Affichage des articles dont le libellé est TGV. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est TGV. Afficher tous les articles

vendredi 28 novembre 2025

RETOUR à MAYOTTE, quitter son village (7)

Les Dombes aux étangs, aux oiseaux, petits villages et restos courus par les Lyonnais en fin de semaine jusqu'aux plus petits hameaux... 

Dombes 2004 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Didier Halatre


La Saône-et-Loire, premier département pour ses plus de cent châteaux, Mâcon où le copain Jo parti trop tôt, s'est marié en 1973... Des bois sur les mamelons, des haies entre les prés où paissent et ruminent les charolaises en nombre. Mai 1974, papé François de Vinassan, dit « papé rambal » tant il en faisait à sa tête, bien que déçu encore au retour de cette finale Béziers-Narbonne retournée à la dernière minute, remarque que les vaches qui broutaient le matin broutent toujours. Mai 1976, la RN6 aller et retour jusqu'au ministère, en pleine canicule, pour un poste aux Nouvelles-Hébrides (1)... Dommage de se retrouver dans le sens contraire à la marche. Dommage cette finalité limitée à être transporté du point A au point B sans le plaisir du voyage. 

Morvan Bourgogne 2006 Domaine Public Auteur Urban


Le Morvan, plus boisé encore ; en écharpes ensuite plus ou moins denses, des nappes de brouillard. Pas de petite auberge perdue dans les arbres, jalon des trajets d'avant, mauvais côté en plus du dos tourné à la marche. 

J'en étais à la ligne TGV Lyon-Paris, l'axe Nationale 6 de jadis, à repenser à Saulieu où le grand chef Bernard Loiseau arrêta tout après avoir tutoyé les sommets (2003, 52 ans)... ensuite, plus encore à m'injecter le spleen, émigrant intérieur que j'étais, trop accroché au clocher natal, à l'idée de nos petits Poucet partis de Fleury, perdus loin d'un Sud aux racines si vivifiantes, Michel de la rue Neuve du côté d'Auxerre, Christian du côté de Montereau, revenu, lui, au village. Pathétique de se retrouver plus N6 que RN7 d'un autre contexte (Trénet ne chantait-il pas la nationale 7 depuis Paris ?). Et avec ça, peu digeste ; autant attendre que la soupape évacue.  

Le relief s'assagit, s'ouvre sur une plaine à céréales, enfin sur les chaumes ou champs fraîchement retournés qu'il en reste. Puis tous ces kilomètres à faire la course avec l'autoroute toujours côté droit. Ne plus rien voir pour en avoir trop vu... de toute façon, l'arrêt Marne-la-Vallée-Chessy n'a lieu qu'en sous-sol... l'entreprise Disney a dû peser pour cette desserte, business, économie obligent...   

Faut se préparer, compter le un deux trois quatre cinq de ses bagages à ne pas oublier. Le gaillard à destination de Dakar qui compulsait ses dossiers ou faisait mine, s'est avancé le premier, le culotté sans écouteurs a suivi ; vers le bled ? une banlieue ?... pardon pour le préjugé, pardon de généraliser à partir d'un type même si je trouve les noms “ normaux ” concernant ceux de notre société, par exemple dernièrement à la télé, E M Mouhoud, président d'université sans parler de mes anciens collègues dont un qui avait ses parents à Mâcon... 

TGV arrivant à Roissy CDG 2010  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Nicolas SAMBACH - Nicostamb


13h 10. Arrivée à Charles-de-Gaulle, à l'heure ! sans les gants blancs et les sièges tournants du Shinkansen mais sans retard, pour une fois, faut souligner ! 

(1) HLM, deux enfants, petit salaire, le fonds légué par les parents qui s'effrite inexorablement... encore une situation où partir serait une solution. Mais qu'est-ce qu'il me dit le fonctionnaire ? que le logement n'est pas construit ? qu'il faut l'atteindre en pirogue ? je pense aussitôt aux risques pour mes bambins... rétractation... Il m'a fallu des années pour enfin saisir que le rond-de-cuir en question avait une candidature sous le coude... bien sûr que ça marche comme ça dans la France raide de ses liberté, égalité, fraternité, une France pas toujours sous-jacente, exposant par moments son vrai visage de pays unique à trahir et collaborer... sans aller jusqu'à évoquer la francisque, quelques années plus tard, une sollicitation de la CFDT mettant un dossier sous séquestre... Faut être bien naïf, et on l'est à 25 ans, pour croire à des calembredaines et espoirs de justice hors réalité.  

mercredi 26 novembre 2025

RETOUR à MAYOTTE, quitter son village (6)

 7h 55, le TGV est à l'heure. C'est à peine si Vias, l'aéroport, Agde, le Canal, l'Hérault, me dérident l'esprit. 

Plage_de_la_Baleine,_Sète_-_aerial_view-0596 2021 license CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons) authors Raimond Spekking & Elke Wetzig


Avec le lido, par contre, un électrochoc : octobre 2014 depuis mon île, un Thalassa à la télé, un mot d'un New-Yorkais sympa, pas de cet ordinaire étasunien méprisant, dégustant des huîtres face à la mer radieuse. « Magnifique » qu'il laisse échapper. 

Édouard Manet (1832-1883) Nature_morte,_huîtres,_citron,_brioche_(RW_252)1876 Domaine public

Un mot pour une atmosphère toute de calme, de beauté, d'harmonie, de volupté aussi à mâcher l'huître grasse, et moi je retrouvais mes dix ans dans la Dauphine “ bleu séraphin ” de papa nous emmenant à la plage, mes dix-neuf à aller saluer la Barjasque de Saint-Pierre-la-Mer (1), le train, mon cœur gros de tant de départs que cet Américain tailladait à vif. J'avais réagi  « Mais qu'est-ce que je peux bien foutre, moi, si loin de ce bonheur ? » sous le titre « O sole mio » d'une émotion qui, dix ans plus tard, pique toujours au coin des yeux. 
Puis faire le deuil de Brassens à la tombe modeste, de Valéry “ plus marin ”, des ponts qui tournent, des bateaux qui partent, des pêcheurs ou marins au long cours qui trinquent, de la Sète joyeuse des fêtes du 15 août (la Saint Louis), des zézettes, tielles et recettes de poulpe... 
Montpellier-Sud-de-France, soleil timide, changement ; imaginant qu'elle part sur Paris gare de Lyon, je salue la dame à la fenêtre, souriante et aimable, pas recluse du tout dans sa lecture ; la rampe est en pente douce mais longue à pousser les deux valises ; à vouloir rejoindre le quai en question, pas le loisir de réfléchir à un accès plus commode. Encore le stress. 
9h 11. TGV 5062, voiture 18, place 44, zut, pas dans le sens de la marche. De l'autre côté du couloir, un qui avec sa valise prend deux places, regarde et écoute son film sur téléphone, sans écouteurs. Haies de cyprès, vignes et vergers du Gard. 
9h 35 Nîmes-Pont-du-Gard. Une jeune fille demande à s'asseoir, le malpoli s'empresse, signe d'un savoir-vivre tout de même... Un château dans les Pins à droite, ensuite le Rhône à passer, bien trois fois pour se retrouver rive gauche. 
10h 15. Valence TGV. La fille descend ; un gaillard, valise à main, ordinateur, dans ses dernières paroles avant de boucler son coup de fil en débouchant « Dakar », prend la place qui vient de se libérer. Quelques mots au voisin apparemment plus correct qu'il ne semblait sauf que les vidéos vont revenir ; j'entends « écouteurs » dit sans animosité de la part du gaillard... pas de réaction, pas de suite désagréable non plus, une paire d'heures, faut supporter... L'entrée industrieuse de Lyon, les usines, les ateliers SNCF et toutes ces rames en réparation sinon en attente de rayonner toutes directions.   

Lyon_3e_-_Gare_de_Lyon-Part-Dieu_-_Vue_depuis_le_parking_des_loueurs 2021 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur Romainbehar

11h. Départ de Lyon-Part-Dieu. J'ai vu « Le Crayon », bordé le Parc de la Tête d'Or mais manqué le passage du Rhône avant la montée et le tunnel débouchant déjà sur le plateau des Dombes. Toujours des souvenirs, simples étincelles mais en gerbes, globalement nostalgiques, incluant le mal parfois des vingt trente ans, désormais sans pouvoir de nuisance, bien érodé par le temps... 

« ...Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, 
De ta jeunesse ? »
Le ciel est, par-dessus... / Sagesse (1881), Paul Verlaine.         

(1) la tente et les roseaux, la véranda de carabènes des copains sur le sable... 

lundi 1 septembre 2025

Voyage Fleury-Mayotte (3)

Ce matin, les gâteaux et le “ thé ”, en fait une infusion à la cannelle ou au citron, voire au gingembre pour les hommes, offrent un petit-déjeuner de fête, cette fois avec aussi la famille, les voisins et amis ; d'ordinaire, on déjeune avec les restes de la veille, du riz souvent.

La marmite restant sur le feu. 

Cet après-midi, en dimanche, j'irai saluer mes amis. Il faisait beau mais le ciel se couvre ; une musique profane monte de la combe du village, rythmée, enjouée, légère. Liesse des gens, joie païenne et ferveur pour Dieu, syncrétisme... 

un café finalement bien ordinaire... 

... L'électricité est coupée, le vent de l'orage malmène la flamme de la bougie; le tonnerre gronde alors qu'il fait relativement frais (27°). Le ventilo ne chassera plus les moustiques ; je n'ai pas fait attention au margouillat sur la poutrelle : il m'a cagué dessus ! Minuit cinq, cinq secondes entre l'éclair et coup de grosse caisse : l'orage se rapproche, il pleut de plus en plus fort. Heureuse de ma compagnie, la chienne vient mendier une caresse rassurante. Ah, j'oubliais les rats qui lorgnent la queue de l'espadon voilier mise à sécher sous la tôle. j'ai tiré mais manqué, ça fait deux fois alors que l'an passé, six du premier coup... il faut régler la carabine ! Trois secondes à présent entre le flash et le grondement. Fermez la parenthèse.  
“ Seportopla ” me remercie « Je l'avais presque terminé ! ». C'est vrai, un signet dépasse de la profondeur du pavé tel ceux à la maison « Ne cornez pas les pages, utilisez ce signet. » 

La pluie, le vent se calment mais fée électricité reste invisible. 
J'en brasse des souvenirs, du quotidien des jours qui passent, des mots, des vents aussi; La prochaine fois je vous mets la suite du voyage. 
Cette nuit, comme les petits chats tigrés de Bohumil Hrabal, je tire une carriole de bonheur ; je ne fais que partir sans jamais arriver, le reste ne compte pas, demain n'existe pas. restez en forme : la carriole, vous la tirez avec moi. Gros poutous. 

Jean-François.   

samedi 30 août 2025

Voyage Fleury Mayotte, lettre du 24 /01/ 1998. (1)

 Vacances de Noël 1997 en métropole. Ce voyage m'était complètement sorti de l'esprit. 

« Chiconi, le 24 janvier 1998. 

...Dans le train qui emporte, les habitués lisent : une revue, un roman récent ou encore une thèse de troisième cycle. Par mimétisme, je songe aussi à sortir la chemise rose confiée par papa mais d'instinct, en bon terrien, je préfère profiter de cette lumière de janvier, si particulière aux latitudes tempérées. Montée de la nuit : à l'horizon, la Clape bleuit, à contre-jour. 
En une farandole figée, de leurs branches nues, les platanes saluent le canal de Riquet. Pas de vent secoueur aujourd'hui. Plus loin, les flamants font le pied de grue. Les lumières de Marseillan dansent sur le friselis de l'étang... 

Canal_de_Sète_juste_avant_crépuscule 2015 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license Auteur Christian Ferrer

Kruzenshtern_(ship,_1926), cimetière marin, Sète 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. auteur Christian Ferrer

« Adieu Venise provençale »... les dunes, la mer, le mitage bourgeois du Mont Saint-Clair réveillent Scotto, Valéry mais ce n'est qu'un carambolage dans la tête. Arrive Brassens avec au loin la plage de la Corniche ; son « ...cimetière plus marin que le sien... » me transporte aussitôt dans le cadre sauvage de Notre-Dame-des-Auzils. Pardon de n'avoir jamais démontré courage et ténacité pour Paul Valéry quitte à n'en gratter que le vernis en le rejoignant un peu dans son aversion du roman et « l'horreur des choses prescrites ». Pardon d'envoyer trois mots à ne pas réfléchir, hors contexte, c'est autant tous azimuts que sans issue... du vernis... Plutôt, de lui, à me laisser passablement pantois « Une fois publié, un texte est un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens ». 

Sur le bleu de la mer calmée, un navire cingle vers le large... Toute sa vie, on ne fait que partir sans jamais arriver : ce n'est pas du natif de « l'île singulière », c'est seulement qu'à Sète, les cargos, les darses et les docks s'offrent à la vue et que je pars loin... Sempiternelle invitation au voyage, insatiable besoin d'évasion, démarche salutaire permettant à l'Homme de sortir de sa condition biologique, de se coltiner à l'intemporel. Oublié le nom des bateaux rouillés, pourtant autant de poèmes, de visas pour l'imaginaire. Après Frontignan et les dernières lagunes, je me ferme au Monde trop humanisé, Montpellier au nord d'un Sud ancré à la mégalopole attractive européenne Angleterre Bénélux, Rhin Suisse, Pô, via la ligne Paris Lyon Marseille (PLM). Sans oublier de changer de train pour celui qui arrive gare de Lyon, plutôt se revoir sur la promenade du Peyrou quand fleurissent les magnolias ! 

Montpellier_Saint-Roch,_TGV 2010 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Falk2

La nuit est tombée, la place à côté est libre, d'autres lecteurs assidus pointent çà et là... Paris n'est qu'une banlieue du Languedoc, le TGV répond aux besoins de ces migrants pendulaires qui travaillent en province et habitent l'Île-de-France ; dans l'autre sens les trains doivent être bondés. L'atmosphère feutrée  de la voiture non-fumeur (je fais des efforts) est propice à l'ouverture de la chemise rose « Feuillets épars ». Je sais déjà que de lire des épisodes de vie seulement en bribes orales jusque là, n'aura rien d'anodin. Comparé à un père préférant mettre les autres en avant, je m'excuse de trop m'extérioriser ; STO à Dresde, il pense aux siens restés au pays. Papa a 75 ans, il nous passe aujourd'hui le témoin. Le train fonce dans la nuit... » (à suivre) 



lundi 4 mai 2020

LE TGV A FLEURY / Aménagement du Languedoc

Micheline Deraille, l'ingénieur en charge du projet l'inclut dans le caravansérail du projet Nysa, au grand dam des maires de Cuxac (Lombard PS) et Narbonne (Mouly Hubert DVD). C'est donc la troisième option qui est retenue avec un tracé souterrain et seulement, un grand échangeur rail-autoroute-fleuve en surface, au lieu-dit Maribole. Fleury et Salles ont gagné ! 

Une gare en verre intégrée à la ripisylve ! Plus de billet-papier ! Des portiques qui gèrent le séjour, la destination, la classe suivant les desiderata et le poids du voyageur (équilibre gravitationnel des voitures), la facturation. Suivant les flux, le personnel sera doté de tenues folkloriques (Languedoc, Catalogne, Bavière, Hollande, Grande Cosse...). 

Contre les nuisances, les brevets publiés par la société "Quiès" permettent de confondre le bruit des rames avec le bruissement d'un Cers moyen dans les ramures. 
Autre innovation environnementale, le maquillage métallochromique qui change la teinte des rames TGV en fonction du temps. Des bleus au gris en passant par les rouges rosés des matins ou crépuscules. 

Voilà en gros pour plagier un article de l'Indépendant du 1ER AVRIL 1991 moquant un volet du projet Nysa qui ne sera officiellement abandonné que vingt ans plus tard, en 2011. Ce projet était porté à Fleury par l'équipe de Christian Montagné à la mairie. Monsieur le maire estimait en effet que la création de 20.000 lits touristiques ne pouvait que réparer l'injustice subie par notre commune littorale, grande oubliée du plan Racine (1963) aménageant la côte du Languedoc et du Roussillon. Suite à la bouffissure politique liée à l'Aquanaude, la bulle de Fleury, dans quelle mesure le projet Nysa a-t-il contribué à la défaite électorale de l'équipe Montagné le 19 mars 1989 ?   

Sources : archives François Dedieu, journal L'Indépendant. 

Article de l'INDEPENDANT du 1ER AVRIL 1991.