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dimanche 19 octobre 2025

Coup de mer déc. 1997.

« Bien cher Jean-François, 

            Nous voici enfin rassurés après ton appel téléphonique d'hier lundi 12 à onze heures, nous annonçant ton arrivée après ce grand voyage mouvementé. Tout est bien qui finit bien, mais tu te serais certainement passé de certaines émotions fortes que tu n'es pas près d'oublier (1). 

Samedi 17 janvier 1998. Hier le soleil n'a fait que de timides apparitions, nous avons eu droit à quelques petites averses ; aujourd'hui, grand ciel bleu et soleil généreux. Finalement nous ne sommes pas allés à la mer, le temps n'y invitant nullement. Il fait toujours aussi doux, je n'allume le grand poêle qu'un jour sur deux, on se contente d'une flambée dans le Godin du premier. 

Mes yeux évoluent « lentement, très lentement, comme dit le maître affineur Maurice Astruc dans la publicité du roquefort. 

[...] j'ai entrepris depuis deux jours le tri des vieux papiers ; il y a de quoi faire. Hier j'en étais aux lettres de monsieur Sanchon (2), beaucoup plus nombreuses encore que ce que je croyais. La plus ancienne (pour l'instant) m'a causé un petit choc affectif. 

« Paris, le 19 mai 1927
Chers amis, 
Nous recevons à cet instant des nouvelles d'Etienne (NDLR : son frère, notamment facteur à Fleury, qui vendangeait pour nous de même que leur propre père, le vieux carrier) nous annonçant la mort de Mme Dedieu ; nous sommes surpris et navrés de ce qui vous arrive, jamais nous n'aurions pensé une chose pareille, car elle avait une santé vraiment bonne et florissante. 
Nous prenons part à votre douleur et veuillez agréer, chers amis, l'expression de nos sincères condoléances. 
Mr Rimont (FD : père de madame Sanchon, Maria) qui avait gardé un si bon souvenir de vous, se joint à nous pour vous souhaiter une rapide convalescence et une bonne santé à tous. 
Mme et Mr Sanchon. » 

(FD : papé Jean avait alors une attaque très grave de tuberculose pulmonaire, avec “ caverne ” caractérisée au poumon, il devait s'en sortir presque miraculeusement, après une longue maladie et avec une volonté de fer pour la suralimentation, alors que dans ce cas on n'a nulle envie de manger. Je me souviens de nombreuses boîtes qui avaient la forme bizarre d'un petit obus, contenant une poudre de viande que je trouvais nauséabonde pour mes narines d'enfant de cinq ans). 

Tu l'as compris, il s'agissait de la mort, à 61 ans seulement, de mamé Isabelle (3), mère de papé Jean, que j'avais à peine connue, elle qui m'appelait (ce devait être dans son esprit une immense preuve d'amour) “ le soldat de la Vierge Marie ” alors que je ne devais jamais être véritablement soldat... Stani nous rachète tous deux à ce sujet ! 

Je croyais être à court d'idées et voilà que j'en suis à la fin de ma deuxième page, au moment d'aller chercher le pain... A tout à l'heure donc... J'abuse des points de suspension (4), mais comment faire autrement, sauf à écrire comme Bohumil Hrabal qui se moque royalement d toute règle de ponctuation ? 

Episode méditerranéen Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 Travail personnel Babsy.

Dimanche 18 janvier 1998. Avant-dernier dimanche de janvier : le temps passe et les jours s'allongent, on s'en aperçoit surtout le soir. Hier samedi, il faisait beau, nous sommes allés passer l'après-midi à Saint-Pierre, où les bouteurs (recommandation officielle pour “ bulldozers ”) ont commencé à épandre sur la plage les véritables montagnes de sable tirées des rues et boulevards, mais il y a beaucoup à faire pour retrouver notre station estivale (5). Le frigo, le congélateur sont hors service ; l'humidité remonte toujours, laissant du blanc au sol, le carrelage n'en finit pas de suer. Il faut dire que le cers a particulièrement brillé par son absence et des journées comme celle d'hier sont bénéfiques mais trop rares.  

Aujourd'hui le ciel est gris pour le moment, la température est à peine à cinq degrés — dix heures du matin tout de même ! — J'ai allumé le grand poêle du bas. 

Je vais pouvoir conclure cette première lettre de 1998 en te souhaitant plein de bonnes choses , courage et satisfaction dans ton travail. Le bonjour à tous ceux que je peux voir encore, mais qui se font plus rares au fil des ans, avec les retours en métropole ou autres mutations. 

Tendres embrassades de nous tous, et à bientôt de tes bonnes nouvelles. 

Papa. (mentions manuscrites « François, maman Jiina » 

PS : aujourd'hui 19/01 température 14° mais froid annoncé pour demain (3° le matin et neige un peu partout sauf étroite bande côtière médit.)  

(1) et bien si, justement, complètement oublié, difficile de revenir sur ce voyage pourtant à part, avantages et inconvénients de la relation téléphonique... les écrits, eux, restent... 

(2) Emmanuel Sanchon (15.01.1892 Fleury-d'Aude / 24.03.1986 Fleury). 

(3) Isabelle ? je vois « Peyre Anne (27 mars 1866 Esplas-de-Sérou, 21 avril 1927 Fleury) » Merci Josette pour tes recherches généalogiques ! 

(4) à qui le dis-tu ! 

La “ digue-promenade ” en direction du camping municipal (Saint-Pierre-la-Mer). 

(5) violente tempête des 16-18 décembre 1997 sur le Golfe du Lion (Roussillon et Languedoc) se traduisant par des pluies diluviennes (aigat) sur les reliefs et une immersion marine (30 ? 40 cm au-delà de la “ digue-promenade du camping ” laissant du sable jusqu'aux boulevard et rues de la station balnéaire de Saint-Pierre-la-Mer, au pied du massif de La Clape.  

Autre vue de la digue-promenade, l'été, en direction du Sud. 


mercredi 15 octobre 2025

Serait-ce désastre ? 2.

[...] Serait-ce désastre le contraire d'astre ? C'était par un dimanche d'octobre de beau soleil...


Consolation du repas familial sous le mûrier-platane... apéritif et vin, je m'en voudrais si les gendarmes qui n'en sont jamais à contrôler le 30 à l'heure dans notre petite Camargue, en venaient à “ éthylotester ”  les pédaleurs ! 

« La mer, la mer, toujours recommencée ! » Paul Valéry. 

Passer les maisons encadrées de verdure, aloès, tamaris, pin, olivier, et ces petites fleurs jaunes rappelant le parterre garni du no man's land covidien.  Promeneurs et passants sur le front-de-mer, de ci, de là. Sur la plage, le bord, encore des gens, bien qu'épars, au sec ; une dame en deux pièces d'été, à entretenir un bronzage déjà brun, sur le sable, dont le pêcheur de loups aux cannes plantées, droites et tendues, tous, sauf le courageux, le seul, le nageur intrépide, peut-être Francis, le copain d'enfance au village qui se baignait encore il y a peu... en lien avec la photo du voilier drossé sur un banc de sable. 



Échoué à présent le coursier du Golfe, sur la grève carrément... Personne pour le réclamer ? le retrouver ? le récupérer ? Orphelin, bateau fantôme au gréement intact, enroulé sur le mât, la grand-voile pliée sur la bôme. La mer l'a poussé au bord ; résistera-t-il au prochain coup de tabac ? Brinqueballé, secoué, repoussé, il arrive au navire ce qui arrive à l'humain bousculé, mis sur la touche, abandonné dans un monde cherchant le progrès dans l'erreur... Il suffit d'un déséquilibre sur la corde raide, pour si peu que la santé, l'âge s'y mettent, la vie peut vite défaillir, faillir, finir fracassée, comme un voilier jeté à la côte... Allons, plaisantons, digressons avec cette vieille loi de la mer, sûrement désuète, faisant du premier occupant le nouveau possédant d'une épave...  

Retour. Écailleuses les croûtes de goudron, telles les feuilles de tamaris en grand, si désagréables au guidon. Toujours autant de circulation, toujours quelques inconscients au volant... homo bagnolus... c'est de plus en plus dangereux de pédaler... Toujours pas de chants d'oiseaux, sinon les cris braillards de goélands pas sympas mais protégés, de ceux qui noient les pigeons inexpérimentés ou tourmentent cruellement les baleines au pied de la Peninsula Valdés... univers de prédation en écho à Mad Max... 

En bas de La Clape, deux papillons, simples piérides, consolation et affliction, tout comme les frênes et leur superbe. En bas de La Clape coule l'Aude ; oh ! un poisson qui saute, entendu, pas vu, réminiscence instantanée du temps où, inconscients d'une nature généreuse qui ne durerait pas, nous partions de bon matin, à bicyclette pour une partie de pêche, sans Paulette, plutôt entre copains ! En face, La Bâtisse, la campagne au pigeonnier percé, à l'allée majestueuse de vieux pins, carte postale idéale de la rivière (des scènes du Petit Baigneur y ont été tournées). 
Affliction alors qu'une compagnie de perdrix monte vers la garrigue, dans un silence seulement troublé par les bruissements d'ailes. 
Au Pont des Pastres, prendre à gauche afin de se hausser sur le coteau en direction du village un tant soit peu hors de portée des colères du fleuve et caché aux razzias mauresques. Bucoliques, des grelots... Oh ! un troupeau qu'on entend sans le voir, présence rare évoquant pâtres et bergères ; et l'endroit s'appelle « Pastural ». Puis pan ! un coup de fusil ! c'est vrai que pour « perdrix », le chasseur dit « perdreau ». (à suivre )

mercredi 1 octobre 2025

Fleury-d'Aude, mardi 21 avril 1998

 « Bien cher fils, 

Très heureux d'avoir reçu de tes nouvelles et par ricochet celles de notre soldat des îles. Ici, c'est Olivier qui nous a apporté des bugnes de sa fabrication, très bonnes. Dimanche, il est passé nous voir rapidement à Saint-Pierre (il vient à vélo par la route des campagnes et voulait repartir, pour changer, par Narbonne-Plage et Armissan). Nous avons mangé là-bas, des cuisses de canard et des pommes de terre, devant un bon feu de cheminée ; la température nous aurait permis de manger dehors mais nous nous méfions, en cette saison, du vent d'Espagne vraiment trop froid sur la plage. Il y a assez de monde à Saint-Pierre, les commerces sont ouverts, “ L'Oliveraie ”, les épiceries, le café qui a disposé dehors tables et chaises. 

Saint-Pierre-la-Mer,_Fleury,_département_Aude_-_aerial_view 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Raimond Spekking / Au premier plan la Base de Loisirs et le camping municipal. 

Le temps est en train de changer et vire au beau fixe sans doute. Le camping doit être ouvert : nous avons vu Alban Sire et sa femme qui avaient l'air de déménager de menus objets : ils devaient rejoindre leurs quartiers d'été. Pourtant, mardi dernier, certains tènements ont souffert de la gelée ; contre toute attente, on dit que les vignes de “ Marigolles ” n'ont pas été touchées. Dans le Minervois, ça a été bien pire et une bonne partie de la récolte a été perdue, si bien qu'on a parlé de calamité agricole et que le journal télévisé en a fait mention. 

Notre commune connaît actuellement de grands travaux : sans compter la réfection du réseau d'électricité, dont je t'ai déjà parlé, il s'agit de celle du “ pluvial ”. Le boulevard de la République voit sa “ circulation alternée ” avec un feu rouge devant la maison Sirven-Costeplane, et un autre au niveau de l'ancienne épicerie Molveau. Même topo près de l'autoroute dès l'embranchement de la petite route qui rejoint celle de Salles. De grosses conduites de 65 cm environ de diamètre commencent à être enterrées. Tout se fait progressivement, à l'aide de machines modernes, dont une que je n'avais encore jamais vue. Il s'agit d'une roue verticale assez imposante, munie de grosses dents, qui tourne en creusant une petite tranchée de 15 cm environ de largeur, tranchée immédiatement comblée et renouvelée parallèlement à un mètre de distance, cela sûrement afin de ne pas trop abîmer le revêtement de la rue. la pelle mécanique travaillera ensuite plus facilement et plus vite pour ouvrir le lit des buses bleues qui vont éviter à notre rue principale de se transformer en rivière par grosses pluies. 


[...] Vendredi , 24 avril 1998. Les travaux de création du réseau pluvial ont continué aujourd'hui. Hier j'ai demandé à un ouvrier le diamètre des buses. « Six cents », m'a-t-il répondu. Mon erreur n'était donc que de cinq centimètres. Ce soir le Bd de la république est libre : tout est rebouché et goudronné, en attendant la “ tranche ” de la semaine prochaine. Hier, les services de l'EDF ont enlevé, à l'aide d'un puissant camion-grue, le grand poteau de ciment, à la limite de la maison, poteau auquel tu avais grimpé une fois aussi facilement que le fait Youssouf pour les cocotiers du jardin. Tous les autres poteaux du secteur ont subi le même sort. Il reste quelques gravats, tout ce qui reste de ces colosses de ciment. C'est un travail curieux à observer. 

Nous avons reçu à l'occasion de Pâques la carte traditionnelle de Vladimir Peca de Hradec Kralové : Veselé Velikonoce. Krasné a radostné svatky velikonocni Tobé i Tvé pani. Bonne santée (sic) Vladimir. La carte était partie du 3 avril et nous l'avons reçue bien avant Pâques. Celle de Hani en revanche (qui nous a étonnés, nous ne l'attendions pas), partie le 7, nous parvenait le lundi 20 avril (ta lettre a mis moins de temps!) : Prijemné proziti svatku velikonocnich Vam i rodinam mladych preji Jirka, Hanka, Ivetka. Zaroven Vas vsechny srdecne zdravime a vzpominame. 

Je t'ai peut-être dit au téléphone que Mirek Sabacky m'avait aussi écrit, de Montolieu. Je n'avais eu aucune réponse à mes vœux et comprenais qu'il y avait maladie à la clef. Il était hospitalisé jusqu'à la mi-mars et ses jambes ont du mal à le porter. Il vient quand même de retrouver son cher village d'adoption. 

J'en ai fini pour le moment. 

Nous t'embrassons bien affectueusement, en espérant que tu aies bien profité de tes vacances de Pâques dans l'île hippocampe. 

Papa François, maman Jirina. »

samedi 13 septembre 2025

Fleury le 27 mai 1998.

 [...] À la mer, il y a eu beaucoup de monde, et le marché a déjà des allures estivales. Mercredi 20, maman est revenue de la plage avec un air dégoûté « Il y a un gros rat sur le bord ». Je pensais à un rat mort. 

Ragondin_(Myocastor_coypus) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gzen92


J'y suis allé : c'était une bête énorme de 60 cm de long sans la queue qui en mesurait bien cinquante, et vivante, mais paraissant assommée ou blessée, se remuant lentement mais bien droite. Le corps avait bien 15 ou 20 centimètres au niveau des pattes postérieures. Un jeune homme, qui l'observait d'un peu loin, croyait avoir affaire à un raton-laveur, mais l'animal n'en avait ni la tête ni la queue. J'ai plutôt pensé à un ragondin, et en regardant mon GDEL, je crois que c'était bien cela : ragondin ou coypou (mot amérindien), mammifère rongeur originaire de l'Amérique du Sud mais répandu dans le monde entier, synonyme « myocastor » ou « myopotame », à fourrure estimée appelée « nutria », de mœurs aquatiques. C'était une rencontre tout à fait inattendue à St-Pierre. L'après-midi, il avait disparu sans laisser de trace. Cela ne m'a pas empêché de prendre un bain rapide (j'en suis à cinq trempettes d'avant-saison). 

Le dimanche 17 mai, la journée « cerfs-volants » fut complètement ratée malgré un beau soleil, à cause d'un vent du Nord beaucoup trop fort. 

[...] Je suis allé assister à la levée du corps de la pauvre Roselyne Sié, née Monestier, sœur d'Aimé le boulanger et belle-sœur de Guy Sié, qui vient de nous quitter à l'âge de 46 ans des suites d'un cancer au sein. Ce matin, j'allais chercher le pain chez Monestier quand je vois « Fermé pour cause de décès ». Momon est sorti à ce moment et m'a dit cette triste nouvelle.  La fille Bilbe qui passait par là m'a parlé de sa fille qui devrait rejoindre Mayotte mais tu n'y seras pas pour lui dire ton expérience. 

« C'est bien jeune pour mourir » disait Guy en remerciant les présents au nom de la famille avant que le fourgon suivi des voitures ne prenne la direction de Montredon, le fief des Monestier, pour la messe de funérailles et les obsèques. 

Fleury-d'Aude Cimetière


Jeudi 28 mai. Pour en finir avec le carnet noir des jeunes disparus, je ne t'ai pas annoncé la mort subite de Guy Ferrer, 50 ans, électricien à la mairie (rupture d'anévrisme alors qu'il regardait la télé). 

Nous allons passer la Pentecôte à Saint-Pierre. Plus rien à ajouter pour aujourd'hui. 

Nous vous embrassons bien fort. 

À bientôt de te lire, 

Tes parents qui pensent à vous deux.  


jeudi 11 septembre 2025

Lettre de Fleury 26 juin 1998.

[...] Mme R. a aménagé pour l'été la maison située après l'ancienne mercerie de Blanche (c'était jadis l'épicerie d'Élodie, mère de « la Ménène » ; ma grand-mère Joséphine y achetait parfois le café de « L'Éléphant Noir »... 

Rivesaltes_general_view 2018 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Palauenc05

[...] au retour de l'aéroport, nous sommes revenus par Rivesaltes : arrêt près de la belle promenade, quelques joueurs de pétanque profitaient de l'ombre des platanes mais l'ensemble restait bien calme à l'heure de la sieste. Juché sur sa statue au bout du mail, le maréchal Joffre ne voyait guère que les beaux palmiers aux stipes bien trapus qui nous ont invités à tirer deux ou trois photographies près de la fontaine jaillissante, paysage urbain que doit bien connaître JF puisqu'il a travaillé deux ans là-bas. 

Peu de circulation au retour, route remise à neuf entre garrigue et étang, pas de points de vente d'abricots ouverts à cette heure. 

Vue de l'Aude aux Cabanes diapositive François Dedieu 1967. 


Samedi 27 juin 1998. réveil ce matin à sept heures « en punto », como se dice en Espana, y yo creo que es bastante temprano en el ultimo sabado de junio. Pardon, je m'embarquais dans la langue sonore et douce (?) de Cervantes pero ustedes entienden perfectamente las palabras de este idioma. [...] À Saint-Pierre, Mamie a arrosé quelques jolis plants de tomates venus on ne sait d'où. De là j'ai rejoint seul l'embouchure de l'Aude pour la sardinade des Cabanes. Je me suis retrouvé à côté de Gilbert Gérard, le frère de Mme Mestre. Il faisait très bon, tout s'est bien passé : moules crues, cuites (marinière et sauce blanche), quiche, sardines excellentes, fromages et esquimau.  

[...] Hier l'eau était bonne, la brise marine presque nulle, la mer sans vagues comme je la préfère, des estivants encore peu nombreux par rapport à ce que sera la foule dans une huitaine de jours. 

[...] Mardi 30 juin 1998. À Fleury les quelques abricots ne se décident pas à mûrir, la grosse touffe de lavande a presque fini de fleurir... Je trie mes vieux journaux de 1972 pour garder les grilles de mots croisés et quelques articles “ historiques ”. Claude le facteur est passé en short et tenue légère because la chaleur... 

« Mets bonjour et au revoir, ils n'ont pas le temps de lire toutes ces pages : ils voyagent ! » me dit mamie. 

[...] La Yougoslavie a eu la malchance de rater son penalty contre les Pays-Bas, la France a provoqué la “ mort subite ” du Paraguay, 114e minute, il était moins une !   

Bon voyage jusqu'à Dzaoudzi-Pamandzi, bonnes retrouvailles avec JF, bon passage en barge, excellents bains à Tahiti-Plage, 
Gros poutous de nous deux, 
papi et mamie qui pensent à vous. 

lundi 8 septembre 2025

Lettre de Fleury samedi 6 juin 1998

« Avant de repartir pour la mer, où nous passons d'agréables journées car la chaleur est bien arrivée : nous avons pris deux bains avant-hier jeudi (j'en suis à sept cette année). 

[...] La famille prépare le grand départ, nous ne les voyons pas à la mer. la grève des pilotes  « Air France » tombe mal et Michel Charasse a un peu raison quand il les traite d'égoïstes et de gens qui n'aiment pas leur pays. Chevènement ressent à ce sujet « une certaine honte » tandis que Robert Hue enfonce dans la “ majorité plurielle ” un coin de désaccord flagrant, un de plus... Quant à l'autre bord, ce n'est guère plus brillant. Enfin, laissons la situation se décanter. 

Fabien_Barthez 2009 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Guiggz

Avant de suivre la Coupe du Monde de Football qui s'annonce sous d'assez inquiétants auspices, puisque, aux différentes grèves (avions, rail et tutti quanti) s'ajoute la méforme espérons passagère de l'équipe de France sauvant tout juste l'honneur devant la Finlande ou bien au Maroc, nous avons vécu à l'heure de Roland Garros ; 

Marat_Safin_at_the_2009_US_Open under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Author Charlie Cowins


hier, arrivé pour la première fois aussi haut, Pioline a perdu devant Corretja. Le russe Marat Safin  fait une grosse impression : sorti des qualifications il a inquiété ou bien fatigué les meilleurs. Quand on songe que depuis quatre ans il est en Espagne, ainsi que sa jeune compatriote, on se dit que l'école espagnole est remarquable puisque trois joueurs sur quatre sont ibériques et que la grande finale de dimanche opposera Moya à Corretja, deux Espagnols, et ce n'est pas la première fois ! Quant aux filles, il est réconfortant de voir que Martina Hingis peut enfin perdre et que Monika Seles revient au premier plan, malgré le deuil de la mort de son père le 13 mai dernier, et bien que je n'aime pas trop son genre de comportement sur le court, avec ses cris de bête traquée. Arantxa Sanchez Vicario est fidèle à sa tradition. Elle va jouer gros cet après-midi devant l'américano-yougoslave. 

Je viens de parler de deuil et de mort, alors, pour en finir avec la carnet noir, je vous signale que Fleury a perdu son Receveur des Postes, l'imposant alsacien que vous connaissiez peut-être, monsieur Biatek Guy Paul, âgé de cinquante et un ans. Il serait mort à l'hôpital de Toulouse [...] la liste des jeunes décédés s'est donc allongée encore. Il faut que j'ajoute quand même qu'une veuve de 98 ans  a été enterrée voilà quelques jours (je ne la connaissais pas), ce qui augmente un peu notre longévité et qui prouve que notre doyenne n'était pas encore madame Bernadette Chamayrac. 

Le temps est un peu couvert aujourd'hui. des orages parfois violents sont bien annoncés par la météo, mais pour l'instant pas le moindre coup de tonnerre ni la première goutte de pluie. les fêtes de Pentecôte se sont bien passées à Saint-Pierre avec une affluence record, un marché fort achalandé. 

[...] Je me suis un peu trop avancé : il est dix heures et quart et une pluie douce vient nous rafraîchir un peu, mais pour l'instant à peine si la rue commence à être mouillée [...] La pluie se fait un peu plus forte et les bruyants engins de sulfatage auront encore de belles heures devant eux ; Jeannot B. seconde son beau-fils qui aurait, dit-on, acheté les vignes d'Yves Carrière, José Hérail, selon sa noble attitude, n'arrête pas de mettre au point le moteur du tracteur. Plus haut ce sont les fils Galmarre, plutôt en fin de semaine. 

Plus rien à signaler, 

Meilleures embrassades de nous tous, excellent retour à Hyères pour Stani, 

Papa, papy, Maman mamie.  

dimanche 7 septembre 2025

Lettre de Fleury 4 juillet 1998

« Nous voici à Fleury depuis quelques jours. Nous sommes arrivés de St-Pierre juste avant un de ces gros orages, rapides et brutaux dont le ciel nous gratifie parfois (les tuyaux de descente des chéneaux envoyaient l'eau des toits  jusqu'à un bon mètre dans les rues !). 

[...] Hier nous avons vu les deux beaux matchs des quarts de finale, mais il a manqué des buts, ceux-ci étant réservés à la seconde rencontre, où le Danemark a merveilleusement résisté aux Brésiliens, qui sont loin toutefois de leur solide réputation; Aujourd'hui nous avons droit aux deux autres quarts : Argentine-Pays-Bas et Allemagne-Croatie. Quand vous lirez ces lignes, vous saurez les résultats. 

[...] Un antiquaire de Castelnaudary vient de sonner, et il est reparti, bien gentil, sans emporter l'horloge comtoise que nous n'avons jamais possédée, ni les vieilles cartes postales conservées précieusement par ailleurs. 

Les grandes affiches viennent de faire peau neuve. En bleu sur fond blanc, je peux y lire FLEURY L'été s'anime ! 

FLEURY Samedi 4 juillet Soirée Jacques Brel Trio Vesoul-Amsterdam Place Jean Moulin 21 h. 
Sa 11 Orion danse Spectacle Pl J Moulin 21 h
Lundi 13 Retraite aux flambeaux Banda Louis Merlusous à 21 h et Bal avec Cocktail Music à 22 h Place du Ramonétage.  

SAINT-PIERRE Tous les jours “ Grand marché Typique ” centre ville de 7 à 13 heures
Ts les vendredis animation artisanale
Ts les lundis Pot d'accueil et présentation des produits du terroir avec la “ Banda Alegria ” ou “ Aval ta Soupe” à partir de 19 heures. 
Jeudi 2 Grande soirée disco avec Krypton Music
Lundi 6 concert Adac musique contemporaine Bd des Embruns
Mercredi 8 Bus Infos Jeunes de 14 h 30 à 18.30 Groupe jeffet Co rock Forum 21 h
Jeudi 9 Grande soirée disco avec Krypton Music
Samedi 11 Chantal Eden chanteuse guitariste Forum 21 h
Mercredi 15 K'Ala Marka, musique bolivienne Podium 21 h
Jeudi 16 Podium française des Jeux Place du Marché

Les Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Le mât de beaupré. 

LES CABANES Les 1, 8, 14 Karaoké géant Fred Erikson Port ou Place des Pêcheurs à 21 h

Les-Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Dépôt des gerbes en mer. 


Tous les jours tournoi de baby-foot gratuit Salle de Jeux
Samedi 4 Bal avec coktail's Music au Port
Dimanche 5  Fête des Pêcheurs : Jeux nautiques 15 h. BAL avec Cocktail's Music 22 h. 
Feu d'artifice 23 h au Port
Mardi 7 : BAL avec Cargo de Nuit Place des Pêcheurs
Jeudi 9 : JAZZ 1930 avec Santandréa Pl des P 21 h
Samedi 11 : LACROUX MUSETTE au Port 21 h. 
Mercredi 15 : BAL Disco Krypton Pl des P ou Port

Nous allons nous préparer pour repartir à la plage. Il fait très beau et le vent “ du Nord ” n'est pas trop fort. La température est très agréable, mais ce matin, quand j'ai lu mes dix pages des « Noces dans la maison » en compagnie des chiens, bien sages tous les deux au Jardin Public, il faisait frais et j'avais mis le blouson en guise de chemise. 

[...] Pour l'instant, au revoir, comme le disait Valéry le soir de sa défaite électorale , et à bientôt de vos bonnes nouvelles. 

Nous vous embrassons tous, et vous souhaitons une bonne fin de séjour (déjà...) mais les derniers jours ne sont-ils pas les meilleurs ? 

Papy  

vendredi 5 septembre 2025

Lettre de Saint-Pierre-la-Mer, 5 juillet 1998

« C'est donc la Croatie qui sera notre adversaire en demi-finale et ce n'est pas un cadeau, après la manière dont cette équipe a battu l'Allemagne hier soir, sous les yeux sans doute un peu tristes du chancelier Helmut Kohl. reste ainsi le dernier carré : Brésil ? Pays-Bas ? Croatie ? France ? tous les espoirs sont encore permis à quatre équipes rescapées des trente-deux partantes... 

Saint-Pierre-la-Mer wikimedia commons 2009 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license.Auteur Hugolesage

Le vent s'est mis à souffler de plus en plus fort depuis hier soir : mon 17e bain fut assez rapide après une marche de huit cents pas dans l'eau pour soigner mon retour veineux. 

Nous venons de faire une petite sieste d'une heure (il y a toujours quelque chose à faire) et mamie lit “ Midi-Libre Dimanche ” sous la véranda; Les chiens aussi pratiquent une sieste prolongée, coupée de temps à autre par les aboiements de Mika (aussitôt imitée par Milou) lorsqu'un passant se risque aux abords du portillon. On entend alors la voix de Jirina « Taisez-vous, ce sont des enfants ! » ou alors (variante) « Chut ! y en a qui passent ! ». 

Dans le calme seulement troublé par les rafales du cers et ça et là par le grincement de quelques volets en croix, nous vous imaginons en bateau sur les belles eaux du lagon aux fonds clairs où s'entr'ouvent les tridacnes aux grands valves ondulées, parmi les oursins aux longs filaments noirs, les coraux vivement colorés tandis que saute au loin un espadon voilier et qu'une carangue replonge aux abords de la barque. Qu'importe alors le résultat de la pêche, la moisson des photos et films. Puis, sous la varangue, les commentaires, les questions des enfants, les couacs des geckos et margouillats alors qu'une bonne odeur sort de la cuisine. 

Profitez de ces instants précieux, revenez-nous en pleine forme, “ pleins d'usage et raison ”, ivres de bons souvenirs. 

Tendres embrassades de nous deux et aboiements joyeux des deux toutous ! 

Gros poutous, mamie et papi. 

Lettres de Fleury, 27 juillet 1998.

« Fleury, le 27 juillet 1998

[...] la saison à la mer bat son plein. Ce matin, je suis parti à vélo à cinq heures moins le quart, manière d'étrenner l'éclairage ; les voitures ont été rares, à peine une dizaine dans les deux sens [...] Les jeunes sont allés voir l'arrivée du Tour de France au Cap d'Agde ; au passage de la caravane publicitaire, ils ont ramassé une moisson impressionnante de tee-shirts, casquettes, échantillons Lustucru, jeux divers, petites calculettes (qui marchent !) ; PF sur les épaules d'Olivier attirait les publicistes, ne restait plus qu'à remplir le sac prévu à cet effet. 

Saint-Pierre-la-Mer Les Baraquiers 1995


[...] Quant à mes lectures, j'ai enfin terminé les six cents pages des « Noces dans la maison » de Bohumil Hrabal, où voisinent, selon moi, le meilleur et le moins bon (je n'aime pas les ivrognes mais reconnais qu'il ne cache rien d'un vice semblant nourrir aussi son inspiration). Ensuite « La Voie Royale » de Malraux, où il abuse du subjonctif imparfait et plus que parfait, un livre qui ne m'a pas fait spécialement vibrer mais intéressant tout de même ; et suis en train de parcourir la prose un peu facile (beaucoup de répétitions, écrit sans doute trop vite) de Max Gallo, mon collègue à Sceaux d'il y a quarante ans... avec son premier volume de Napoléon « Le Chant du départ », qui se parcourt avec fluidité, beaucoup plus vite que Malraux et reste très intéressant. Suivront « Le Soleil d'Austerlitz », « L'Empereur des Rois », « L'immortel de Sainte-Hélène ». Et dire qu'il en est à présent à quatre volumes sur de gaulle !!! Pire que Troyat, peut-être se prend-il pour notre Balzac actuel sinon pour Dumas Alexandre. 

Je te quitte sur ces considérations littéraires; j'oubliais de te dire que les familles Hérail-Ségarra ont connu le malheur de perdre le fils aîné, Benoît, à peine dans sa vingt-deuxième année, qui s'est noyé en plongée sous-marine à la Guadeloupe alors qu'il pratiquait régulièrement. 
Plus heureux, le mariage avant-hier de Nathalie G. ; à l'apéritif, j'ai passé plus d'une heure à discuter avec Lésina de choses et d'autres, son service militaire en Allemagne en 1946, la chasse, les chiens, la santé. 

prépare bien ton retour. Gros baisers de nous tous. 

Papa et maman.   


mercredi 9 juillet 2025

OHÉ, OHÉ Barjasquier !

 






Note : un grand merci pour les photos aux auteurs dont Georges Sabatier, correspondant local du quotidien L'Indépendant. 

PS : Saint-Pierre-la-Mer, Pissevaches, le camping sauvage... une tente sur le sable, une véranda de carabènes... des permanents mais un bivouac ouvert à tous pour un bonjour, un graillou, souvent auberge espagnole... Naf partait acheter des boîtes de cassoulet chez Germaine, la mère de la Noille, c'était moderne, ça dépannait bien, Chico traquait les seiches sur les cordes des bouées. On y pense à écouter Joe Dassin sauf que veinards, nous avions tout sur place, la mer, la plage, les filles à faire danser au bal, pas besoin d'un vieux tacot... on y pense à écouter Joe Dassin sauf que plus loin que ceux partis pour le boulot, on pleure ceux partis tout court, trop tôt. Photos et souvenirs «... jamais un copain de trop dans l'équipe à Mazo... »

vendredi 26 avril 2024

Le PILLAGE systématique des MERS (1)

EST-CE AINSI que l'espèce humaine doit vivre ?

Difficile, en préambule, puisqu'une évolution sociétale exige l'effacement de toute supériorité mâle, de tout machisme jusque dans la façon de s'exprimer, de désigner les êtres humains en risquant un masculin pluriel, alors que je ne vois pas en quoi un féminin comme dans « espèce humaine » serait susceptible d'écorcher des lèvres d'homme... Il y a peu, un correspondant facebook nous a informés et alertés sur un monstrueux chalutier de fond, le second de la même compagnie, encore pour saccager le peu qui reste de vie marine (Et c'est l'Europe donneuse d'exemple qui promeut ce genre d'initiative mortelle...) 

https://www.facebook.com/groups/276599406605583/permalink/1464545054477673/ 

Sensible à ce destin funeste tout tracé, outre un raccourci de quelques réactions (1), ci-joint, le même point de vue mais plus étoffé et centré sur “ notre ” Golfe du Lion. 
Valras : « ...À Valras, la seiche en sauce (oignons, pommes-de-terre, olives noires, concentré de tomates, épices, ail) se prépare traditionnellement dans une « pignate », une cocotte en fonte (en Italie, la pignatta est une cassole ou cassolette en terre cuite)... si la matière dénote un mieux-vivre, au moins, le nom est resté. ... » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet). 

Étang de l'Ayrolle, effet de nuit, 1978. 

L'Ayrolle : « ... Je pense à tonton Vincent, qui, pour le plaisir, à la Vieille Nouvelle, pêchait des palourdes à la boîte (un cadre avec une vitre pour voir clairement le fond) dans moins de 50 cm d’eau. Il l’a fait jusque vers 1980... Reste-t-il quelque chose ? La pêche de loisir peut-elle toujours s’y pratiquer ou est-elle réservée aux seuls professionnels ? Nos chiffres disaient qu’en 2006, les palourdes rapportaient encore... Qu’en est-il aujourd’hui ? Me serait-il possible d’y aller faire remonter quelques couteaux au gros sel, tout comme j’essaie de pêcher quelques tenilles, en souvenir ? Qu’on ne me dise pas... rien n’est plus comme avant mais s’il faut tout prendre dans le progrès, franchement, on se passerait de ses aspects si néfastes... ». « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet). 

Velella_on_beach 2004 Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Author Dan from UK Espèce de méduse affectant la Méditerranée Occidentale. C'est sûr qu'avec un président échangiste (je parle de commerce international) sacrifiant dangereusement la production intérieure, le fond du crétinisme n'est pas encore atteint... Oui au septennat unique ! 

« Et si c’était tout ! Hélas, comme bien des saloperies apportées « involontairement » (tu parles qu’est-ce qu’ils ne feraient pas pour du fric ! Vive le commerce mondialisé !), il y a une petite cousine des méduses qui prolifère dans l’eau salée et même le milieu saumâtre de nos étangs et lagunes. Si elle n’est pas urticante, l’espèce, originaire de l’Atlantique étasunien et mexicain est arrivée dans le ballast  des pétroliers vers 1980. Mais alors une vraie bouillie ! 
De 5 ou 6 centimètres, cette hermaphrodite auto-féconde gloutonne pond jusqu’à 10.000 œufs par jour et devient adulte en moins de deux semaines ! Et elle n’a pas de prédateur ! Cette bébête se gave de plancton. Résultat, les poissons meurent de faim, les filets où les rares anguilles s’étouffent, se déchirent... et leur densité gélatineuse ne donne pas envie de se baigner !

Et ce n’est pas fini ! Avez-vous entendu parler du crabe bleu, lui aussi délesté des bateaux. Une bestiole qui bouffe tout, costaude en plus, capable d’ouvrir les huîtres mi-adultes, qui peut atteindre plus de vingt centimètres, aux pinces aptes à couper les filets et même un doigt, tant elles sont longues au point d’empêcher de le saisir par l’arrière. Petite consolation : sa chair est excellente... mais quand il aura tout dévasté que restera-t-il d’autre dans nos étangs ?.. » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1 (projet).  

« ...est-ce que le fric ça se mange ?..

Rendez-vous compte que les maquereaux qui approchaient les côtes par bancs et que pêcheurs et mareyeurs avaient du mal à écouler tout au long d’une ribambelle de villages à l’intérieur des terres, doivent mesurer 18 cm pour être pêchés, un coin de la nageoire caudale découpée sous peine de contravention : taille minimale aussi pour les anchois, les sardines, ces poissons bleus qui apportaient un complément de nourriture exceptionnel ainsi que le thon rouge, assez fréquent dans nos assiettes alors... 2,5 cm aussi pour la tenille (2) (telline, haricot de mer suivant l’endroit ; les grosses de 4 cm étant rares, celles de 5 exceptionnelles, du moins, au bord, pour une pêche de loisir tranquille, basique, sans combinaison et pourtant si abondante jusque dans les années 70, sans restriction ni limite)... Aujourd’hui,  une grosse poignée suffirait, manière de marquer la saison, de ne pas oublier le goût unique de ce bivalve familier, et tous les souvenirs qui vont avec... Mirage... » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet)

(1) Il y a des années, la colère d'un de Marseille, parce que la pêche au thon était interdite alors qu'il venait d'investir des millions, m'avait horrifié. Planète Pognon, je te hais ! Et les petits ne sont pas en reste... la débrouille, le pas-vu-pas-pris semblent la règle chez les “ petits métiers ” par exemple, au petit matin, en plein été, à quelques brasses du bord à St-Pierre-la-Mer... « Qui vole un jol vole un thon... » 

(2) À Mèze, à la vente, il m’a semblé que bien des coquilles n’étaient pas à la maille...à moins que mon estimation ne soit à la hauteur du problème... 
2023 : la pêche des tenilles serait complètement interdite... dit au conditionnel pour avoir passé un temps certain à chercher cette info, en vain. Il est vrai que de ce point de vue, les services de l’État sont plus aptes à manier le bâton de la répression que celui de l’information... Il y a parfois, néanmoins, une indulgente pédagogie préventive de la part de certains agents (gendarmes et police de la route). Inutile de préciser que je ne suis pas parti, cette année, pêcher mon bol de tenilles symbolique.  


lundi 3 avril 2023

SÉRIGNAN, mars 2023.

Sérignan-la-Plage_l'attente_de_la_pêche_-_Archives_départementales_de_l’Hérault_-_FRAD034-2FICP-06164-00001 Wikimedia commons

Un nom lié à celui de Valras-Plage puisque Valras, si elle reste la plage de Sérignan, forme une commune à part depuis 1931.

Ce genre de divorce se fait toujours contre, rarement avec, à l’instigation de groupes allogènes qui naturellement n’ont que faire des autochtones. Les derniers arrivés se sentent brimés, les locaux, eux, se voient amputés d’une part de leur Histoire, d’un vécu. Comme l’impression qu’une fois encore, l’argent pourrit tout car entre petites communes c’est plutôt une mise en commun qui se fait. Au bord de la mer, c’est souvent la manne touristique qui est à l’origine de la discorde. N’est-ce pas suivant ce principe qu’une station de ski ou balnéaire se crée ?

Notre commune de Fleury-d’Aude est concernée avec des vélléités comparables, à Saint-Pierre-la-Mer. Les tenants d’une séparation de corps se disaient les vaches à lait voilà encore quelques années... un argument non recevable et pouvant leur être renvoyé, vu que les territoires littoraux, censés être riches sont ceux où l’on paye le plus d’impôts... comprenne qui pourra...

À moins qu’il n’y ait braise sous la cendre, pour le moment, le litige semble d’autant plus en sommeil que l’élection municipale a changé la donne. Pour ne pas sortir du sujet, à savoir l’exploration d’un Sud singulier, géographiquement culturel, disons d’abord, pour faire court, que ce qui s’est passé lors du scrutin de l’ère covidienne rappelle la fable « Le chat, la belette et le petit lapin »... sauf que, signe des temps, ce n’est pas un Raminagrobis de la politique qui a pris les rênes, de ceux qui, politicards professionnels, vieux briscards au niveau national, ont fait du « après moi le déluge », ce que les jeunes, vieux dans la tête, à leur suite, sont loin d’arranger... Reconnaissons que ce ne pourrait se comparer avec le niveau local... Donc, pour finir, le nouveau maire, plutôt accepté que contesté, est de Saint-Pierre... peut-être un préalable pour demain, afin de prévenir un divorce qui, par définition, relève avant tout d’un échec et qui de ce fait, ne peut être que mal vécu. 

samedi 2 avril 2022

CHEMIN D’ÉCOLE (8) je fais du sur place.

Je n'ai plus rien ! Complètement dépouillé, par ma faute, qui plus est. Voilà plus d'un mois en arrière, alors que je me devais d'aller à la rencontre des miens (quelle petitesse de n'être pas motivé par l'importance de ceux qui, bien que disparus, restent une part de nous-mêmes... un critère marqueur de notre espèce je crois, même s'il n'a pas à nous rendre supérieurement prétentieux à l'égard des animaux), les miens donc, ces Peyre, ces Dedieu atterris je ne sais pas plus quand (vers 1890 ?)  que comment, en pleine Clape (ça je le sais) après avoir quitté la misère des montagnes d'Ariège trop lourdes d'enfants (ça j'en suis presque certain), j'ai perdu la fin, un paragraphe sur mon grand-père, un paragraphe que je pensais inspiré... Or il suffit parfois d'un "couper" non suivi, pour des raisons diverses, inadvertance, distraction, d'un "coller" pour perdre un paragraphe précieux. Enfin, cela conforte dans l'idée de ne pas seulement noircir la page blanche puisqu'il en coûte de coucher sur le papier... Pire, concernant mes pertes (c'est l'âge me diront les cruels...), alors qu'enfin, endossant la responsabilité, je ne refuse pas l'obstacle, force est de réaliser que j'ai perdu aussi mes notes, en particulier sur le domaine des Karantes, la propriété où mes Ariégeois arrivèrent. Pour voir si l'Internet peut y remédier, au moins en partie... Et puis il faut que je retrouve aussi le fil de mon propos... A tout à l'heure, donc, pour un point d'étape... 

C'est un petit vallon qui descend de la garrigue (voir Partager le Voyage: CHEMIN D’ÉCOLE (7) Depuis la côte cette fois... (dedieujeanfrancois.blogspot.com)), un thalweg qu'on oublie alors qu'il se confond avec  les étangs des Exals, en réalité des yeux-de-mer, cachant sous la surface des exsurgences karstiques. Il n'est pas inutile de le savoir à la vue de cette belle eau plus douce que salée, du moins en surface, même si la mer s'aventure jusque là pour le plus grand plaisir des pêcheurs de lisses ou dorades. (voir Partager le Voyage: CHEMIN D'ÉCOLE (6) Depuis la côte... (dedieujeanfrancois.blogspot.com)). 

Mais quel lien avaient mes aïeux, dont mon grand-père, avec la mer ? Je ne saurai jamais. Nous ne saurons jamais. Je ne peux qu'imaginer que, soumis à une vie rustique, les ressources du littoral à proximité (aide pour la pêche à la traîne, maraude en suivant le bord et visite des mares ou flaches passagères suite à un coup de mer) devaient être aussi appréciées qu'aléatoires. Et les garçons ne s'autorisaient-ils pas à être aventureux ? Dommage de ne pas romancer... 




 

Il faut laisser le grau, le chenal, les yeux-de-mer des Exals derrière, pour monter vers cette métairie, enfin, cette ou ces bâtisses où logeaient des ouvriers agricoles, du temps où la population rurale se comptait nombreuse. La vigne occupe le fond du vallon tandis qu'une profusion de pins s'est installée près des étangs. Tout autour et plus encore en pénétrant dans la Clape, par contre, seule une végétation rude et piquante de kermès et de romarin s'accommode des croupes calcaires déshéritées. Et s'il est possible de parler du cadre, du site, du paysage, c'est que, contrairement, côté Fleury, à l'impression cheval de frise, hérisson tchèque (la guerre en Ukraine infuse), du Courtal Naou-Bugadelles se défendant des "envahisseurs" avec du grillage et des panneaux tendancieux Partager le Voyage: CHEMIN D'ÉCOLE (2) Nantis, manants, chasse et culture... (dedieujeanfrancois.blogspot.com), le Château des Karantes n'étale aucune prétention de possédant ; à peine un panneau peu voyant sur un versant de colline. Ce n'est pas pour autant qu'on doit se comporter comme sur le domaine public, le Conservatoire du Littoral par exemple, à l'Oustalet, à l'autre bout de Saint-Pierre-la-Mer, raison pour laquelle j'ai à peine salué le groupe de promeneurs manquant de discrétion, parlant fort de divaguer où bon leur semble, comme en terrain conquis. Quitte à me méprendre (eux avaient peut-être acheté du vin...), marquant néanmoins la distance, je les ai laissés là où se vautrait le gros serpent d'irrigation au goutte-à-goutte. 




Je pressai d'autant plus le pas qu'au-dessus d'une légère montée, sur le bistre de la sécade, le jaune des fenouils et le vert des pampres, se dessinaient les contours un peu à contre-jour du gîte où la pelote familiale s'était jadis emmêlée en une perruque inextricable pour mieux résister au stress de l'exil. Après tant d'années d'une apparente indifférence, de l'écheveau j'allais enfin reprendre le fil que tirait mon père pour ne pas rompre une attache  à passer, un jour, à mes fils ou plus loin si la Terre ne nous a pas effacés de sa surface...