil à celui des plantes... Pardon. 

Comment ne pas croire à cette évasion d'un beau dimanche d'octobre ? Sauf qu'une triste réalité s'est mise à occuper tout l'espace, à instiller, à noircir et mes mots et mon être. 

« ...Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs... » 
Le Chêne et le Roseau, La Fontaine. (Merci messieurs Rougé, Robert, Carrère, merci l'instituteur, merci l'école... toujours vivantes, les images évoquées...).  

Déguerpir. Un instant m'est alors venue l'illusion que la douceur programmée d'un séjour sous les tropiques y remédierait. Las, dans la seconde, elle a pris le tour d'une fuite vaine, inutile, sans plus de havre où retaper son moral... Pauvre  Mayotte... Ne plus entendre le petit souimanga (sorte de colibri), si petit mais au chant si puissant et joli, certainement anéanti par Chido le terrible cyclone (15 déc. 2024), en plus de la forte pression démographique... et des idéologues entêtés de la politique... et d'Arte...  

« Ma philosophie, c'est le contraire de celle de l'escargot : ne jamais emporter sa demeure avec soi, mais au besoin apprendre à habiter celle des autres qui peuvent aussi habiter la vôtre » Lisières 1999, entretien. (1)

Fuite en avant : souper rituel, puis mécanique du film dimanche au soir. Chaînes plurielles, un grand choix, pas comme avant. Pourquoi pas « Sur les Chemins Noirs ». Dujardin j'aime bien (2), l'idée du chemin pour se perdre, se retrouver, aussi mais aller, de ce fait, à la rencontre des autres. Aussitôt, ce ne peut qu'être l'histoire de Sylvain Tesson, d'accident dû à l'alcool ponctuel ou addictif, à en croire le film. Et puis, bien avant Dujardin-Tesson, le lyrisme positif de Jacques Lacarrière, « Chemin Faisant », des Vosges aux falaises hellènes de Leucate-La Franqui, un de mes livres-guides, jalons de vie. 

Pour finir, comme si Musk n'y suffisait pas, présent par ses bagnoles au cul boudeur... sur la petite route entre l'Aude et Saint-Pierre-la-Mer. Encore un milliardaire voulant dominer la planète, un nommé Ellison, Larry de son prénom, parlant d'intrusion numérique dans la rétine à fin de contrôle sociétal généralisé peut-être plus poussé encore que dans la Chine de Xi Jinping. Classé vieux le type, atteint de jeunisme, et apparemment toujours aussi con. Mais le fils suit, ça promet... Promesse de sombres futurs, d'oppression, de dictature, certainement une Terre à la Mad Max qui nous est promise...  

Serait-ce désastre, l'antithèse d'astre ? Le progrès ne correspondrait-il pas à l'expansion d'une erreur d'autant plus insidieuse qu'elle s'habille aussi d'amélioration ? Et une balade pathétique doit-elle augurer d'un « soleil noir » plus noir que celui d'Hugo ? Brrrr...  

(1) moins discutable que pour dire d'aller jusqu'au bout au prétexte que  l'escargot ne ferait jamais demi-tour...   
(2) de même que sa cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby 2023, décriée par une bande de bobos à part, de jamais contents, si France des minorités exclusives, si réussie et appréciée des gens tranquilles ne bannissant pas le passé (le pain oui, le triporteur « petit canaillou » de Darry Cowl 1957, et oui, le cinéma au village...), satisfaits d'être français, d'être ce qu'ils sont.  

PS1 : pour ceux qui aiment, dans ce blog, une bonne dizaine d'articles sur le « ruisseau du Bouquet » et autant sur le Verdouble des Corbières.   

vendredi 17 octobre 2025

Astre et désastre 3.

[...] Et toujours des arbres morts, ici un boutelhetié, là des cognassiers, disparus... finies les gelées d'azeroles et pâtes de coings... Sitôt la côte amorcée bien qu'en travers, très progressive, le corps se refuse à l'effort. En haut la route des Cabanes, les bagnoles, le coup de téléphone. Un pontil de ciment se propose ; renonçant aux principes (portable porté seulement en tant qu'appareil photo, or, hormis celles du voilier, pratiquement pas de photos), je décroche trop tard pour un appel raccroché. Oh ! un épagneul passe le bord de la vigne ; chien de chasse égale chasseur. Ils viennent après, casquettes orange fluo, monsieur, et madame derrière, pour la balade sûrement. Est-ce l'ouverture dans les vignes ? 

Repartir. 

Quel courage serait-on tenté de dire pour l'eau, réconfort vital alors qu'une grave sécheresse nous affecte à présent depuis des années. 

Oh ! hasard heureux, un ruisselet par ces temps de rude sécade. Une source ici ? Miracle ! Qui part vers la pousarenco, le chadouf, le balancier à puiser l'eau de l'oncle Noé (01.10.1901 / 21.03. 1978) ? Souvenir, mirage d'un potager plantureux... 

« Bonjour l'oncle, plus rien pour ton jardin ! tu sais, Claude Nougaro a chanté son Verdouble, je trouvais qu'il poussait un peu son surréalisme « [...] Ô, ô mon eau, ma belle eau, ma bonne eau... », un surréalisme de plus en plus réel de rivières à sec dont notre ruisseau du Bouquet aux eaux claires... quand je pense que même Louis m'a eu dit en avoir bu de cette eau-là... ». Dur, pas facile de mourir à ce passé dans le présent...    

Qui croirait qu'au point le plus bas de cette traverse, si claire après avoir filtré les rajols fous de la garrigue, ce qui rageait lors des orages, l'eau du ruisseau passait par dessus la chaussée ? Et dire qu'il y a des marmites de géants dans la garrigue, comme quoi, il est beau et bon, le surréalisme de Nougaro...   

Côte de La Magnague, l'aimable, l'avenante, la gentille, en français,  en parlant d'une vigne apparemment généreuse. L'astre solaire décline vers le couchant, portant vers une mélancolie bilieuse. La lucidité nous aidera-t-elle à supporter ce qui ressemble de plus en plus à une longue mais certaine agonie de l'anthropocène ? Pauvre nature que nous sacrifions en pillages au profit des plus virulents, ne voulant en rien limiter la possession, milliardaires de leur état desquels ne ruisselle qu'appât du gain, accaparement, spéculation. En deux ou trois centaines d'années, nous avons mis à mal ce que la Terre a mis des millions d'années à transformer, à rassembler. Jaloux des riches ? certainement pas... juste à constater que le système qui les favorise à l'excès amènera à l'extinction de l'espèce... Finalement, tant mieux pour la planète... Mais quelle tristesse pour nos enfants... 

Non loin de l'entrée du village, ce n'est pas le jeune pin, pourtant seul, sans concurrence, qui pourrait rasséréner : brunes les aiguilles, mortes de soif...  

PS1 : la balade date de dimanche, les photos, plus souriantes, avec l'eau qui ruisselle, les oiseaux qui viennent boire, le soleil, d'hier.  
(à suivre)


jeudi 16 octobre 2025

Les DESSOUS du DESSOUS des Cartes ARTE

 Informer sur ce qui se passe à Madagascar est légitime... Occulter une part de l'info sinon d'une réalité collatérale ne peut être que répréhensible... 

La présentatrice introduit une situation géopolitique de l'île, peuplée de 31 millions d'habitants, comparable en superficie à la France... la France, présente par son outremer... La Réunion...les Îles Éparses revendiquées par Madagascar...   

Et Mayotte ? Nada, kavu, rien ! Un rien qui veut tout dire et plus encore ! 

Pour Arte, Mayotte n'est pas un département français, Mayotte n'est pas française ! Et ces îles revendiquées ? Comme Mayotte l'est par Moroni ? C'est qu'Arte est pour la décolonisation ! Arte France est pro-comorienne ! Un tiermondisme poussé pour le moins, trop loin, non ? 

Premier hic, ces Îles Éparses étaient désertes, sans humains à coloniser... 

Deuxième hic concernant les revendications, puisqu'ils relèvent la proximité de Juan de Nova à moins de 200 kilomètres, selon le principe du c'est à côté donc c'est à moi, prolongeons alors plus près que le Timor Oriental, sur les Îles Anglo-Normandes ou Gibraltar... il est toujours utile de se replonger dans l'Histoire... et permettez que je prolonge sur la volonté d'un petit peuple maoré optant pour la puissance colonisatrice de la France plutôt que celle, historiquement violente, du voisin comorien. 



ARTE, une chaîne d'opinion ? Et cette dame a priori docte, bien présentable, bien polie, use d'un procédé se voulant subtil et pourtant bien grossier... ARTE tout comme les radios et chaînes d'État sont des médias d'opinion... une malhonnêteté flagrante vis à vis du paysage politique français... 

Des DESSOUS pas nets du tout !   

PS1 : s'il est possible de leur envoyer ce commentaire, à voir s'il sera accepté par la modération. 

PS2 : hier, c'était le jour... Arte (comme Wikipedia), c'est bien tant qu'ils n'ont pas à revendiquer leur engagement... Sinon, hier, en hommage à Keaton, Diane, l'actrice, pas Buster du muet, dans un film de Woody Allen, les prises de vues remuaient tellement dans tous les sens que j'ai changé de chaîne. Mais ce n'est qu'un point de vue personnel... les goûts, les couleurs, l'art...