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vendredi 5 septembre 2025

Lettres de Fleury, 27 juillet 1998.

« Fleury, le 27 juillet 1998

[...] la saison à la mer bat son plein. Ce matin, je suis parti à vélo à cinq heures moins le quart, manière d'étrenner l'éclairage ; les voitures ont été rares, à peine une dizaine dans les deux sens [...] Les jeunes sont allés voir l'arrivée du Tour de France au Cap d'Agde ; au passage de la caravane publicitaire, ils ont ramassé une moisson impressionnante de tee-shirts, casquettes, échantillons Lustucru, jeux divers, petites calculettes (qui marchent !) ; PF sur les épaules d'Olivier attirait les publicistes, ne restait plus qu'à remplir le sac prévu à cet effet. 

Saint-Pierre-la-Mer Les Baraquiers 1995


[...] Quant à mes lectures, j'ai enfin terminé les six cents pages des « Noces dans la maison » de Bohumil Hrabal, où voisinent, selon moi, le meilleur et le moins bon (je n'aime pas les ivrognes mais reconnais qu'il ne cache rien d'un vice semblant nourrir aussi son inspiration). Ensuite « La Voie Royale » de Malraux, où il abuse du subjonctif imparfait et plus que parfait, un livre qui ne m'a pas fait spécialement vibrer mais intéressant tout de même ; et suis en train de parcourir la prose un peu facile (beaucoup de répétitions, écrit sans doute trop vite) de Max Gallo, mon collègue à Sceaux d'il y a quarante ans... avec son premier volume de Napoléon « Le Chant du départ », qui se parcourt avec fluidité, beaucoup plus vite que Malraux et reste très intéressant. Suivront « Le Soleil d'Austerlitz », « L'Empereur des Rois », « L'immortel de Sainte-Hélène ». Et dire qu'il en est à présent à quatre volumes sur de gaulle !!! Pire que Troyat, peut-être se prend-il pour notre Balzac actuel sinon pour Dumas Alexandre. 

Je te quitte sur ces considérations littéraires; j'oubliais de te dire que les familles Hérail-Ségarra ont connu le malheur de perdre le fils aîné, Benoît, à peine dans sa vingt-deuxième année, qui s'est noyé en plongée sous-marine à la Guadeloupe alors qu'il pratiquait régulièrement. 
Plus heureux, le mariage avant-hier de Nathalie G. ; à l'apéritif, j'ai passé plus d'une heure à discuter avec Lésina de choses et d'autres, son service militaire en Allemagne en 1946, la chasse, les chiens, la santé. 

prépare bien ton retour. Gros baisers de nous tous. 

Papa et maman.   


lundi 1 septembre 2025

Voyage Fleury-Mayotte (3)

Ce matin, les gâteaux et le “ thé ”, en fait une infusion à la cannelle ou au citron, voire au gingembre pour les hommes, offrent un petit-déjeuner de fête, cette fois avec aussi la famille, les voisins et amis ; d'ordinaire, on déjeune avec les restes de la veille, du riz souvent.

La marmite restant sur le feu. 

Cet après-midi, en dimanche, j'irai saluer mes amis. Il faisait beau mais le ciel se couvre ; une musique profane monte de la combe du village, rythmée, enjouée, légère. Liesse des gens, joie païenne et ferveur pour Dieu, syncrétisme... 

un café finalement bien ordinaire... 

... L'électricité est coupée, le vent de l'orage malmène la flamme de la bougie; le tonnerre gronde alors qu'il fait relativement frais (27°). Le ventilo ne chassera plus les moustiques ; je n'ai pas fait attention au margouillat sur la poutrelle : il m'a cagué dessus ! Minuit cinq, cinq secondes entre l'éclair et coup de grosse caisse : l'orage se rapproche, il pleut de plus en plus fort. Heureuse de ma compagnie, la chienne vient mendier une caresse rassurante. Ah, j'oubliais les rats qui lorgnent la queue de l'espadon voilier mise à sécher sous la tôle. j'ai tiré mais manqué, ça fait deux fois alors que l'an passé, six du premier coup... il faut régler la carabine ! Trois secondes à présent entre le flash et le grondement. Fermez la parenthèse.  
“ Seportopla ” me remercie « Je l'avais presque terminé ! ». C'est vrai, un signet dépasse de la profondeur du pavé tel ceux à la maison « Ne cornez pas les pages, utilisez ce signet. » 

La pluie, le vent se calment mais fée électricité reste invisible. 
J'en brasse des souvenirs, du quotidien des jours qui passent, des mots, des vents aussi; La prochaine fois je vous mets la suite du voyage. 
Cette nuit, comme les petits chats tigrés de Bohumil Hrabal, je tire une carriole de bonheur ; je ne fais que partir sans jamais arriver, le reste ne compte pas, demain n'existe pas. restez en forme : la carriole, vous la tirez avec moi. Gros poutous. 

Jean-François.